La Direction régionale du commerce et de la concurrence (Drcc) est depuis quelques semaines en guerre contre les marques de cigarette dont la vente n’est pas autorisée au Mali. D’autant que cette situation coûte annuellement 17 milliards de nos francs à l’Etat malien.
Depuis le 28 juin dernier, la Drcc est en mission de rafles dans les six Communes du District de Bamako, pour traquer les cigarettes issues de la contrebande et mettre ainsi fin à la vente illicite de ces produits. Il s’agit en l’occurrence des marques Ronson et Montecarlo qui ont envahi le Mali à la faveur du déclenchement de la crise.
Pour ainsi dire, ces marques de cigarettes (Ronson et Montecarlo) atterrissent au Mali via certains pays frontaliers. En l’occurrence, la Guinée Conakry. Ce qui est incongru venant de ce voisin du Mali, c’est qu’il importe plus qu’il n’en faut pour ses besoins de consommation intérieure. En effet, pour l’approvisionnement de son marché, la Guinée importe plus de 15 containers par mois alors que ses besoins peuvent être satisfaits avec seulement cinq. À l’évidence, le surplus (13 containers) est destiné à d’autres marchés voisins. En d’autres termes, il sert à alimenter la contrebande. Et cette situation affecte sérieusement l’économie malienne à laquelle elle cause une énorme perte de plus de 3 millions de dollars, soit 17 milliards de Fcfa, en termes de taxes fiscales par an.
Autant dire que les autorités maliennes doivent se mettre rapidement en rapport avec celles de la Guinée, pour juguler cette fraude organisée et très bien structurée. Surtout que, ce sont les ressources financières issues de cette contrebande qui servent à financer des activités criminelles comme celles qui étaient en cours dans le septentrion de notre pays.
Par ailleurs, l’opération de rafles contre la vente illicite des cigarettes Ronson et Monte Carlo est l’expression de la volonté des autorités maliennes à combattre ce fléau. Cependant, la lutte contre le commerce illicite des cigarettes dépasse de loin la capacité d’un seul pays. Elle nécessite une coopération internationale pour suivre et démanteler les réseaux de fraude et de contrebande. C’est pour cette raison que les autorités maliennes devraient insister auprès de leurs homologues de Guinée pour accroître leur vigilance. Une autre facette de la lutte est l’assainissement du secteur par une meilleure organisation de la filière et un contrôle plus strict de la qualité des cigarettes.
Pour rappel, l’industrie du tabac apporte une plus-value importante à l’économie malienne, nonobstant la contrefaçon et le commerce illicite. En 2011, par exemple, l’apport du tabac aux recettes fiscales a été évalué à plus de 17 milliards de Fcfa. Et cette contribution au budget national aurait pu être encore conséquente si la fraude était efficacement combattue. En effet, le taux de fraude dans ce secteur est estimé entre 28 et 38% aujourd’hui.
Il faut signaler que les rafles contre Montecarlo et Ronson, entamées depuis le 28 juin 2013 dans les six Communes du District de Bamako, se poursuivront jusqu’en fin décembre à l’intérieur du pays. Des policiers en compagnie de responsables de la Drcc continueront à traquer ces marques dans toutes les boutiques de nos villes.
Dioukha SORY