Vente de fripperie et des articles dits de «Casse » ou seconde main à Bamako : Mévente à cause de la Covid19

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Très prisés avant la Covid19, la vente de ces articles de friperie, de seconde main ou de ” casse ” comme on les appelle au Mali, jouait un rôle essentiel dans l’économie de notre pays et elle nourrissait beaucoup de familles. Mais actuellement, les vendeurs broient du noir car la clientèle a quasiment tourné le dos à ces articles Covid19. La crainte de chopper le terrible virus est passé par-là.

On les appelle la friperie, les casses ou encore les articles de seconde main, ce qui signifient qu’ils ont déjà été utilisés. Ces objets envahissement la ville de Bamako et même les villages les plus reculés où on trouve des boutiques de casse et des points de vente de friperie. Aussi, dans les marchés, les quartiers périphériques, les coins de rue, au bord des routes, partout, des produits de friperie de tous genres sont exposés. Mais cette abondance de l’offre contraste avec une demande très faible actuellement : il y a une mévente.  La crainte de chopper la Covid19 à travers ces produits est passée par-là, parce que la pandémie sévit dans les pays où proviennent ces articles.

A Missabougou, au niveau du 3è pont, ce commerce faisait florès pour Fatoumata Diarra.  “Moi je vends des tapis et des habits pour enfants. Mes articles proviennent de la France et des Etats-Unis. Pour les habits, les prix varient entre 300 et 1 000 Fcfa. Quand j’ouvre une balle, il y a le premier, deuxième et troisième choix.

Après cela, je casse les prix pour le restant. D’habitude, nous sommes confrontés à beaucoup de difficultés. Nous achetons nos marchandises très chères, c’est ce qui nous oblige à les revendre chères.

Nos fournisseurs sont confrontés au problème de dédouanement. Maintenant, avec cette pandémie de Covid19, on ne vend que nos restants de stocks et il n’y a pas de marché. Les clients ne veulent plus de la friperie pour leurs enfants de peur de contracter la maladie”, signale Fatoumata Diarra.

“Je vends des sacs de friperie, c’est de 3 000 à 4 000 Fcfa. Souvent, c’est du gâchis total. On trouve des articles en mauvais état dans la balle, ce qui est une perte pour nous. Il n’y a vraiment pas de clients ces temps-ci”. Mais avant le coronavirus, j’avais une recette journalière qui oscillait entre 20 000 et 30 000 Fcfa”, déclare Mariam Tambadou.

Un autre commerçant à Garantigibougou sur la place communément appelée “Djakarta terrain”, explique qu’au lieu de payer un téléviseur écran plat neuf au marché à 250 000 Fcfa, les gens préfèrent payer à la casse à 80 000 ou 150 000 Fcfa car tout ce qu’on vend à la friperie est moins cher. Au-delà du prix, les gens payent pour la qualité. Par exemple, à la veille de la rentrée scolaire, de nombreux parents d’élèves préfèrent acheter les sacs à la friperie parce qu’ils sont plus solides que les sacs neufs.

La vente de matelas à ressort est florissante sur le marché de la friperie. Un revendeur a indiqué qu’il pouvait écouler une dizaine de matelas par jour, en raison de 100 000 à 130 000 Fcfa pour un matelas de 3 places. “Avec l’arrivée du coronavirus, il n’y a plus d’achat. Les gens se méfient des matelas de la friperie et nous avons de la peine à nous en sortir. On n’arrive plus à subvenir aux besoins de nos familles”, s’attriste le revendeur.

Quant aux clients qui préféraient ces articles de casse parce qu’ils durent plus longtemps, selon eux, ils hésitent aujourd’hui à les acheter. “J’achetais plusieurs objets de casse, tels que les jeux et vélos pour enfants. Franchement, en ce moment je m’en méfie”, souligne un ancien féru des articles de secondes mains.

La friperie, malgré la controverse qu’elle suscite, nourrissait beaucoup de personnes, mais c’est la pandémie de coronavirus qui a ralenti le marché. En effet, prolifération de la friperie provoque certaines réactions, mais il faut remarquer que les opinions divergent. Beaucoup estiment que c’est une chance pour le plus grand nombre de Maliens. D’autres estiment qu’il faut s’en méfier.

Il faut souligner qu’autrefois, la friperie était destinée aux couches défavorisées de la population que le faible pouvoir d’achat n’offrait pas le luxe de s’approvisionner en habits neufs dans les magasins de prêt-à-porter. Mais aujourd’hui, face à la diversité de l’offre, tout le monde y trouve son compte. La gamme de marchandises est très variée, allant d’objets neufs aux vieilleries.

Une femme indignée devant un tapis sale exposé par un vendeur s’écrie : “Je pense, et je ne suis pas la seule à le croire, que les Blancs ont trouvé en nos pays un dépotoir pour leurs ordures.

Même les objets ayant appartenu à leurs chiens sont déversés ici et achetés par nos pauvres populations qui n’ont aucune idée du danger qu’elles encourent”.

Parlant de danger, Dr Souleymane Diarra pense que tout dépend de l’origine des matériaux et du traitement reçu. “Si les matériaux n’ont pas été stérilisés avant, cela peut engendrer des conséquences. Par exemple, pour les matelas ou les habits, on peut avoir des maladies dermatologiques. Il y a donc risque de contamination. Tout dépend du cycle d’acheminement de ces objets et du traitement qu’ils subissent”.

Il faut reconnaitre que l’on ne sait pas d’où proviennent exactement  ces matériaux, donc la prudence reste de mise pour préserver une bonne santé, surtout en cette période de pandémie de Covid19.

                             Marie DEMBELE

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