L’indélicat se nomme Seydou Coulibaly. Un conseiller du chef de village mis au banc de la bourgade pour avoir morcelé, puis vendu le cimetière.
La cupidité n’épargne même pas l’espace consacré au repos éternel. Ou du moins jugé comme tel par les gardiens du moralement correct. Au premier rang desquels le chef de village de Kobala koro, Kalilou Diarra, qui est dévoré d’ambitions pour l’avenir et frustré d’assister à l’usage des espaces publics à des fins personnelles. Cet idéaliste pragmatique s’évertue à donner corps à ses ambitions et à ses rêves. Et ne méprise aucun moyen pour y parvenir.
Dès lors, on comprend aisément pourquoi il a puisé dans son tréfonds toute l’énergie indispensable pour vaincre la résistance d’un homme aussi têtu qu’une mule. Hélas, d’une variété très répandue, il a fait fi des mises en garde répétée contre tous travaux de construction des habitations. Bénéficiaire du morcellement du cimetière, à l’opposé d’autres, il a bravé l’interdiction formelle des villageois de mettre en valeur la parcelle. La furie humaine s’est occupée de son cas. Une marée de jeunes gens a procédé à la démolition du soubassement, à l’appel du chef de village.
Mais, le promoteur ne s’avoue pas vaincu. Une convocation en bonne et due forme est adressée à deux présumés casseurs qui seraient identifiés par ceux qui ont en garde le chantier. Sitôt la nouvelle tombée, le chef de village se transporte à la gendarmerie de Baguinéda. Son argumentaire est d’une terrible simplicité : « deux individus ne sauraient répondre d’un acte collégial. Donc, tout le village de Kobala koro va se constituer prisonnier. A commencer par son chef, moi-même. »
La confrontation a duré des heures. Kalilou Diarra n’a pas varié d’un iota. Alors, le sous-préfet est entré en scène. Avec la proposition d’entendre le chef de village sur le contentieux. Suite a été donnée à cette demande. Diarra est allé à la rencontre du sous-préfet. Et sur ses instructions, toutes les personnes interpellées ont été remises en liberté.
Toutefois, le village est plus jamais mobilisé pour reprendre possession de tous les espaces publics vendus. En attendant de se pencher sur le sort du conseiller qui a trahi son serment.
Georges François Traoré