Valorisation de la filière gomme arabique au Mali : Une réponse à la pauvreté en milieu rural

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L’initiative permettra non seulement de freiner le rythme de désertification du pays par la séquestration du carbone, mais aussi de renforcer les capacités productives et commerciales des exploitants agricoles et des éleveurs dans 13 Cercles des régions de Kayes, Ségou, Mopti et Tombouctou en leur procurant des revenus additionnels.

La pauvreté, surtout en milieu rural, ‘’n’est plus un mal de ventre au Mali, mais de la vue’’. Il suffit de jeter un regard sur les différents carrefours reliant les grandes artères de la capitale pour se rendre compte de l’ampleur du phénomène. Ces espaces sont squattés par une population pauvre en majorité féminine et leurs enfants (de vrais ou faux jumeaux). Certaines y habitent avec leurs maris sous des abris précaires. La plupart de ces familles ont été poussées sur la route de l’immigration par les aléas du climat. Qui ont asséché les espaces agricoles et pastoraux, décimant les exploitations agricoles et/ou les troupeaux des éleveurs. Le phénomène est plus crucial surtout dans les régions sahéliennes où le niveau de précipitation s’est beaucoup affaissé. Il s’agit des régions de Kayes, de Ségou, Mopti, Tombouctou, Gao et Kidal. Cependant, ces régions disposent des remparts naturels qui  leur offrent l’opportunité de freiner le processus de désertification par un accroissement substantiel de leur capacité de résilience. Il s’agit de la gomme arabique, dont l’exploitation permet de procurer des revenus additionnels aux populations locales. La valorisation de cette plante permet d’arrêter le cycle de paupérisation.

C’est dans ce cadre que le Ministère du Commerce et d’Industrie à travers le projet Cadre intégré, a initié le Projet de Renforcement des Capacités Productives et Commerciales de la Filière Gomme Arabique dans les Cercles de Kayes, Nioro, Yélimané, Diéma, Nara, Ségou, Niono, Mopti, Ténékoun, Gourma Rarhouss, Douentza, Youarou et Niafunké. Outre son impact environnemental reconnu, le développement de cette filière permet sans nul doute de fixer les bras valides sur place pour booster l’économie locale en améliorant substantiellement le revenu des exploitants. La motivation donc du Ministère du Commerce et de l’Industrie est de contribuer à la réduction de la pauvreté par la reprise en main de cette filière. Deux raisons fondamentales motivent le ministre Abdel Kader Konaté et ses collaborateurs, notamment le coordinateur du Cadre Intégré, Mohamed Sidibé et son binôme, non moins Directeur National du Commerce et de la Concurrence, Modibo Kéita dont l’ambition est de contribuer à la prospérité des Maliennes et des Maliens aux côtés du président IBK. C’est dans cet esprit de réalisation du bonheur des Maliennes et des Maliens que le nouveau projet prend son envol dans une atmosphère de sérénité et d’espoir pour les populations bénéficiaires. Car, la demande mondiale de ce produit est telle que les exploitants maliens nageront dans le bonheur pendant des décennies.

Le marché à ciel ouvert

Il apparaît dans le document de projet que la demande de la gomme arabique sur le marché international est loin d’être satisfaite. C’est l’un des rares produits dont la demande se situe bien au-delà de l’offre et ce, selon les études, pour plusieurs décennies encore. Au cours de la dernière décennie, les exportations de la gomme arabique de l’Afrique sont passées de 45000 à plus de 80000 tonnes par an, soit 70% du marché mondial en 2010. Cette demande, qui devrait atteindre 150 000 tonnes en 2020, n’est aujourd’hui satisfaite qu’à hauteur de 60%, les perspectives d’avenir pour le développement de la gomme arabique sont très encourageantes. La France, l’Inde et les Etats-Unis sont les trois principaux pays importateurs de gomme arabique avec environ 75% des importations mondiales : en 2012, 88000 tonnes ont été importés, dont 37500 tonnes pour la France, 16650 tonnes pour l’Inde et 9541 tonnes pour les Etats-Unis. Cette configuration est en train de changer avec les demandes de plus en plus importantes des pays émergeants. La demande de gomme arabique est essentiellement tirée par les industries agroalimentaires, en particulier celles liées aux boissons (Coca Cola) et produits laitiers (Pepsi et Danone). La gomme brute est transformée par des industries spécialisées d’Europe (NEXIERA, ex Colloïdes international) et des Etats-Unis qui fournissent les grands groupes agro-alimentaires.

Le marché de l’offre plus étroit

Il ressort du même document que les zones de production de la gomme arabique sont circonscrites seulement dans la bande sahélienne de l’Afrique. Trois principaux pays (Soudan, Nigéria et Tchad) se partagent 90% du marché de la gomme arabique exportée sur le marché mondial, tandis que quinze autres pays se partagent les 5% restants (Ethiopie, Tanzanie, Cameroun, Togo, Sénégal, Mali, Niger, Burkina Faso, Kenya, Erythrée, Ouganda et Somalie). Le commerce de la gomme arabique se caractérise donc par des opportunités de parts de marché importantes non satisfaites. Le Ministère entend donc saisir cette opportunité pour augmenter la part de notre pays en appuyant les acteurs de la filière. Eu égard au potentiel existant dans notre pays, connu jadis pour sa production record. L’ambition légitime et raisonnable du Ministère, à travers ce projet, est de contribuer à freiner le fléau de l’émigration et de lutter contre la pauvreté dans le milieu rural. C’est dire que l’impact social de la valorisation de cette filière longtemps délaissée par les décideurs d’avant est incommensurable. Car, l’exploitation de la gomme arabique est une activité génératrice de revenus. Le marché porteur de la gomme arabique permet aux acteurs d’obtenir des ressources additionnelles. Ce qui permettra aux jeunes de gagner leur pain sur place  et les dissuader de tenter l’aventure de l’émigration avec les risques qui l’accompagnent.

Elle contribue à la subsistance des familles paysannes dont un nombre important de femmes. Elle est également pratiquée par des groupes tels que les éleveurs nomades dans les peuplements naturels. Elle crée un revenu additionnel qui permet aux agriculteurs et éleveurs de subvenir aux besoins quotidiens de leurs familles : dépenses de santé, mais aussi alimentaires lorsque les greniers se vident et les prix des céréales augmentent lors de la période de soudure.

Un projet structurant

Le Projet de Renforcement des Capacités Productives et Commerciales de la Filière Gomme Arabique est un projet structurant en cours de réalisation par l’Unité de mise en œuvre du Cadre intégré sous la tutelle du Ministère du Commerce et de l’Industrie. Il a été formulé sur la base d’une stratégie élaborée avec l’implication des acteurs, en collaboration avec le Centre du Commerce International (CCI), sis à Genève. Le projet s’appuie sur les initiatives des communautés de base et celles du secteur privé. Sa stratégie d’intervention embrasse plusieurs maillons de la filière. Qui va de la production à la mise en marché, sur la base des exigences commerciales et réglementaires.

Le projet a pour objectif global d’améliorer les revenus des acteurs directs (producteurs, collecteurs et exportateurs), de la filière et de contribuer à la réduction de la pauvreté au Mali par l’exploitation et l’exportation de la gomme arabique.

Ses objectifs spécifiques sont : organiser la filière, protéger la ressource, organiser et renforcer les capacités des femmes rurales des zones gommifères, augmenter la production et améliorer la qualité du produit, mettre en place des infrastructures et augmenter l’offre de la gomme arabique du Mali sur les marchés et si possible avec une valeur ajoutée, grâce au partenariat Etat/Secteur privé. Les zones d’intervention du projet s’étendent sur 13 cercles.

Pour atteindre ses objectifs, le projet compte s’appuyer sur des instruments de gestion locale qu’il a créés. Il s’agit des interprofessions (133 sociétés coopératives de niveau communal et 11 Unions de producteurs au niveau cercle) de producteurs dans les différentes collectivités conformément aux dispositions de l’Acte uniforme de l’OHADA, 44 Sociétés coopératives et 8 Unions de collecteurs. Ce sont au total 177 coopératives et 19 unions de producteurs et de collecteurs qui ont été créées.

L’UMOCI s’est également donné les moyens de former les formateurs de 11 cercles sur les techniques de saignée et d’exploitation du gommier. Mais aussi sensibiliser les populations sur la nécessité de protéger les ressources, d’appuyer le secteur privé dans son accompagnement à la mise en place d’un système de gestion de la qualité dans une unité de concassage, planter 10 000 hectares de gommiers. La réception des semences a eu lieu dans la 1ère quinzaine du mois de janvier. Des études géophysiques sur les sites des pépinières pour les points d’exhaure ont été réalisées. Les plantations sont attendues pour le mois de juin prochain.

Notons que le projet se veut structurant avec à la fois un impact économique fort appréciable sur la réduction de la pauvreté par le commerce (augmentation de revenu et amélioration de la balance commerciale). L’impact environnemental se passe de tout commentaire. Il permet de séquestrer le carbone par le gommier, de préserver les sols. La plantation de 10 000 hectares de gommiers contribuera à la lutte contre l’avancée du désert et à créer les conditions d’adaptation au changement climatique. L’impact social se mesure à l’aune de l’augmentation du revenu. L’exploitation rationnelle des gommiers permettra de réduire l’exode rural vers les zones urbaines, les pays voisins et surtout la réduction des flux migratoires vers l’occident. Elle assurera une certaine autonomisation des femmes rurales. Leur organisation dans les zones gommifères pour renforcer  leurs capacités de résilience par l’augmentation de leur revenu contribuera forcement à leur autonomisation. En plus, elles pourront être associées à la propriété des gommerais.

Si le Projet de Renforcement des Capacités Productives et Commerciales de la Filière Gomme Arabique n’existait pas, il fallait le créer. Mais, malheureusement la bonne organisation de la filière que le ministre Abdel Kader Konaté et ses collaborateurs veulent mettre sur pied n’est pas partagée par tous les exploitants de la filière. Selon notre interlocuteur, des exportateurs mal intentionnés sont en train de saper le travail abattu. Le seul tord du département est d’ouvrir suffisamment la vanne pour permettre à de nouveaux acteurs de profiter de la filière. Comme pour dire qu’au Mali, ‘’l’égo’’ fait des ravages partout.

M. A. Diakité

 

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