Us et coutumes : Tout vient de la terre et tout lui revient

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Dans le temps, jamais la terre n’était vendue ni à vendre en milieu rural ! Un terrain à usage d’habitation se donne, mais un terrain  de culture (un champ) se prête plutôt.

Pour des raisons morales ou occultes, la coutume ou la tradition a réservé une place prépondérante à la terre car c’est de la terre qu’on puise de l’eau, qu’on cueille les fruits des arbres, qu’on cultive les céréales. C’est également  de la terre qu’on construit pour s’abriter contre les catastrophes naturelles ou les aléas climatiques. Enfin,  c’est sous la terre que l’humain repose dans sa tombe C’est pour toutes ces raisons, entre autres, que nos ancêtres ont fait de la terre un bien précieux à ne jamais vendre, mais plutôt à prêter lorsqu’il d’en faire un champ et à donner gratuitement lorsqu’il s’agit d’un terrain à usage d’habitation.

C’est donc à juste raison et titre que nos aïeuls avaient trouvé justes ces mesures relatives à la terre et à son acquisition pour des motifs d’habitation et  de champ de culture. Pour le paysan, la terre est tellement importante qu’elle doit être l’objet d’une législation immuable pour éviter des conflits et autres malentendus entre les habitants d’un même village. « Mah ni dou té yala, mah ni foro té yala».  Littéralement traduit : « On ne se promène pas avec une concession, on ne se promène pas avec un champ». Dans la sagesse populaire du milieu bamanan, la terre est aussi précieuse qu’on ne doit pas lui fixer un prix car elle n’en a pas, car elle nourrit et est un e sanctuaire ici-bas pour tout ce qui vit : humains, animaux, végétaux, minéraux.

En milieu bamanan, lorsqu’un étranger vient s’installer dans un village autre que celui de ses ancêtres ou lorsqu’un villageois veut changer de lieu d’habitation dans le même village, il lui suffit de choisir l’endroit où il voudra construire sa concession dont la demande e, construction sera adressée au chef de village. Quant à un habitant du même village, il adressera simplement sa demande au « soforo », c’est-à-dire le petit champ à l’intérieur même du village duquel où il veut installer sa famille. C’est ce futur voisin qui donne son accord avant qu’il  ne déménage sa famille après la construction des différentes cases nécessaires pour abriter les membres de sa famille.

Mais quel que soit le cas, il n’y a, en contrepartie, jamais de cola  à donner de cola à donner, encore moins d’argent à débourser. Pour la concession familiale, le terrain se donne gratuitement, mais quant au terrain pour le champ, il se prête. Mais de nos jours, avec l’avènement de la décentralisation, tout se vend dans les villages : les terrains à usage d’habitation, les espaces pour des champs de culture…Ces nouvelles pratiques entreprises au mépris de nos us, coutumes et traditions causent de graves dégâts, sans compter les mésententes entre des habitants d’un même village. Des mésententes qui peuvent durer des années, voire de siècles, sans exagération. Ne dit-on d’ailleurs pas que les mésententes relatives à l’or, à la femme et à la terre sont les plus tenaces ?

Abdoulaye Faman Coulibaly

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