Us et coutumes : «Mama yelema» : la métamorphose d’un homme en animal

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Dans ses recherches pour mieux dompter la nature, l’homme a choisi de se doter de toutes ses possibilités pour devenir le véritable maître du monde. C’est ainsi que le bamanan du Bèlèdougou s’est confié aux dieux pour pouvoir se métaphoriser en «Nama ma yèlèma» ou «Mama yèlèma».

En milieu bamanan, les différentes sortes de fusils manuellement fabriqués par les forgerons, dont le «toh», le «gouassa», le «kabouche» ou le «konso», ne peuvent pas atteindre le «Mama yèlèma» tout simplement parce qu’il en est invulnérable. Cette invulnérabilité vient du fait que les fers et les balles avec lesquels ces fusils sont fabriqués sont connus. C’est avec ces métaux que le bamanan façonne l’antidote de ces fusils. Cela est d’autant plus important que si le «Nama ma yèlèma» est surpris et appréhendé dans sa fuite vers la brousse ou entre les villages, il peut résister au coup de fusil qui  sont tirés sur lui.

L’antidote est soigneusement préparé au moyen d’une multitude d’arbres et autres médicaments. Ce qui permet à l’homme qui se transforme en «naman» (hyène) d’échapper à plusieurs tentatives de le tuer puisqu’il n’y a aucune différence entre ce loup issu du «Mama yèlèma» et le loup ordinaire. En revanche, le fusil «baïkal», appelé «lassassi» (la chasse) par déformation, qui est de fabrication européenne, n’est pas connu dans nos matériaux de fabrication d’un fusil. C’est pourquoi le «nama ma yèlèma» n’a aucun antidote pouvant le préserver des balles de ce fusil.

Depuis l’avènement de ce type de fusil au Bèlèdougou vers les années 1980, le «Mama yèlèma» a considérablement diminué. Les vieux bamanan se métamorphosaient pour servir la communauté et surtout pour des besoins urgents qui doivent être exécutés le plus vite possible. Le «Nama ma yèlèma» est si secret qu’il ne se raconte jamais sur la place publique. D’ailleurs personne ne sait en disposer, tant les dépositaires en font un secret tel qu’ils n’en font usage en se métamorphosant. Un voyage rapide d’un village à un autre ou un autre besoin d’importance capitale fait qu’un homme fait appel au «Mama yèlèma».

Abdoulaye Faman Coulibaly

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