Le vendredi 11 juillet 2014, l’Union malienne des aveugles (Umav) a organisé un atelier de plaidoyer à la faveur du projet éducatif inclusif des enfants mal voyants. Les bénéficiaires de ce projet sont au nombre de 177 au fondamental dont 78 garçons et 81 filles ; 6 garçons et 2 filles au lycée et au niveau supérieur, 5 garçons dont 2 filles, une étant décédée.
C’est pour expliquer ce projet que cet atelier a été organisé par l’Umav afin de réfléchir sur les difficultés des personnes handicapées dans notre pays. Pendant cette journée, les contours de l’éducation inclusive ont été détaillés par les enseignants et le coordinateur du projet. L’ouverture de l’atelier était présidée par Moumouni Diarra, président de l’Union malienne des aveugles. C’était à Faladié dans les locaux de l’Umav.
Du service social à l’Umav
D’entrée de jeu, le président de l’Umav, Moumouni Diarra, est revenu sur l’historique de sa structure qui a commencé par le service social au temps de la colonisation en 1953, avant de se transformer en 1972 en Association malienne pour la promotion sociale des aveugles, et ce n’est qu’en 1984, que l’Umav a vu le jour. Selon Moumouni Diarra, l’Institut des jeunes aveugles, qui est devenu l’institut national des aveugles, a commencé en 1973 avec 6 élèves, plus précisément le 15 octobre 1973. L’Umav poursuit quatre objectifs principaux : la lutte contre la cécité, l’insertion socio-économique des aveugles en milieu urbain, l’insertion socio-économique en milieu rural et la scolarisation. Chaque objectif correspond à un programme de l’Umav.
À noter que l’Umav a un atelier d’optique qui fait des verres à un prix social, une unité de fabrication de la craie, un atelier de tissage de serpillières et un service ophtalmologique. Elle fabrique 1000, voire 1500 verres correcteurs par an et dans l’ophtalmologie 500 à 600 patients sont traités par an. Elle traite également l’onchocercose qui est à la base de 80% des causes de la cécité.
Selon le président de l’Umav, cette maladie est évitable tout comme le trachome qui est la maladie des mains sales. En plus de Bamako, il a parlé des branches de Ségou et de Gao ainsi que d’autres localités, notamment la région de Koulikoro. L’école de Ségou, à l’en croire, est sans internat et par conséquent, c’est une nouvelle approche qui sera développée. L’IJA, l’INAM, l’IRJA de Gao plus les classes préparatoires de Ségou donnent un résultat global de 1000 diplômés des écoles du Mali et de la Tunisie, dont 80 sont des fonctionnaires d’Etat et des collectivités territoriales. L’insertion des aveugles en milieu urbain donne 42 ouvriers qui sont dans l’usine de production de la craie.
En outre, Moumouni Diarra a fait un véritable plaidoyer pour la fabrication de la craie et de serpillières. Aussi, le président de l’Umav veut-il que les hôpitaux donnent leurs marchés de serpillière à l’Umav pour les aider à se prendre en charge.
«Rien pour nous, sans nous»
Ce slogan pour dire que les aveugles veulent travailler, comme tout le monde. C’est pourquoi ils demandent l’application de la Convention internationale des droits des personnes handicapées, que le Mali a ratifiée. Selon Boubou Kouma, l’un des conférenciers de la journée, le Mali est le 7ème pays africain et le 21ème mondial en la matière ; ce qui fait que l’application est devenue une obligation. Mais il pense qu’il y a un grand vide entre les faits et les actes. Depuis sa ratification par le Mali, notre pays n’a pas respecté de façon directe cette Convention. Pire, il n’y a pas l’harmonisation avec les textes maliens et le Mali n’a pas aussi mis en place le mécanisme de suivi.
Aujourd’hui, les personnes handicapées ont de sérieux problèmes dans l’accès à plusieurs lieux. Et la construction des bâtiments qui ne tiennent pas compte de cela. Aussi, le traitement accordé aux personnes handicapées n’est pas à la hauteur du souhait.
Quant au coordinateur du projet éducatif inclusif des enfants mal voyants, Yéyia Touré, il a fait savoir que les bénéficiaires de ce projet sont au nombre de 177 au fondamental dont 78 garçons et 81 filles ; 6 garçons et 2 filles au lycée et au niveau supérieur, 5 garçons dont 2 filles, une étant décédée. Il a surtout parlé des difficultés liées à cette éducation des enfants aveugles ou mal voyants ainsi que des techniques adoptées. Mais aussi de la difficile adoption des enfants handicapés ou des parents qui acceptent difficilement le handicap de leurs enfants.
Le coordinateur a détaillé le projet qui ne peut pas aller sans l’aide de l’Etat et des partenaires de l’Umav, car avant tout, les enfants mal voyants ou aveugles sont des cas à part entière et leur éducation n’est pas comme celle des autres enfants du pays. Autant dire que l’Umav fait de son mieux dans l’insertion socio-économique en milieux urbain et rural, mais l’Union a besoin du soutien des autorités afin que les aveugles puissent se prendre en charge à travers les activités qu’ils mènent.
Kassim TRAORE