Une naissance problématique et dans la pagaille

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L’acte 3 de la transition, le dernier de la Charte de la transition a été posé ce samedi 05 décembre au CICB. Le Conseil  National de Transition (CNT),  dernier  organe de la Transition malienne,  est désormais mis en place.  Au  terme  d’une pagaille sans précédent, les 118 membres  présents  du CNT sur 121 ont  plébiscité  par 111 voix  le Colonel putschiste  Malick Diaw, non moins vice-président du Comité National de Salut  du Peuple (CNSP), pour prendre les rênes  de  cet organe législatif de la Transition.

Cette élection, s’il en est une, ne surprend guère  lorsque l’on sait que les membres de cet important organe de la Transition ont  été nommés, suivant le décret N°2020-0239/PT-RM du 3 décembre 2020,  que  par  la seule volonté  du Président du CNSP, vice-président de la Transition, Col Assimi Goïta,  actuel Homme Fort  du Mali. Toutefois  si le CNT est désormais une réalité,  sa composition reste  problématique. Ces hommes et femmes siégeant  en son  sein,  ont  été nommés  sans tenir  compte des clés de répartition exigées par  l’un des décrets controversés  du 09  novembre.  Ainsi des  membres l’auraient été  à titre individuel et non par mandat  d’une quelconque entité sociopolitique. Quand  d’autres  membres nommés au CNT n’auraient pas  eu à déposer  de dossier, comme l’exige  l’un des décrets du 09 novembre 2020 portant modalité de désignation des membres du CNT.

Mamadou Diarrassouba, 1er secrétaire à l’organisation du Bureau politique national du RPM ;  l’ex-parti présidentiel, Assarid Ag Imbarcaouane (ADEMA-PASJ/EPM) ;  Marimanthia  Diarra (ADEMA-PASJ/EPM) ;   Mme Diarra Racky  Talla (UM-RDA/EPM), Housseini  Saye (CODEM) ; l’imam Oumarou  Diarra (M5-RFP) ;  Assane Sidibé (Yelema) rentrent dans ce cadre. Pour autant,  ils figurent bel et bien sur la liste nominative  du CNT. Alors que les  organisations sociopolitiques  dont  ils émanent  ont publiquement  indiqué qu’ils n’ont pas reçu  de mandats  pour les représenter.  Comme  pour  accentuer  cette  pagaille,  on a assisté à des confusions et conflits d’identité entre certains membres homonymes  du CNT. Certains homonymes ont été refusés au profit d’autres pour des arguments non convaincants…

En  dépit de cette pagaille, nombreux sont pourtant  ces personnalités  qui ont décidé d’y  siéger.  Tandis que  d’autres posent  des conditions.  C‘est le cas de la CMA  qui  a mis à exécution  sa menace de  « surseoir purement et simplement à sa participation au processus de mise en place du CNT jusqu’au rétablissement de la confiance et du compromis ». Les deux représentants de la presse ont boudé la cérémonie inaugurale  et d’investiture. Ils sont restés fidèles  à la ligne de conduite de leurs   faîtières  qui attendent  des clarifications au sujet  de leur quota de représentation (la presse devait avoir 4 au lieu de deux).

Quant  au  Comité stratégique du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5 RFP), regroupement  sociopolitique  à la base de la chute d’IBK de la Transition politique en cours,  tout en réaffirmant  sa non-participation, il déplore  « les pratiques inquiétantes de violations systématiques des textes constitutionnels et légaux par les autorités de la transition, en l’occurrence à travers la désignation de membres du CNT à titre individuel ou par cooptation, en violation de la charte de la transition et des décrets subséquents portant conditions d’éligibilité et clé de répartition  des membres du CNT ». Aussi, le M5-RFP fustige la désignation d’individus ayant, dans un passé récent,  « combattu le   processus de changement ».

Ce  CNT,  voulu et mis en place par  la  seule volonté des colonels du CNSP est  très problématique. Il  n’est certainement  pas  représentatif  de toutes les sensibilités sociopolitiques du Mali. Il  s’est  débarrassé,  comme   de la peste,  du  principal regroupement sociopolitique à la base de la chute du régime IBK.  Dominé et à la solde des militaires, le CNT serait-il  capable  d’écrire  de textes réformateurs  pour la refondation de notre pays ?   Cet important  organe législatif de la Transition  va-t-il  pouvoir  contrôler efficacement  l’action gouvernementale ?  Si les interrogations demeurent, une chose est claire : la Transition malienne va devoir  farouchement affronter  le front sociopolitique. La tâche ne lui sera pas aisée.

Falaye Keïta

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