Les magistrats continuent d’observer leur mot d’ordre de grève malgré la réquisition prise par les autorités. Au Tribunal de grande instance (TGI) de la Commune VI, la justice était au ralenti lundi 15 octobre 2018.
Le propriétaire du parking de motos accueille les visiteurs. Deux agents de sécurité vérifient les cartes au milieu de la cour du tribunal. La salle d’audience est fermée. Sur le rôle (programme des audiences) du tribunal, une affaire du 23 juillet est visible, deux jours avant la cessation collective du travail au sein de la magistrature.
Le lundi, jour d’audiences correctionnelles, les plus suivies, l’ambiance était morose au TGI de la Commune VI. La cour est déserte. Raison : la grève des magistrats. Sur place, on pouvait constater l’ouverture de deux bureaux : celui du président et du procureur de la République. “Nous sommes là pour assurer le service minimum”, souffle laconiquement un assistant du parquet.
“Ici rien ne marche, même pas l’obtention des actes judicaires comme le certificat de nationalité et le casier judiciaire”, tacle un usager. “Si vous cherchez un dossier, vous pouvez contacter les parkers, ils ont plusieurs options pour vous”, annonce un étudiant venu chercher le précieux sésame. Face aux conséquences de ce mouvement, et après l’échec du dialogue, le gouvernement a pris une mesure exceptionnelle : la réquisition.
Le ministre du Travail et de la Fonction publique, chargé des Relations avec les institutions l’a lue mardi soir à la télévision nationale. Réponse du berger à la bergère, les syndicats concernés : le Syndicat autonome de la magistrature (Sam) et le Syndicat libre de la magistrature (Sylima), ont organisé une assemblée générale extraordinaire au cours de laquelle ils ont demandé à leurs militants de ne pas exécuter cette mesure.
“Respect de la réquisition”
En visite dans la région de Mopti, le chef du gouvernement, initiateur de la mesure, a déclaré samedi soir, au journal de 20 h de l’ORTM : “Dès la semaine prochaine nous procéderons à la vérification dans les tribunaux, du respect ou non-respect de l’effectivité de la réquisition des magistrats”.
En réponse à la déclaration du Premier ministre, dans un communiqué, les magistrats continuent de mobiliser leurs collègues pour ne pas se plier à la décision gouvernementale. “Les syndicats de la magistrature encouragent le Premier ministre (…) à constater lui-même sur la toile et sur le terrain la réponse des magistrats à son impéritie”.
Le bras de fer continue au détriment des justiciables.
Y.M.