“Trésors de l’islam en Afrique, de Tombouctou à Zanzibar” est le thème de l’exposition dont le vernissage a eu lieu le 13 avril 2017 en présence des présidents François Hollande (France), Ibrahim Boubacar Kéita (Mali), Roch Marc Kaboré (Burkina Faso) et Mohamed Ould Abdelaziz (Mauritanie). C’est une qui initiative de l’Institut du monde arabe (IMA) programmée du 14 avril au 30 juillet 2017.
“Déconstruire les préjugés qui ont façonné notre vision de l’histoire des relations entre le monde arabo-musulman et les pays au sud du Sahara, en remettant la lumière sur un patrimoine peu étudié et longtemps dévalorisé” ! Tel est l’un des objectifs de l’exposition “Trésors de l’islam en Afrique, de Tombouctou à Zanzibar” selon Mme Nala Aloudat, l’une des deux commissaires de l’exposition.
Ainsi, l’Institut du monde arabe (Ima) met à l’honneur des “sociétés fortes de treize siècles d’échanges culturels et spirituels avec le Maghreb et le Moyen-Orient”. Archéologie, architecture, patrimoine immatériel, art contemporain… 300 œuvres patrimoniales et contemporaines pour témoigner de la richesse artistique et culturelle de la pratique de l’islam en Afrique subsaharienne sur 1100 m2 près de 300 œuvres multidisciplinaires. Une première pour raconter une “autre histoire” d’un continent longtemps considéré par l’Occident comme “sans histoire”.
De l’Ethiopie au Kenya, du Mali au Sénégal en passant par le Maroc, l’exposition retrace, les processus d’appropriation et de transmission de l’islam par les peuples africains depuis le VIIIe siècle, dans les domaines de l’art, mais aussi de l’architecture ou encore des rituels.
Selon les organisateurs, c’est un voyage initiatique. Ainsi, le premier temps du parcours entraine le visiteur à travers les âges de la diffusion de l’islam en Afrique subsaharienne dès le VIIIe siècle. Le Sahara devient un espace important d’échanges et de circulation. Grâce à des réseaux commerciaux et de communication, se dessinent trois espaces distincts à l’histoire et aux formes artistiques communes : la Corne de l’Afrique et la vallée du Nil, l’aire swahilie et l’Afrique de l’Ouest.
Comment cette foi s’est-elle exprimée et s’exprime-t-elle encore ? Le deuxième temps de l’exposition immerge le visiteur dans l’architecture religieuse, les pratiques cultuelles et la magie. Des vidéos immersives de cérémonies qui le plongent au cœur de la spiritualité́ soufie en Afrique.
La transmission de la culture arabo-musulmane se manifeste aussi dans l’art et l’artisanat. Trésors de l’islam en Afrique s’achève ainsi par une confrontation avec des œuvres fortes, tout en soulignant la circulation des formes et des savoir-faire à travers le continent et leur contribution au rayonnement des cultures musulmanes en Afrique. Boubous brodes, bijoux en argent, amulettes, cuirs et selles de chameaux touaregs, textile brodé de fils d’or, imposantes stèles de pierre, couteaux… témoignent de la foisonnante créativité́ des artisans musulmans.
L’écriture, fil rouge de l’exposition, permet la diffusion des textes sacrés. Elle fait aussi l’objet d’un usage magique et atteste des singularités régionales propres à la calligraphie en Afrique. Tout au long de l’exposition, l’art contemporain est mis à l’honneur pour interroger l’histoire de ces échanges. Des artistes majeurs parmi lesquels Rachid Koraïchi, Hassan Musa, Abdoulaye Konaté, Youssef Limoud et Aïda Muluneh témoignent de l’effervescence actuelle de la scène artistique africaine.
“Trésors de l’islam en Afrique a donc pour vocation de montrer que la pratique de l’islam sur le continent s’est très vite détachée d’une simple influence berbère, arabe ou persane pour devenir véritablement le fait de musulmans africains”, commente Thomas Vernet-Habasque, chercheur à l’Institut français d’Afrique du Sud (Ifas).
«Dans les premiers siècles après l’ère chrétienne, son processus de diffusion est passé, en Afrique subsaharienne, par les routes commerciales les plus fréquentées… Dès le Xe siècle, cette région connaîtra un grand essor de conversions, jusqu’à ce que la population musulmane y devienne majoritaire”, poursuit le spécialiste cité par la presse française.
Une salle entière est consacrée à l’exposition de quelques rares pièces issues de la collection des précieux manuscrits de Tombouctou, aujourd’hui préservés après avoir été sauvés en 2012 d’une tentative de destruction par les jihadistes du pays. Cette exposition est aussi un regard contemporain sur le jihad.
La Tidjaniyya, cordon ombilical de l’intégration spirituelle et économique en Afrique
“Jusqu’aux XVIII-XIXe siècles, l’islam se transmet d’une manière pacifique, ouverte, tolérante, de région en région… Mais, cette période a ensuite été troublée par l’émergence des premiers jihads, marquant la volonté des chefs africains de conquérir des nouveaux territoires en les unifiant sous la bannière de l’islam”, explique Nala Aloudat.
Selon Jacques Lang, l’ancien ministre français de la Culture et directeur de l’Ima (dans une interview accordée au quotidien français Le Point), cet institut a pour “vocation à une forme d’universalité. Il est vrai que pour l’Afrique, la présence de l’islam est particulièrement originale, forte, ancienne. Elle remonte à plusieurs siècles et a pris des formes originales et singulières”.
Et d’ajouter, “ce que nous avons voulu montrer à travers cette exposition-événement, c’est de quelle manière l’Afrique, de nombreux pays d’Afrique, se sont approprié l’islam, lui ont donné une couleur particulière, et de quelle façon aussi cet islam, lié à l’Afrique a influé sur les arts, l’architecture, les traditions, sur l’ensemble des formes de cultures et d’art”.
Evidemment, dans tout cela, le Maroc occupe une place éminente dans la mesure où, par sa haute culture, son histoire, son raffinement, sa présence aussi dans de nombreux pays d’Afrique, il a tissé des liens très étroits, en particulier à travers la confrérie de la Tidjaniyya présente dans de très nombreux pays d’Afrique.
Et M. Lang conclut, “dans une période où les violences, les fanatismes, les intolérances se multiplient, ce lien offre un idéal de société tourné vers l’être humain, vers le respect, vers la culture, vers le savoir. C’est important économiquement mais aussi spirituellement”.
Moussa Bolly
Je ne vois vraiment pas qu’est ce nous peuples africains au sud du Sahara tiraient d’un tel colloque. Nous aurions dû organiser des colloques pour valoriser les aspects positifs (et ils sont nombreux en comparaison avec ceux que l’islam nous a apportés) de notre culture.
Le plus tôt nous comprendrons que l’importation et l’absorption sans discernement des valeurs d’autrui nous asservissent, le plus rapidement nous trouverons des solutions à la plupart de nos problèmes sociaux (y compris le djihad).
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