La direction nationale du trésor et de la comptabilité publique vit des heures sombres. Selon des experts, jamais la vache laitière n’a aussi tari, et jamais des cadres du trésor n’ont adopté un profil aussi bas dans la gestion des fonds de la Res Publica. Aujourd’hui, les impayés des mandats, pour 2022, frôlent les 200 milliards de FCFA, mais les responsables continuent d’ordonner des paiements, aux mépris des lois et des règles de la comptabilité nationale, et des décaissements en faveur de certains amis opérateurs économiques pour la nouvelle année. Toutes choses qui aggravent les tensions de trésorerie en mettant sous l’éteignoir la paierie et brimant les prestataires qui commencent à s’irriter. Rançons ou pots-de-vin versés ? En tout cas, c’est une entorse à la prééminence des mandats. Et le ministre des Finances demeure muet. Choguel est interpellé.
Pour rappel, déjà, le Trésor public malien avait prouvé son incapacité, il y a quelques semaines, suite à la sollicitation de l’État sur le marché obligataire de l’UEMOA, à récolter 30 milliards de FCFA. La direction nationale a plutôt prouvé qu’elle était préoccupée par ses manèges à l’interne échouant à plate-couture à mobiliser auprès de ses homologues de la sous-région au bénéfice de la patrie mère. Plus gravissime, elle n’arrive pas à protéger les consommateurs, fer de lance du trésor.
Le constat dressé par les prestataires est accablant. Selon eux, dès que les grosses pointures atterrissent sur le toit du trésor, ils sont vite payés. La direction ordonne seulement sans aucune autre forme de procès. Personne ne sait comment ça se passe. Nous avons tenté de joindre sans succès la direction et les services compétents pour en savoir davantage. On nous a opposés bouche bée et bouche cousue. Décidément, certains sont encore au-dessus des lois au Mali. Quand l’inconscience professionnelle, l’insouciance et l’incompétence s’érigent en droit, le pays est en perdition.
Dès que tu franchis, aujourd’hui, les portes du trésor, on s’aperçoit que les travailleurs sont démotivés, que l’opacité financière, la gabegie, la loi des Princes du jour, a pris le pas sur le professionnalisme, la transparence et l’éducation financière. On a même l’impression que l’atelier national qui s’est déroulé au Centre international des conférences de Bamako (CICB) n’a pas servi à grand-chose, que les instructions données par le ministre Alhousseyni Sanou ont été foulées au pied. C’est la loi de la désobéissance au Trésor.
Dans ces conditions, il sera très difficile pour notre pays d’honorer l’émission de 1.409 milliards de FCFA sur le marché monétaire ouest africain par le trésor comme objectif à atteindre par le gouvernement. Face à cette situation scandaleuse, le président Assimi et le PM Choguel doivent vraiment intervenir. Le Mali n’a pas besoin d’une gestion personnalisée et notre vivre ensemble doit prévaloir. La direction du trésor doit gérer à équidistance des parties. On ne peut pas gouverner sur une entité comme le trésor en étant assis sur une marmite bouillante ou en donnant l’impression qu’on a le hérisson sous le pantalon. Les prestataires se disent agacés par ces opérations de tri qui viennent de débuter dans leur antre. Un vrai apartheid ! Affaire à suivre…
Oumar Ouattara