Élément central de la chaîne carcérale, le travail social demeure un passage obligé mais à l’exercice incommode pour ses professionnels – dont les carrières aiguisent peu d’appétit dans la sphère de la fonction publique. Cette perception pour le moins curieuse découle d’un ramassé d’avis de hauts cadres de la fonction publique (spécialité action sociale), qui jouent les premiers rôles dans les maisons d’arrêt du pays. On peut déduire en substance des différents témoignages édifiants que l’administration pénitentiaire moderne ne peut pas se faire sans le personnel spécialisé qui est au début et la fin du processus en tant que vecteur de l’humanisation mais également de la réinsertion à travers un projet de vie pour chaque détenu. À en croire des sources concordantes, la difficile acclimatation du travail social en milieu carcéral s’explique surtout par un défaut de volonté politique d’autant que très peu de textes parlent du service social dans ce domaine si particulier sans faire fi de la non préparation du personnel spécialisé avant son déploiement et par ricochet la méconnaissance de son rôle par le grand public. Il ressort toujours des mêmes témoignages par ailleurs qu’une maison d’arrêt sans service social est juste un mouroir pour ses patients par-delà les supplices que leur infligent d’autres acteurs de la chaine dont les agissements déteignent sur l’image du travailleur spécialisé et ce qu’il représente pour le devenir et le fonctionnement de l’administration pénitentiaire.
Somme toute, à la lumière de ces avis concordants, force est de reconnaître que dans le rouage de l’administration pénitentiaire malien le travail social est sans nul doute ce passage à la fois indispensable et très malaisé dans la pratique professionnelle.
Seydou Diakité