En mars 1953 le Soudan français (actuel Mali) découvrit le travail social par le recrutement d’une assistante sociale d’outre-mer par l’ex puissance coloniale en la personne de madame André Doreaudibert dont la principale mission avait pour but « le respect de l’indigène ».
Au fil du temps cette profession, dont l’ultime objectif est la protection et l’aide aux personnes en situation de vulnérabilité, a eu une ascension assez poussive pour plusieurs raisons dont le problème d’adaptation et d’appropriation de la profession dans notre société déjà dotée d’une vivace tradition d’entraide et de solidarité. L’adaptation du système occidental en termes de travail social, en dépit de sa parcelle d’utilité, n’est pas totalement commode à notre société, faute de son approche un peu trop réfléchie et souvent même circonspecte. Pour ce qui est du problème d’appropriation il se pose au niveau de la confusion de rôles pour les professionnels du social surtout en milieux hospitalier où ils se retrouvent souvent dans des tâches qui ne sont pas forcément les siennes en snobant leur fonction première qui est de créer une relation de confiance avec les patients pour leur prise en charge psychosociale et de façon générale un accompagnement contre les difficultés de tout genre. Dans les établissements publics de détention comme la Maison centrale d’arrêt de Bamako, l’impact du service social n’est pas tellement perçue alors que dans cet endroit particulier la mission de l’agent social n’est pas des moindres en ce sens qu’il doit établir avec les détenus un cadre d’échanges pour évaluer leur situation tout en les sensibilisant et surtout en leur donnant des orientations pour un changement positif de comportement.
Il existe par ailleurs un problème de structuration de la place du travail social : l’Etat malien s’est décarcassé pour créer un département ministériel dédié au social dans toute son étendue. Mais ce ministère peine à mettre en place une politique efficiente de protection et d’action sociale pour que la population sujette à des problèmes et difficultés puisse tirer les dividendes. Il faut sire aussi que les soubresauts politiques du pays n’ont jamais permis à ce secteur de se frayer son chemin si salvateur car les enjeux ont toujours pris le dessus comme en témoigne le remaniement ministériel de mai 2019, qui a vu le département perdre beaucoup de ses démembrements comme la caisse nationale d’assurance maladie (CANAM) et l’institut national de prévoyance social (INPS) au profit du ministère de la santé , l’institut national de formation des travailleurs sociaux (INFTS) traditionnellement rattaché au ministère du développement social se retrouve aujourd’hui dans la besace de l’enseignement supérieur. Cependant, certains établissements publics de l’Etat consacrés au social sont méconnus et non accessibles pour beaucoup de personnes surtout en milieu rural, notamment l’institut de recherches et d’études en geronto-geriatrie ( Maison des ainés ) fondé dans le but d’avoir une meilleure connaissance de la vieillesse et de facto amoindrir les problèmes qu’elle est susceptible de rencontrer; le centre national d’appareillage orthopédique du Mali (CNAOM) qui fournit un service de qualité aux personnes handicapées.
Par ailleurs la création des organisations non gouvernementales a donné du tonus au domaine du social. On peut citer, entre autres, Samu social qui a pour objectif d’intervenir auprès des personnes vivant en situation d’exclusion sociale et de marginalisation et plus particulièrement les enfants et les jeunes en situation de rue à Bamako et environ, l’association de soutien au développement des activités de population (ASDAP) qui a pour mission la promotion d’une meilleure qualité de vie pour les groupes vulnérables.
Au regard de l’importance capitale du travail social dans un pays pauvre comme le Mali, il est du devoir des pouvoirs publics de créer les conditions d’appropriation de la profession par ses professionnels, d’adaptation du système importé à nos réalités et de bien structurer la place du travail social en vue du bien-être social des franges vulnérables de la population.
Ousmane T Diakité, Stagiaire