Travail des enfants : Le combat de l’Ong ‘GRADEM’ pour l’application des textes

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Le Grand Hôtel de Bamako a abrité, les 05 et 06 Avril 2016, un atelier de renforcement des capacités des acteurs de protection en maîtrise des instruments juridiques sur le travail des enfants. Placé sous la présidence de la ministre du Travail et de la Fonction Publique, la formation s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du projet «Protection des droits et amélioration du statut des jeunes filles aide-ménagères mineures de Bamako», un programme cofinancé par la Commission Européenne en partenariat avec Kinder Recht Afrika.

Sous la houlette du Groupe de Recherche Action Droits de l’Enfant au Mali (GRADEM) et de la Cellule nationale de lutte contre le travail des enfants, la cérémonie d’ouverture de l’atelier  a regroupé moult  personnalités du monde de la justice, de la société civile ainsi que des milieux politiques. Avec le dénominateur commun d’acteur protecteur du groupe cible concerné, tous s’accordent à admettre que le mécanisme de leur protection butte contre de nombreux obstacles dues à la carence des structures de vulgarisation du phénomène ainsi qu’à une méconnaissance criarde des textes juridiques tant par la catégorie d’aide-ménagères que par ceux qui sont chargés de leur porter assistance secours. S’y ajoutent, en outre, un engagement peu  outenu de la part de certaines organisations de la société civile et l’analphabétisme de la population.

C’est pourquoi, en dépit des énormes efforts déployés, la condition des aide-ménagères demeure préoccupant d’autant qu’elle continue de se traduire par des abus d’une autre époque comme le manque de limitation du temps de travail, les privations de droit au repos hebdomadaire, entre autres violations qui freinent leur émancipation.

Ce n’est pourtant pas faute d’arsenal juridique, mais plutôt du fait que l’impressionnant dispositif répressif  que renferment les normes (nationales, régionales et internationales sur l’enfant, se trouve royalement méprisé. Il s’agit notamment de la Convention des Nations-unies relative aux droits de l’enfant (CDE), de Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant, de la Convention 138 sur l’âge minimum de l’OIT, de la Convention sur les pires formes de travail des enfants de l’OIT, entre autres.

Or, selon une enquête conjointe présentée par le Mouvement malien des travailleurs croyants et l’OIT, les manquements  aux droits élémentaires des travailleuses domestiques sont de plus en plus alarmants et se cristallise dans certaines pratiques  qui frisent l’esclavage. La corvée quotidienne de plus de 98% de la catégorie d’employées commence entre 4 heures et 6 heures du matin et ne prend fin qu’entre 19 heures et 20 heures du soir pour plus de 44% d’entre elles. Leur niveau de rémunération laisse également à désirer avec des salaires qui ne répondent à aucun critère d’âge, de rendement ou de durée. En effet,  48% des travailleuses domestiques, selon la même étude, sont payées à 7500 FCFA (le salaire le plus pratiqué) tandis que 14% perçoivent 6000 FCFA et le double, soit 12 000 F CFA, pour seulement 1% des 257 743 aide-ménagères recensés à Bamako – et dont la plupart subissent diverses formes de maltraitances (violences physiques et verbales, grossesses non-désirées etc.).

Pour juguler le phénomène, le GRADEM, un des maillons essentiels de la dynamique d’amélioration des conditions d’utilisation des jeunes aide-ménagères, se manifeste par une présence très alerte dans les zones urbaines et rurales ainsi que par les nombreuses démarches et stratégies qu’il développe dans le domaine. C’est à ce titre qu’il est engagé dans le farouche combat qui consiste à relever le défi d’une ratification, par le Mali, de la Convention 189 de l’OIT sur le travail décent des travailleuses et travailleurs, depuis son adoption par la Conférence internationale du travail.

La tâche n’est pas une sinécure, et pour cause. Pendant que les efforts pour y parvenir sont salués et encouragés par les plus hautes autorités, le chemin est paradoxalement parsemé d’embûches, au regard d’une volonté politique en deçà de l’acuité de la problématique du phénomène et de ses répercussions multiples. En effet, pendant que le pays est à la traine  dans la transformation des instruments juridiques en la matière, les aide-ménagères continuent d’affluer en milieu urbain où leurs conditions infrahumaines tranchent avec les grands principes auxquels l’Etat malien souscrit : pas de limitation du temps de travail, pas de repos hebdomadaire, pas de cadre organisationnel de défense de leurs droits qu’elles ignorent d’ailleurs par manque de formation pour combler leur alphabétisation, etc. Et pourtant, l’écrasante majorité des travailleuses domestiques sont des enfants impunément exposés aux pires formes de travail, aux travaux dangereux, à l’exploitation et aux abus en tous genres. Pour le Directeur exécutif de ‘GRADEM’, le combat pour la promotion de leurs droits tient ni  plus ni  moins d’une mission humanitaire pour laquelle tous les soutiens peuvent être porteurs, particulièrement celui des communicateurs en tant que vecteur de transmission du phénomène sous toutes ses facettes.

Antoine Akplogan peut d’ores et déjà se réjouir de l’adhésion à son combat d’autres structures associatives de même vocation. A travers leurs représentants respectifs, elles ont vivement salué l’initiative de ‘GRADEM’ et se sont engagés à veiller à l’observation des bonnes pratiques validées par l’ensemble des participants à l’Atelier de renforcement des capacités des acteurs de protection sur les textes juridiques régissant le travail des enfants . Parmi lesdites pratiques, on peut retenir entre autres, la vérification de l’âge de l’enfant ainsi que de sa situation scolaire en prélude à toute embauche, le recours aux structures d’orientation et de placement pour le employer, la formalisation des emplois par des contrats de travail avec option de protection sociale, une large des textes régissant le secteur à travers les supports appropriés de communication.

Amadou Doumbia  

 

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