Travail domestique non rémunéré au Mali : Le débat ouvert par Creg et ses partenaires

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Le Consortium régional pour la recherche en économie générationnelle (Creg) et ses partenaires ont organisé, le 19 juillet 2024, à Millenium Hôtel de Bamako, une concertation de haut niveau avec les décideurs, parlementaires et la société civile sur le Travail domestique non rémunéré.

Selon le représentant du Coordinateur régional du Creg, Jean Baptiste Oga, enseignant-chercheur à l’Université de Parakou au Bénin, l’objectif général de cette concertation est de partager les résultats de la recherche sur la question du Travail domestique non rémunéré. De façon spécifique, a-t-il précisé, il s’agissait de : créer un cadre de partage entre chercheurs, communicants et parlementaires ; harmoniser les compréhensions sur le concept de Travail domestique non rémunéré (Tdnr) ; passer en revue les résultats du Tdnr des pays de l’Afrique de l’Ouest ; poser le débat sur les préalables à la valorisation du Tdnr dans le contexte des pays africains et échanger sur l’avenir du Tdnr en Afrique.

Dr Camille Guidimé, enseignant-chercheur à l’Université de Parakou, a présenté le bilan de la feuille de route de l’Union africaine pour la capture du Dividende démographique. Selon lui, «la feuille de route met l’accent sur quatre piliers interdépendants qui sont essentiels pour assurer un investissement accru dans la jeunesse, promouvoir le changement et mettre les pays africains sur la voie du déblocage du Dividende démographique». Le Dividende démographique (DD) n’est pas un avantage automatique car il nécessite des investissements importants et bien ciblés, a-t-il souligné.

Dr Camille Guidimé définit le travail domestique non rémunéré comme «toute activité de production domestique sans contrepartie monétaire, qui n’est pas prise en compte dans le système de comptabilité nationale et qui peut être effectuée par d’autres».

L’honneur est revenu à Dr Jean Baptiste Oga de présenter les résultats de l’Etude sur le Travail domestique non rémunéré au Mali. Il a tenu à préciser que les données utilisées par les chercheurs du Creg sont tirées de la section Emploi de l’Enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages, Ehcvm 2018. Les activités domestiques disponibles dans cette enquête, a-t-il rappelé, sont les courses au marché (shopping), les travaux domestiques, la Garde des enfants et des personnes âgées, le fait d’aller  chercher de l’eau et du bois.

Parlant de la part des hommes et des femmes dans la production sous le registre de la valorisation du temps domestique, les femmes effectuent  79% des travaux ménagers  contre 21% pour les hommes. Pour le Shopping, les femmes sont à un taux de 69% contre 31% pour les hommes. La production des femmes dans la recherche de l’eau est chiffrée à 75% tandis que les hommes sont à 25%. Dans la recherche de bois, les femmes sont à 63% contre 37% pour les hommes. Quant aux soins aux personnes, elles sont championnes avec 84% contre 16%  pour les hommes.

En prenant le marché de l’emploi, a fait savoir Dr Jean Baptiste Oga, la production des hommes représente 80% contre 20% pour les femmes. Si les chiffres prenaient en compte le Travail domestique non rémunéré, la contribution des femmes à l’économie malienne en 2018 allait être à hauteur de 35% contre 65% pour les hommes.

Selon le Directeur de l’Observatoire national de Dividende démographique, Kassoum Diakité, cette étude fait ressortir des disparités entre l’homme et la femme.

L’universitaire Oga appelle à aller vers un équilibre dans la répartition du travail domestique. Si la tendance est d’encourager la sortie des femmes vers le marché de l’emploi, Oga estime nécessaire, voire indispensable la création des services publics adéquats pour l’éducation des enfants. Cela évitera au capital humain de prendre un coup. Il appelle à la prudence et à la prise des décisions qui ne mettent pas en péril certains pans de la société.

La Présidente du Réseau africain des femmes ministres et parlementaires a salué la tenue de cette concertation qui a permis de donner à son organisation des arguments de plaidoyers. «Nous avons un intérêt particulier pour ces questions et nous nous y intéressons», a reconnu Mme Maïga Sina Damba.

CD

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