Les transporteurs frappent et se font entendre aux dépens de la sécurité

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Le gouvernement et le peuple malien sont-ils plus soucieux de leur mouvement que de leur santé ou l’éducation de leur enfant ? La récente grève du syndicat des chauffeurs et transporteurs routiers est  un indicateur assez révélateur sur la question.

Cinq jours auront suffi pour mettre le gouvernement et la population à genou. Et le Synacor a levé son mot d’ordre de grève, le vendredi soir ayant suivi son déclenchement, à l’issue d’âpres négociations avec le gouvernement ayant abouti à un compromis. Mais, à la différence de la grève des médecins et nos enseignants, celle des transporteurs n’a pas tardé à se faire sentir. Et pour cause, les gros-porteurs ont cessé d’approvisionner les stations-services. Conséquence : de nombreuses stations-services du Mali sont tombés dans la pénurie de carburants dans la capitale malienne dès le mercredi. Nombre d’entre elles ont d’ailleurs fermé et devant les rares qui étaient ouvertes, de longues files d’attente se sont aussitôt créées. En ce temps-là, les prix n’avaient pas encore pris l’ascenseur, contrairement au marché noir où un autre cours a été imposé aux consommateurs.  Le litre d’essence est en effet passé de 700 à 1500 FCFA, selon les quartiers, a en croire certains sources.

La panique se fait ressentir dans la ville de Bamako. Et nombreux sont les automobilistes qui sillonnent la ville à la recherche de carburants apparemment qui assure leur survie. «J’ai fait le tour de la commune IV jusqu’à présent je n’ai pas trouvé d’essence», s’est plaint auprès de nous Mohamed Diallo, un étudiant taraudé par l’équation de joindre sa fac le lendemain. Quant à Maimouna, une commerçante au grand marché de Bamako, qui se déplace toujours en Sotrama, elle s’inquiétait plutôt d’une éventuelle augmentation du prix du transport urbain.

La grande frayeur ainsi suscitée par la chez les Bamakois n’était pas seulement liée à la crainte d’une pénurie d’hydrocarbures (gaz et carburant). Elle découle tout aussi bien de l’impact du mouvement  sur le cours des denrées importées, sur la régularité de la desserte d’eau et d’électricité par Edm, des produits de consommation  fortement sollicités pendant le mois de Ramadan qui s’annonçait pendant la grève.

Pourquoi les conducteurs sont-ils en grève ?

Le syndicat des chauffeurs et transporteurs routiers (Synacor)  a appelé à une grève illimitée à partir du lundi 22 mai pour améliorer les conditions de travail de la profession. Le Synacor exige ainsi la relecture de la Convention collective des chauffeurs et conducteurs routiers, l’exigence d’un contrat de travail entre les employeurs et les employés et l’inscription des chauffeurs au régime de prévoyance sociale afin de bénéficier une retraite en fin de carrière. Il revendique également l’application de l’arrêté n°001358/MICT-SG du 9 mai 2000 fixant les conditions d’établissement et de délivrance des permis de conduire ainsi que les conditions d’extension, de prorogation et de restriction de validité de celui-ci. Enfin, il plaide pour la fin du racket des policiers dont ils se disent victimes. Autant de revendication sur lesquelles l’Etat a finalement cédé, à commencer une réduction drastique des postes de contrôle de police dont un arrêté interministériel circule pour l’heure sous les manteaux. Entre le risque d’une grogne populaire susceptible de naitre d’une grève et la sécurité des populations d’un pays constamment harcelé par les terroristes, les autorités ont visiblement opté pour la courte échelle.

Amidou Keïta

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