Le président par intérim agressé dans ses bureaux. Inimaginable et condamnable ! Aujourd’hui seule la vérité, dont le manque nous a menés si bas, doit nous guider.
Des manifestants, des milliers contrairement à ce qu’entretient une certaine presse internationale, sont partis à la primature et à la présidence de la république pour dire leur ras le bol de la situation actuelle. Si à la primature ils ont su le dire avec dépassement, à la présidence, les rancœurs et les états d’âme ont débordé et l’irréparable a été commis. Porter la main sur une personne qui incarner l’autorité de l’état et au plus haut sommet, ne saurait rien justifier que de mettre à nu l’état des mentalités qui sont censées incarner le plus grand nombre dans la république. Or dans la république et la démocratie, le plus grand nombre c’est cela l’âme et le corps, en même temps, de ce système politique.
Au plus profond de la crise que notre pays traverse, voilà une image qui ne fait que nous enfoncer et c’est bien dommage. Car une démocratie de 20 ans ne mérite pas cela.
Mais parlons bien de notre démocratie! Vous voyez bien l’état dans lequel cette démocratie se trouve! Elle s’est désagrégée de sa propre faute, car jamais mise sur des bases solides et vertueuses: des élections truquées en 1997 avec Alpha et un Maribatourou Diaby acheté, des élections déviées en 2002 pour ATT contre un émiettement de l’ADEMA et le rachat de la conscience de IBK, des élections truquées en 2007 avec une victoire au premier tour pour ATT (ce qui est impossible en Afrique), une armée démunie et mal formée, une école pourrie par des années blanches, des grèves et des notes payées, un chômage patent des jeunes. C’est ça la démocratie entretenue par les partenaires occidentaux qui pensent promouvoir une telle idéologie uniquement par la promotion de ceux qui signeront les contrats des multinationales et qui avaliseront la dette de leur pays.
Le Mali et ses dirigeants corrompus et apatrides ont mérité ce coup d’état fomenté par les militaires de leur démocratie, une agression d’un président fomenté par des chômeurs et analphabètes délaissés par cette même démocratie. La démocratie, c’est un état, un système qui fait connaitre à tout le monde ses droits et ses devoirs, donc qui a une école saine et une citoyenneté bâtie. Refuser de voir la réalité est juste de l’hypocrisie, celle-là même qui fait couler le Mali aujourd’hui. S’abriter derrière des principes même sacro-saints revient à la même hypocrisie
Quand le militaire se fâche, il se mutine. Car la mutinerie, c’est un peu la grève du soldat. Et on ne sait jamais où s’arrête une mutinerie. C’est ce qui est arrivé le 22 mars dernier, car en face de la mutinerie, aucune résistance, tellement l’armée s’était affaissée et l’état affaibli, ATT complètement lâché de tout part.
La vérité pour un dialogue réparateur
Alors au moment de prendre leur responsabilité pour dicter leur nouvelle façon de voir et d’orienter le pays, nos soldats se sont butés à une vérité de nos temps : le coup d’état ne marche plus comme voie d’accès au pouvoir. Les condamnations de principes sont venus de toute part comme des feux nourris et le CNRDRE a été confiné dans un isolement tel qu’il a été combattu par sa motivation de départ : libérer le nord. Cela n’a jamais changé mais les militaires tiennent à quelque chose : à défaut de gouverner pour donner un sens à leur acte, il faut qu’ils soient gouvernés par quelqu’un en qui ils ont confiance. Et cette confiance n’a jamais été pour le président que la CEDEAO et la communauté internationale veulent imposer. Cette donne, cette communauté internationale feint de l’ignorer, alors qu’au delà d’une junte, c’est un nouvel ordre, une nouvelle génération des forces armées et de sécurité du Mali qui aspire juste a ce que les choses changent dans ce pays. La classe politique est décrédibilisée et les hommes en uniformes ne les suivent pas. Les militaires l’ont dit pourtant dès le début, face aux armes de condamnation et de sanctions brandies par la CEDEAO, qu’il fallait analyser profondément la crise malienne ; la gérer en surface ne résout rien même si le Nord attend.
Nous voilà de rebondissement en rebondissement et les occupants gagnent en confiance sur nos terres dans les régions Nord.
Le Président par intérim a eu quarante jours pour rapprocher les politiques des militaires, pour lui-même se rapprocher d’eux, mais il ne l’a jamais fait se contentant de donner l’image d’un président martyr à qui une junte fait ombrage pour travailler. Alors que rien. Nos hommes politiques ont évité ce qu’ils savent ou sont censés savoir le mieux : le dialogue.
Comme le dit un proverbe africain, « le dialogue véritable suppose la reconnaissance de l’autre à la fois dans son identité et dans son altérité. »
Si nos politiques de tous bords même opposés occultent la réalité qu’ils ont contribué aux même à créer, nous ne bougerons pas d’un iota. Nulle part, FDR, Copam et autres sensibilités n’ont transcendé leurs clivages, parallèlement aux pourparlers CEDEAO-CNRDRE pour se mettre à la table et mettre le pays dans leur miroir. Il est vrai que la piètre image de Ouaga n’a ému personne d’entre eux ; ce qui s’explique car dans ce pays, on a perdu l’art et la tradition de se remettre en cause. Et si ceux-là qui gouvernaient ne font pas cette remise en question, ceux qu’ils ont contribué à aigrir ne feront que ‘’dégueuler’’ dans l’extrémisme. C’est ce qui nous a menés aux évènements regrettables du lundi 21 mai. La vérité est une vertu que les maliens semblent mettre sous le manteau et c’est ce qui nous plonge dans le ‘’ noir démocratique’’.
Alors la solution, c’est que les maliens se parlent ! S’il vous plait, vous avez les mêmes racines, vous prônez les mêmes valeurs. La convention qui s’est tenue en début de semaine, a ce mérite d’imposer le dialogue citoyen et réparateur ; les absents risquent de regrette fort.
L’homme politique de droite français, Xavier Bertrand a dit une fois qu’« il y a le temps de la pédagogie, de la concertation, du dialogue, et à un moment donné il y a le temps de la décision ». La CEDEAO a toujours décidé de ses mesures mais a toujours oublié que les fils par qui la crise est venue doivent se parler. C’est un sud qui finit e se parler et de se donner la main qui ira, uni, libérer le Nord. C’est une vérité qui fait mal mais c’est la vérité, celle la même qu’in ne fait plus marcher au Mali.
Le philosophe du 18è siècle, Jean Rond d’Alembert, disait dans ses lettres du roi de Prusse : « je pense, pour moi, qu’il faut toujours enseigner la vérité aux hommes, et qu’il n’y a jamais d’avantage à les tromper » que nos hommes politiques sachent que dans le domaine de leur prédilection, la vérité compte beaucoup.
Abou Cissé