Les Maliens ont vécu leurs pires cauchemars en 2022 dans un contexte de crises multidimensionnelles. Voici des faits marquants de cette année à la fois horrible et divertissante dont se souviendront longtemps les citoyens. D’abord, le 9 janvier 2022 a été le début de l’embargo économique et financier de la Cedeao et l’Uemoa. Ces deux institutions ont puni le Mali pour avoir opté pour une gouvernance opposée aux instructions des pays dits de la Communauté internationale. Mais le 14 janvier, le peuple répondait à l’embargo à travers la grande mobilisation générale contre les sanctions.
Dans ce contexte de vive tension avec la Communauté internationale, les Maliens ont appris le 16 janvier le décès de l’ex-président IBK. L’ancien chef d’Etat chassé par la mobilisation du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) et l’intervention des colonels, vivait alors dans sa résidence de Sébénicoro à Bamako.
Peu après, les Maliens ont été surpris par un autre événement important. En effet, le 31 janvier, à la surprise générale, les autorités maliennes ont pris leur courage pour expulser l’ambassadeur de France au Mali.
De mémoire de Maliens, jamais un diplomate français n’avait été ainsi humilié de la sorte. Les choses n’allaient plus s’arranger entre les autorités maliennes et certains pays occidentaux. Ainsi, le 17 février, on a annoncé le retrait des forces étrangères Barkhane et Takuba du Mali. Les contingents étrangers n’arrivaient plus à travailler avec les autorités maliennes déterminées à jouir pleinement de leur autorité. Et le 18 février, le Mali exige le départ sans délai des forces françaises dans un communiqué lu à la télévision nationale.
En réalité, la collaboration n’était plus possible entre les forces armées maliennes et les troupes françaises dont le bilan sécuritaire était décrié.
Sur le plan politique, un événement important a été l’adoption, le 21 février, de la Charte de la Transition révisée. Cette révision était nécessaire en raison de l’application des recommandations des Assises nationales de la refondation tenues en décembre 2021. Le 17 mars 2022 a été marqué par la suspension de RFI et France24. Ces médias français ont été ainsi bannis du Mali à cause de leur ligne éditoriale mettant l’accent sur la critique et le traitement tendancieux des questions ethniques.
Le 21 mars, un triste événement a marqué les esprits. Il s’agit du décès en détention de l’ex-Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga. Avant le décès, les proches du défunt avaient multiplié les appels à l’endroit des autorités judiciaires sur la dégradation de l’état de santé de l’ancien chef du gouvernement d’IBK.
Le 17 juin a été un tournant décisif dans les réformes politiques avec l’adoption de la Loi électorale.
Avec soulagement, les Maliens ont appris le 3 juillet la levée des sanctions de la Cedeao et l’Uemoa. Le 5 juillet, un mandat d’arrêt international a été émis contre Karim Kéïta, le fils de l’ancien président IBK. Le 10 juillet a été marqué par l’arrestation de 49 soldats ivoiriens pour “mercenariat”.
Le 20 juillet, ce fut l’expulsion du porte-parole de la Minusma, le français Olivier Salgado. Le 25 juillet a vu le lancement du mandat d’arrêt international contre des personnalités dont Dr Boubou Cissé. Le 13 août fut le jour l’annonce du repos forcé du Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga.
On était dans la mouvance de l’arrestation des soldats ivoiriens à l’aéroport international Modibo Kéita de Bamako. Dans le cadre de cette affaire, le 15 août, ce fut la visite du président Macky Sall à Bamako. Le 15 août, c’était le départ du dernier soldat français du Mali. Le 3 septembre, Paul Henri Damiba arrive à Bamako dans le cadre des négociations sur la détention des soldats ivoiriens au Mali.
Le 22 septembre, le président guinéen Mamadi Doumbouya effectue une visite à Bamako. Le 24 septembre Abdoulaye Maïga, Premier ministre par intérim fait un discours historique du haut de la tribune de l’ONU.
Le 29 septembre, ce fut la visite d’une mission de haut niveau de la Cedeao à Bamako dans l’affaire des militaires ivoiriens. Toujours dans le cadre des négociations sur la détention des soldats ivoirien au Mali, le 30 septembre a été marqué par la visite du président de Sierra Leone à Bamako.
Une autre date importante est le 11 octobre. Elle marque la remise au président de la Transition de l’avant-projet de la nouvelle Constitution. Très vite, des critiques ont été formulées contre le texte, notamment au sujet de l’article 31 portant sur le choix de la langue officielle.
Du 17 au 22 octobre, on a assisté à la tenue de la conférence sociale dans le domaine du travail. Le 28 octobre, la recomposition du Conseil national de Transition a enfin été effective.
Le 2 novembre, le capitaine Ibrahim Traoré vient à Bamako. Il s’agit du nouvel homme fort du Burkina Faso. Le 3 novembre fut la suspension de la chaîne Joliba TV news. Le 21 novembre, il a été acté l’interdiction des ONGs financées par la France après la décision de Paris de la suspension de son aide au développement.
Du 29 novembre au 5 décembre, on a assisté à la grève de protestation des magistrats contre une décision gouvernementale. Le 29 décembre fut le début du jugement des 49 militaires ivoiriens. Et le 30 décembre, les 49 militaires ivoiriens ont été condamnés à 20 ans d’emprisonnement avec 2 millions d’amende pour chacun lors d’une assise spéciale durant 48 heures. Après leur jugement, ils ont été relaxés à la faveur de la grâce présidentielle accordée par Assimi Goïta.
Cette année d’épreuves doit servir de leçon aux autorités de la transition. Elles doivent savoir maintenant sur quel pied danser. Comme elles viennent de le prouver dans l’affaire des 49 militaires, la voie diplomatique devrait servir de levier pour la suite de la transition.
Nouhoum DICKO