Le ridicule ne tue plus au Mali. Certains anciens candidats à des présidentielles dont le score n’a jamais atteint les 5% des suffrages exprimés sont en train de mettre la pression sur les dirigeants de la transition afin qu’ils organisent les élections sans la refondation du Mali au nom duquel des Maliens ont laissé leur vie, en juillet 2020. Alors qu’il ait connu de tous que sans les réformes politiques et institutionnelles, le chaos et le désordre vont s’installer durablement dans notre pays.
Pour que notre pays puisse sortir de cette crise, tous les observateurs avertis de la vie politique malienne sont aujourd’hui unanimes que les réformes politiques et institutionnelles s’imposent. D’une part, elles permettront aux Maliens de se rencontrer, de se parler et d’aplanir leurs différends qui constituent aujourd’hui des goulots d’étranglement pour des retrouvailles entre les fils d’un même pays. Et d’autre part, les réformes assureront des lendemains meilleurs aux autorités qui seront issues des élections à la fin de la transition.
Cette idée des réformes est largement partagée par les Maliens qui veulent sortir du cycle infernal de mauvaise gouvernance dont les bénéficiaires ne sont autres que les démocrates prédateurs. Ils veulent tourner la page des crises politiques qui ont pris racine avec le fiasco électoral du 13 avril 1997 provoqué par le régime ADEMA-PASJ (Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice) pour garantir un second mandat à Alpha Oumar Konaré. Mais il se trouve déjà que des responsables politiques dont le score à une élection présidentielle n’a jamais atteint les 5% des suffrages exprimés n’entendent pas de cette oreille. Ils veulent à tout prix que le gouvernement de la transition s’attèle uniquement à organiser des élections en reléguant au second plan les réformes au nom duquel plusieurs de leurs compatriotes sont tombés sous les balles du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), en juillet 2020.
Ce comportement n’est guère surprenant de la part des inamovibles à la tête de leur formation respective. Ces acteurs de la scène politique malienne, les démocrates prédateurs, dont la gestion a conduit notre pays à la perte de sa souveraineté, ont résumé la démocratie à l’organisation des élections. Qu’elles soient propres ou pas, cela ne les engage pas. Ce qui les intéresse, c’est l’élection d’un de leurs dont les premières actions à la tête de l’État sera de les appeler dans un gouvernement dit de consensus, de large ouverture, d’union nationale pour se servir et non pour servir le pays. Les exemples ne manquent pas en la matière.
En 1992, le président Konaré, au nom des Partis signataires du pacte républicain (PSPR), des cadres de ce regroupement ont fait leur entrée dans le premier gouvernement dirigé par Younoussi Touré et ceux du Congrès national d’initiative démocratique-Faso Yiriwa Ton (CNID-FYT), en 1993.
En 2002, c’était le consensus avec le général Amadou Toumani Touré (ATT). Il a été une véritable ‘‘mangecratie’’ pour les partis politiques. Et en 2020, l’accord politique du président IBK a permis aux dirigeants de certains politiques signataires dudit accord d’intégrer le gouvernement de Boubou Cissé. Conclusion: ces combines politiques permettent aux leaders politiques de se servir et non de servir l’intérêt général du peuple.
Ce n’est plus un secret pour personne, leur jeu est de se servir. Si cela est compris, les Maliens ne doivent pas rater cette occasion rêvée pour assainir la vie publique réclamée à cor et à cri après la chute du général Moussa Traoré, en 1991. Si 2012 a été un échec sur ce plan, la transition de 2021 doit donner cette chance aux citoyens maliens de voir leur pays doter des textes lui permettant d’amorcer un développement durable avec des femmes et des hommes dont le patriotisme, l’intégrité, la moralité, la crédibilité, l’humilité et la sobriété ne souffrent d’aucun doute. Dans le cas contraire, le chaos va s’installer avec toutes ses conséquences dans notre pays. Cela ne sera jamais le vœu d’un Malien. Et nous ne souhaiterons jamais cela à notre pays qui n’a que trop souffert de la gestion de certains de ses fils qui ont des richesses nationales une ‘‘orange’’ pour eux et leurs familles.
Et pour que le chaos ne s’installe pas définitivement dans notre pays, il a aujourd’hui besoin des réformes à tous les niveaux. À commencer d’abord par la création d’un nouvel homme malien et dont la mission sera de traduire en actes concrets les réformes politiques et institutionnelles qui sortiront d’un dialogue franc et sincère entre les Maliens de tout bord. Il serait bon qu’on n’échoue pas sur la construction de ce nouveau citoyen, car tout dépendra de cela.
Si ce n’est pas de mauvaise foi, quel Malien souhaiterait qu’on continue dans ce désordre érigé en mode de gouvernance par les pseudo-démocrates. Ces réformes sont capitales à plus d’un titre. Sans réforme qui est ce Malien qui souhaite qu’on continue avec cette école qui n’a même pas de programmes d’enseignement et qui ne forme que des chômeurs.
Notre système éducatif est en panne depuis des années. L’école malienne a besoin des réformes à tous les niveaux pour doter le Mali des ressources humaines de qualité, mais aussi de mettre fin à l’inadéquation entre la formation et le marché du l’emploi. Idem pour le foncier. Il est aujourd’hui source de tensions, de conflits sanglants, de procès interminables et de mésentente entre les populations maliennes. Un autre sentier des réformes, c’est la lutte contre la corruption et la délinquance financière. Elles donneront l’occasion aux Maliens de mettre une seule structure chargée de taquer les délinquants financiers en lieu et place des nombreuses structures de contrôle qui n’ont aucune coordination entre elles et à plus forte raison d’engager des poursuites contre les bandits à col blanc. Ce vide qui permet aux voleurs de la République d’échapper à la justice sera comblé au grand bonheur du peuple malien.
Aller à l’encontre des réformes prônées par les Maliens pour la stabilisation de leur pays, c’est faire preuve de cécité politique.
Yoro SOW
Mon cher, c’est surtout pour résoudre tous ces problèmes que de nouvelles élections crédibles, justes et transparentes sont indispensables. Aucune reforme n’est indispensables pour aller aux élections.
Le pays a besoin de normalité!
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