C’est un Assimi Goïta préoccupé et tendu qui s’est adressé à ses interlocuteurs des forces vives du pays depuis les derniers événements des 25 et 26 mai 2021. Le nouveau président de la Transition est-il sauveur ou un rêveur face aux défis de l’heure ?
Tout semble indiqué que l’ancien vice-président de la Transition s’est senti interpellé pour poser l’acte consistant à mettre hors de leurs prérogatives les désormais ex-dirigeants, Bah N’Daw et Moctar Ouane. « Nous avons agi pour l’intérêt supérieur de la nation. A l’impossible nul n’est tenu… », avait-il expliqué pour décrire la situation dans laquelle il se trouvait Il fallait choisir entre la stabilité du Mali et le chaos, nous avons choisi la stabilité. Il fallait choisir entre le désordre et la cohésion au sein des forces armées de défense et de sécurité, nous avons choisi la cohésion au sein des forces de défense et de sécurité. Car, il s’agit de l’intérêt supérieur de la nation. Nous n’avons pas un agenda caché. Notre souhait le plus ardent est de mener cette transition à bon port », a déclaré Assimi Goïta à ses interlocuteurs de la classe politique le vendredi 28 mai dernier.
Avant d’inviter les Maliens à se donner la main. « Nous avons besoin de nous donner la main. Nous n’avons pas d’autre choix. Soit nous acceptons de travailler ensemble pour sauver notre pays ou on se fait des guerres clandestines et nous allons tous échouer. C’est l’occasion pour moi de vous demander et je sais que je peux compter en tant que regroupement politique, je peux compter sur votre capacité de mobilisation, je peux compter sur votre capacité de compréhension, je peux compter sur votre leadership et je peux compter sur votre expérience, aujourd’hui, le Mali en a besoin », a-t-il dit.
Selon le Colonel Assimi Goïta « ce n’est pas une question d’individu, ni de vice-président de la Transition, ni des partis politiques, ni de la société civile…car seul celui qui n’agit pas ne se trompe pas », a-t-il dit. Au cours de cette rencontre, le nouvel homme fort du pays a fait savoir que le poste de Premier ministre va revenir au Mouvement du 5 juin –Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP). «Je profite aussi de l’occasion compte tenu du contexte, nous avons souhaité et nous demandons votre soutien à ce que le poste de Premier ministre revienne au M5-RFP. Le Premier ministre qui sera nommé aura pour mission de mener une large concertation avec les différents regroupements, tous les Maliens seront concernés en vue de mettre en place un gouvernement de consensus et d’inclusivité », a souligné le désormais président de la Transition. Enfin, il a souhaité l’union sacrée autour du Mali. Après la rencontre, Dr. Choguel K. Maïga du M5-RFP a accordé une interview à la presse dans laquelle il a apprécié cette réunion initiée par Assimi Goïta.
Suspension du Mali de la CEDEAO: Quelles conséquences ?
Suspendre un pays membre de la CEDEAO est une mesure forte dans la forme mais n’a aucune réelle conséquence sur le pays. C’est à l’opposé des sanctions économiques, c’est plutôt une sanction politique à valeur symbolique.
Elle est régie par l’article 45 du Protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance.
Concrètement, le Mali à travers le Président de transition ne peut plus participer aux réunions de la Cedeao. Aucune réunion des instances de la Cedeao ne pourra se tenir au Mali. Aucune candidature de Maliens à des postes de la Cedeao ne sera soutenue par les autres États. Aussi le Mali ne pourra prendre la présidence tournante même si c’est son tour!
Cela dit l’institution continuera à appuyer l’Etat suspendu pour retrouver une situation démocratique normale. Et le Mali continuera à payer ses cotisations.
En somme, c’est la plus petite sanction dont peut écoper un État dans une situation grave. C’est comme un blâme.
Mohamed Ag Assory