Près de 18 mois après son instauration, la transition malienne peine à combler les attentes de la population.
La transition mise en place après le renversement du régime d’Ibrahim Boubacar Kéïta en 2020 avait suscité beaucoup d’espoir auprès des Maliens. Près de 18 mois après, elle est loin de combler les attentes légitimes de la population meurtrie par des années d’insécurité, de corruption et de gabegie financière.
À part une certaine amélioration de la situation sécuritaire, qui serait due à la montée en puissance des forces de défense et de sécurité. En tout cas, selon la Direction de l’information et des relations publiques des Armées (Dirpa), les FAMa ont neutralisé plus d’une centaine de terroristes et libéré beaucoup de localités qui étaient sous l’emprise des forces du mal.
Les autres problèmes pour lesquels les Maliens sont descendus dans la rue n’ont jusqu’ici pas connu un début de solution. La lutte contre la corruption et l’impunité, qui avait été annoncée en grande pompe par le gouvernement actuel, n’a connu la moindre avancée.
L’ancien Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga et la ministre Bouaré Fily Sissoko, incarcérés depuis le mois d’août, n’ont jusqu’ici pas été jugés. Les autres dossiers de corruption et de détournements de fonds dorment encore dans les tiroirs.
Pendant ce temps, le gouvernement de rupture, qui avait prôné une gouvernance par l’exemple, s’est encrassé dans l’attribution frauduleuse des logements sociaux. Ce qui a suscité un véritable tollé auprès de l’opinion publique, notamment sur les réseaux et dans les médias.
Un scandale qui a poussé le président de la transition, le colonel Assimi Goïta, à contraindre le gouvernement à l’annulation de la liste. L’ancienne commission a été dissoute et une nouvelle a été mise en place.
Les réformes politiques et institutionnelles, notamment la révision constitutionnelle, la révision de la loi électorale, la charte des partis politiques et bien d’autres, attendent toujours. Elles constituent pourtant des revendications majeures des Maliens. D’autant que ceux-ci jugent obsolètes ou inadaptés aux réalités maliennes les textes qui régissent le pays.
Le gouvernement Choguel K. Maïga, mis en place en juin dernier, s’est plutôt préoccupé de la prolongation de la transition mettant ainsi les vrais problèmes du pays sous le boisseau. Conséquence : l’organisation des élections est remise aux calendes grecques.
Un grand désarroi
Autre élément, la transition manque d’inclusivité. Une bonne partie des forces vives du pays est exclue de la gestion par des forces centrifuges, ramant ainsi à contre-courant de la volonté du président de la transition qui n’a cessé de prôner l’inclusivité. Ce qui fait que plusieurs forces politiques rejettent les décisions des autorités de la transition.
La transition, 18 mois après sa mise en place, patine. Le bilan est véritablement en deçà des attentes plongeant le peuple malien dans un grand désarroi. Les sanctions infligées au Mali par la Cédéao et l’Uémoa ne sauraient pas tout expliquer. Les vraies causes sont ailleurs.
Cheick B. CISSE