Les membres du Conseil national de la Société civile (CNSC) ont animé une conférence de presse au cours de laquelle ils ont exprimé leur inquiétude à propos de la conduite des affaires du pays par les autorités de la transition. C’était le vendredi 12 février au siège de l’institution sous l’égide de son président Bouréima Allaye Touré.
C’est un constat alarmant que dressent les membres du Conseil national de la Société civile (CNSC) sur la transition. «L’évolution de la situation sociopolitique nationale devient de plus en plus inquiétante en dépit des espoirs de changements légitimement nourris par le peuple malien aussitôt le 18 août», a pesté Bouréima Allaye Touré, président du CNSC.
Selon le CNSC, la gestion de la transition se passe de façon très opaque à travers l’exclusion tant des acteurs de la société civile que ceux de la classe politique. Cette situation, souligne Bouréima Allaye Touré, ne profite qu’à une minorité qui dirige de fait la transition à travers une mainmise sur l’ensemble du pouvoir et tous ses leviers.
C’est dans cette optique que le CNSC alerte sur les risques majeurs liés au non-respect des droits et libertés individuelles chèrement acquis. Aussi, les membres du CNSC notent avec inquiétude une forme de militarisation de l’Administration publique qui, selon eux, est source de frustration de la plupart des acteurs étatiques, en témoignent les contestations et grèves des syndicats de l’administration.
Selon son président, le CNSC déplore l’absence de vision et de lisibilité dans la conduite des affaires publiques, «Il n’existe à cette date aucune visibilité sur les fondements d’une transition qui doit jeter les jalons de la refondation du Mali à travers les réformes constitutionnelles, institutionnelles, l’organisation d’élection transparente et crédible et le tout sur la base d’une feuille de route détaillée assortie d’un chronogramme».
Cinq mois après, le gouvernement de transition peine à rendre public un chronogramme. Ce qui accroît le doute et le scepticisme auprès de nombreux Maliens.
Avant de terminer, Boureima Allaye Touré a demandé au président de la transition, Bah N’Daw, la recomposition du Conseil national de la transition (CNT). Car, selon lui, la violation des dispositions de la charte et les décrets N°2020-0143/PT-RM du 09 novembre 2020 relatifs à la répartition des sièges au CNT entre les acteurs visés ci-dessus et N°2020-142/PT-RM du 09 novembre 2020 fixant les modalités de désignation des membres devant composer le CNT, «met en doute tant la légalité que la légitimité de la représentativité de cet organe issu des concertations entre les forces vives de la nation».
Cette recomposition du CNT demandée par le CNSC vient s’ajouter aux exigences des anciens députés de la 6e législature et du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP). À la différence du CNSC, ces deux derniers exigent purement et simplement sa dissolution.
Abdrahamane SISSOKO