Au plan national, le débat sur la durée de la transition semble définitivement clos. La période transitoire (démarrée à la suite du renversement d’Ibrahim Boubacar Keita, en août 2020) s’étalera sur 24 mois, à compter du 20 avril 2022. Les autorités maliennes en s’engageant dans cette voie affichent leur volonté de fixer un cap irréversible au processus de changement en cours. Pourquoi le choix de ce délai ? Le Premier ministre, Choguel K Maïga, s’est exprimé lors de son passage devant le Conseil national de la transition le jeudi 21 avril 2022.
En effet, lors de son passage le jeudi 21 avril dernier, devant le Conseil National de la Transition (CNT), le PM a déclaré que la nouvelle phase de la transition se déroulera sur un délai en 24 mois : « A partir de cet instant nous engageons le processus de mise en œuvre de tout le plan de la transition pour les deux ans qui ont été retenus par le président de la transition ». Aussi, Choguel K Maïga a indiqué que : « la preuve est faite par A+B qu’on ne peut pas aller en-deçà de 24 mois ». Et il est sans équivoque : « on ne peut pas accepter […] de précipiter les élections, de les bâcler pour avoir la conscience tranquille ».
Aussi, pour la nouvelle phase de la transition, le Premier ministre veut aller vite dans la mise en exécution des plans et programmes pour la réussite de cette période. « Nous avons déjà perdu 3 mois. Maintenant, nous n’allons plus attendre. Le gouvernement va se mettre au travail pour un délai de 24 mois. A l’issue duquel, les réformes adéquates et les réglages approprié sur le plan sécurité et matériel afin d’aboutir à des élections transparentes, apaisées et crédibles », a déclaré le PM.
Pour l’exécution de ce programme ambitieux, dans un premier temps (en 12 mois), l’équipe gouvernementale entend peaufiner les réglages sécuritaires, la sécurisation des zones affectées, la mise en œuvre totale du programme Démobilisation, Désarmement et Réinsertion (DDR) et l’accord d’Alger issu du processus d’Alger, la réorganisation territoriale et administrative et le retour des réfugiés. Et les 12 autres mois restants, pour les préparatifs des conditions politiques, juridiques, matérielles et l’organisation des élections (territoriales, législatives et présidentielle).
Ce délai de 24 mois fixé par les autorités maliennes indique clairement leur volonté à mettre fin au diktat de la CEDEAO sur la durée de la transition malienne. En clair, seul l’Agenda du Mali compte désormais aux yeux des autorités maliennes.
Déjà ces mêmes autorités ont, à maintes reprises, apporté la preuve de leur bonne foi en allant à des concessions lors des négociations avec la médiation de l’organisation sous-régionale : les 5 ans de délai initialement recommandés par les Assises nationales de la Refondation ont été revus à la baisse… Or, du côté de la CEDEAO, le « dossier Mali » est en passe de devenir une obsession pour des chefs d’Etat dont certains se sont tout simplement mis au service de la France contre le Mali. Aujourd’hui ce n’est point un mystère, notre pays est victime de ses choix politiques et de sa volonté de s’affranchir d’une tutelle française encombrante, sous le couvert d’opérations militaires dont les objectifs sont inavoués…
Depuis des mois l’opinion est témoin de l’acharnement des autorités françaises contre le Mali et ses dirigeants. Et la CEDEAO ne fait en réalité qu’obéir aux ordres de Paris. Car à l’Elysée, l’on cache mal l’empressement de vouloir en imposer au Mali dans le choix de ses dirigeants. Aussi, Macron s’agite afin que Assimi et Choguel cèdent leurs fauteuils à des hommes de pailles désignés à partir de Paris et à la place des maliens.
L’organisation sous-régionale va-t-elle revoir sa dernière décision (12 à 16 mois de transition) ? La question est posée.
Pour rappel, après le renversement du régime de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keita, une transition de 18 mois avait été mise place. Mais le 25 mai 2021, le président de la transitons à l’époque, Bah Ndaw et son Premier ministre Moctar Ouane, sont destitués. Et le colonel Assimi Goïta, est déclaré, vendredi 28 mai 2021 par Cour constitutionnelle malienne chef de l’Etat et président de la transition. Un arrêt de la cour dispose que le vice-président de la transition – le colonel Goïta – « exerce les fonctions, attributs et prérogatives de président de la transition pour conduire le processus de transition à son terme », et qu’il portera « le titre de président de la transition, chef de l’Etat ». La Cour constitutionnelle s’appuie sur la « vacance de la présidence » consécutive à la démission de celui qui était jusqu’alors le président de la transition, Bah N’Daw. Le processus de rectification de la transition s’est poursuit le 7 juin 2021 avec la nomination de Choguel Kokalla MAIGA au poste de Premier ministre de la Transition sur proposition du M5. Il forme son gouvernement le 11 juin 2021.
Mémé Sanogo