Entre soutien et abandon ‘’en plein vol’’, il y a qu’un fil qui peut séparer les deux. Depuis quelques jours, des Maliens expriment leur désarroi face à la cherté de la vie. Oui à la Transition, mais le ventre plein d’abord ! C’est la position exprimée par des Maliens dans certains marchés et rues de Bamako. Toute chose qui témoigne la baisse de la ferveur de la fibre souverainiste qui caractérise jusque-là la majorité des Bamakois, préoccupés à la recherche de la popote à cause de l’inflation.
Outre les contestations politiques, la situation du Mali est exacerbée par une augmentation presque inédite des prix de certains produits de grande consommation. Le constat choque et inquiète des concitoyens. En plus de l’embargo, la guerre en Ukraine a beaucoup affecté l’économie mondiale et notre pays ne fait pas l’exception.
Entre « Vive Assimi », à «A bas la France », la boutade « tout est cher maintenant» semble prendre de plus en plus le dessus. Les fervents guerriers de la liberté et de la souveraineté lancent un cri de cœur aux plus hautes autorités de la transition. Leur refrain : trouver une solution à la vie chère.
Au marché très brouillant de Kalanbakoro, ce matin, à l’heure de pointe, les femmes de ménage qui font le marché se faufilent entre les étals sur lesquels sont exposées les épices et légumes qui se vendent au triple de leur prix initial.
Mme CISSE, une fervente admiratrice du colonel Assimi GOITA, qu’elle surnomme fièrement ‘’Le libérateur’’ se bat avec le peu d’argent de la popote du jour qu’elle a dans la main.
« Je ne sais même plus ce que je vais proposer à ma famille aujourd’hui. Les prix des produits se sont triplés en seulement une semaine. Rien n’est plus accessible ! J’en appelle à notre libérateur de revoir sa politique, sinon les Maliens sont à bout. Nous pouvons dire aujourd’hui qu’au Mali, c’est la survie. », a-t-elle dit.
Comme Mme CISSE, les ménagères issues de familles modestes au Mali crient aussi à l’inflation et surtout à l’abandon des plus hautes autorités.
En réalité, les impacts du plan de riposte ne se font pas sentir sur les étals, estiment-elles.
Mme Kadiatou FOMBA, une vendeuse d’épices s’affaire au tour de ses marchandises.
« Les trois cubes Maggi qui se vendaient à 75 FCFA sont passés à 100 CFA. Le prix du Kg de poisson sec a augmenté de 750 FCFA. En un mot les prix de tout ce que vous voyez ont triplé voire quadrupler », a-t-elle déploré.
Si les autorités commerciales imputent la situation à la guerre en Ukraine, à l’insécurité dans une partie du territoire national, l’effet des sanctions de la CEDEAO ne peut être aussi relégué en seconde zone.
Dans tous les cas, le peuple a besoin d’être rassuré, au-delà de toute autre considération, de la prise en compte ce besoin vital.
Et l’absence de certains produits sur les marchés doit amener les autorités à évaluer leur plan de riposte dont l’objectif est d’atténuer la souffrance des
Maliens quant à l’accès aux produits de 1ère nécessité.
«Je prends moins d’oignons et moins d’huile, alors que c’est ce qu’on cuisine le plus», raconte Ami FANE, 46 ans et mère de quatre enfants, devant un étal à moitié plein.
Cela fait des années, dit-elle, que son panier lui semble plus léger à chaque retour du marché. Et chez tous les interlocuteurs interrogés par nos soins, toutes les femmes se pour dire que la plaignent que la vie soit devenue encore plus chère à cause des sanctions.
Aux prix des denrées alimentaires chaque jour en hausse s’ajoutent ceux des hydrocarbures qui viennent de connaître une hausse remarquable.
Cette augmentation du prix du carburant à la pompe risque certainement d’en ajouter à une situation qui était déjà corsée pour le Malien lambda. Comme pour dire que le bout du tunnel est encore loin.
Signalons que les frontières du Mali sont, à présent, fermées avec les États membres de la CEDEAO, sauf la Guinée, où les colonels au pouvoir se sont désolidarisés de la décision de l’organisation sous régionale.
Les échanges commerciaux et financiers sont suspendus, hormis les produits de première nécessité.
Toutefois, ces produits ne semblent pas être épargnés, car ils sont à la fois rares et chers sur les marchés. En tout état de cause, les populations commencent à bourdonner dans les marchés, les ‘’Grins » et autres lieux de rassemblement publics. Comme pour dire aux plus hautes autorités que ventre creux n’a point d’oreilles.
PAR CHRISTELLE KONE