La volonté politique longtemps réitérée de refonder l’Etat du Mali est-elle toujours d’actualité ? Pourquoi alors la nouvelle Constitution semble mise au placard ?
Selon de nombreux observateurs avertis de la scène sociopolitique nationale, le processus de refondation de l’Etat semble avoir du plomb dans l’aile, car la machine apparaît comme grippée. Ceci, dans la mesure où en dehors des Assises nationales de la refondation, les autres mécanismes devant introduire des innovations majeures dans le fonctionnement de l’Etat sont au point mort ou marchent à pas de tortue.
En particulier, l’on ne comprend pas pourquoi le processus électoral lui-même semble tombé en léthargie. Le pouvoir de Transition a-t-il peur de conduire le peuple aux urnes, pour élire ses nouveaux dirigeants? Comment comprendre par exemple que l’on ait fait des efforts pour mettre en place l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE) et parvenir au référendum constitutionnel, puis plus rien ne semble bouger.
En effet, depuis la promulgation de la nouvelle Constitution, le 22 juillet 2023, tout le processus de réformes et de refondation de l’Etat ne bouge plus, comme cela devait l’être. Alors que l’AIGE, dont la mise en place et même la nouvelle Loi fondamentale ont été adoptée sans le consensus requis, comme si le pouvoir voulait accélérer la marche de la refondation. Que deviennent les institutions prévues dans la nouvelle Constitution ? Que vaut cette quatrième République qui semble n’exister que sur papier depuis six mois déjà ? Quand envisagera-t-on de mettre en place la Cour des comptes, le nouveau Parlement à deux chambres, etc ? A quoi sert-il de faire adopter une nouvelle Constitution, si l’on n’a pas les moyens de sa mise en œuvre rapide ? Ce qui a fait que les Maliens ont fini par oublier aujourd’hui les dispositions majeures de cette Loi fondamentale, qui a suscité tant d’espoir. Devra-t-on passer par un processus de réhabilitation de ce texte, pourtant adopté lors de consultations référendaires ? Le col Assimi Goïta a-t-il finalement renoncé à ce projet phare de la refondation de l’Etat, après la tenue du référendum et de la promulgation de cette nouvelle loi fondamentale décrétant la IV ème République ? Quel grand gâchis cela devrait être ? Attend-on finalement un mieux-être existentiel avant d’aller à l’effectivité de cette Ivème République ?
En définitive, trois ans après l’amorce de la Transition, l’on se demande de quelles avancées réelles le Mali peut se targuer aujourd’hui, sur le terrain de la refondation de son architecture institutionnelle. Presque pas grand-chose ! Ce qui est dommage, tant le discours a été abondant sur la volonté de réformer l’Etat.
Boubou SIDIBE /maliweb.net