Dans une déclaration en date du 18 novembre, la plateforme « Unis pour le Mali » s’est clairement exprimée contre les choix des autorités actuelles en matière politique. Ces jeunes se battent contre vents et marées pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel au Mali. Contrairement à d’autres forces politiques, cette plateforme estime qu’un pouvoir légitime doit être mis en place dans le délai imparti par la communauté internationale.
Après des meetings qui ont mobilisé des milliers de participants au Palais de la culture de Bamako, la plateforme n’entend pas se taire.
« Nous, jeunes leaders, associations et mouvements, acteurs de la société civile, nous sommes réunis le vendredi 5 et lundi 8 novembre 2021 à la mythique Bourse du travail de Bamako pour parler du Mali et passer en revue, sans complaisance ni faux-fuyant, la situation générale du pays. Quarante et une organisations et leaders d’opinion couvrant une grande diversité d’acteurs sociaux sont arrivés à la même conclusion : l’heure est grave », souligne la déclaration.
Et c’est pour plusieurs raisons que les jeunes de la plateforme pensent que l’heure est grave. Selon le rapport de mai 2021 de l’ONU, plus de 787 écoles sont fermées dans le seul Centre du Mali, affectant plus de 236 100 enfants. Dans les autres établissements ouverts, en raison de la crise scolaire entre le Gouvernement et les enseignants, les enfants du Mali sont laissés à eux-mêmes. L’insécurité galopante a entraîné des déplacements massifs des populations dans le même Centre du pays et une sous-administration générale avec seulement 36 administrateurs présents sur 224 dans les régions du Nord et du Centre du Mali.
La conjoncture internationale mal anticipée par le gouvernement, les destructions des récoltes, les enlèvements de bétail et le dynamitage des points d’eau concourent à l’augmentation incontrôlée du prix des produits de première nécessité. La cherté de la vie, qui en est le corollaire direct, pousse les jeunes et les femmes à céder aux pires tentations : terrorisme, délinquance urbaine, corruption des mœurs.
Les déguerpissements anarchiques, les recrutements aléatoires et bien d’autres injustices sociales ont fini de tuer l’espoir de populations démunies et désabusées.
Le Gouvernement actuel ne semble pas prendre la mesure du drame que nous vivons. A ce jour, il n’a proposé comme solution à ces enjeux majeurs que des discours et une assise dite nationale. « Tirant ces constats alarmants, nous avons décidé de nous unir et de faire front commun au sein de la Plateforme ‘’Unis pour le Mali’’ », rapporte la déclaration.
Les jeunes du mouvement disent que leur objectif est d’alerter l’opinion sur la gravité de la situation et d’obtenir des autorités plus d’actions et de résultats. Ils souhaitent la réussite de la transition, mais une transition qui se concentre sur l’essentiel et apporte des solutions concrètes, réelles et immédiates aux problèmes que nous venons de citer.
Les membres de « Unis pour le Mali » appellent les plus hautes autorités à se départir des dangereux discours tendant à diviser les maliens et à catégoriser leur nationalisme. Par ailleurs, « Unis pour le Mali » exhorte le gouvernement à publier un chronogramme réaliste de sortie de crise détaillant le plan de sécurisation et de retour de l’administration dans le Centre et le Nord du pays, le programme des réformes prioritaires et la solution définitive à la lancinante crise enseignante.
Tout en prenant acte des mesures de subvention de certains produits alimentaires, « Unis pour le Mali » appelle le gouvernement à lutter effectivement contre la spéculation et les détournements des produits dits « subventionnés ». Elle appelle les plus hautes autorités à prendre la mesure du blocage dans lequel le pays se trouve. « Nous appelons encore une fois la plus haute autorité du pays à s’investir pour apaiser un débat national pris en otage par l’intolérance, l’invective et les discours haineux entretenus par ceux-là même censés nous rassembler », indique la déclaration.
Selon les membres de la plateforme, il y va de la cohésion nationale et de la stabilité. « Enfin, nous lançons un vibrant appel à toutes les filles et tous les fils du Mali qui se reconnaissent dans cette déclaration à nous unir pour que les autorités se concentrent sur l’essentiel : la sécurité, la lutte contre la cherté de la vie et l’injustice sociale, la résolution de la crise scolaire », conclut la déclaration.
Oumar KONATE