Transition au Mali avec le colonel Assimi Goïta : L’Ampp et la Refsyma déplorent le déphasage entre les engagements pris et les actes réellement posés

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Dans une déclaration datée du 13 juin 2021 et signée par Cheick Mohamed Chérif et dont nous avons eu copie, l’Association malienne des procureurs et poursuivants (Ampp) et la Référence syndicale des magistrats (Refsyma) situent la principale cause du malaise général actuel que traverse le pays dans l’avènement des militaires sur la scène politique et leur volonté de se substituer au pouvoir politique ou aux autorités administratives civiles habituelles. Selon les  deux associations, l’armée, quoique partie intégrante du peuple, n’a pas vocation à conserver le pouvoir, voir même à entretenir des appétits dans ce sens, de surcroit à un moment où la justice reste encore frileuse devant les militaires dans la conduite des dossiers consécutifs aux rapports de contrôle, d’audit et de vérification qui accablent le secteur, de grands scandales de détournement de deniers publics, comme en témoignent les scandales des équipements militaires, des avions cloués au sol, des blindés en carton, des effectifs fictifs, des généraux milliardaires, etc. l’Ampp et la Refsyma déplorent le gouvernement “à scandale, très impopulaire et décriée de Choguel Kokala Maïga” et invitent les Maliens à accompagner le président de la Transition, dans son engagement à respecter le terme du délai de la transition.

Dans la déclaration, l’Ampp et la Refsyma, refusant de cautionner ou de participer à toute action de nature à faire sombrer la République dans un gouffre encore plus profond, en appellent au sursaut patriotique, à la vigilance à tous les niveaux et à l’union sacrée autour de la nation qui en a aujourd’hui le plus besoin. Au nom de la démocratie acquise de hautes luttes héroïques et des valeurs républicaines auxquelles le peuple est fortement attaché, les deux associations engagent plus particulièrement, d’une part l’ensemble de la classe politique à s’armer du courage nécessaire pour transcender les divergences de toutes natures, et d’autre part les acteurs de la société civile, à plus d’abnégation et de professionnalisme.

Sur le fait déclencheur de la crise sociopolitique en cours, à savoir le gouvernement à scandale du 11 juin 2021 dont la seule lecture de la liste, a suffi pour estomper les espoirs suscités par l’engagement du président de la Transition, d’instaurer une gouvernance vertueuse qui fait de la lutte contre l’impunité, son axe central, l’Ampp et la Refsyma déplorent le déphasage entre les engagements pris et les actes réellement posés.

“En effet, outre la méconnaissance des dispositions pertinentes de la Charte de la Transition au respect de laquelle le président de la Transition s’est pourtant solennellement engagé dans son serment, ledit gouvernement constitué est curieusement pléthorique au regard de la charte, sans pour autant être ouvert et inclusif, contrairement aux préoccupations largement exprimées et aux promesses faites, à l’occasion des nombreuses rencontres avec les différentes parties prenantes. Quant aux engagements de transparence et d’objectivité dans la mise en place de l’équipe gouvernementale, très impopulaire et décriée, tout semble indiquer que le processus ait été pris en otage par un clan, œuvrant dans les ténèbres, telle une confrérie de profiteurs sans scrupule, très peu soucieux de l’intérêt général et des valeurs sociales, voire morales.

Sur le point de l’instauration d’une gouvernance vertueuse ayant comme axe central la lutte contre l’impunité et le détournement des deniers publics, la reconnaissance de la compétence et du mérite, l’Ampp et la Refsyma font observer, que loin d’offrir les garanties d’une gouvernance vertueuse, le gouvernement à scandale qui alimente la polémique, entretient les causes de sa désapprobation et de son échec, en ce qu’il comporte en son sein d’individus se trouvant encore sous le coup de procédures judiciaires pour malversations économiques et financières, d’individus brillant par leur manque de préparation pour servir à des postes de responsabilité aussi élevés, d’individus dépassés par les évènements ou ayant montré toutes leurs limites. Par ailleurs, tout en traduisant l’état du malaise général, la procédure judiciaire en cours contre les décisions de mise en place du CNT, les vives contestations élevées contre le gouvernement dit inclusif, qui divise plus qu’il ne rassemble, entre autres, illustrent à suffisance l’absence de tout signe d’espoir, quant à la capacité des autorités de Transition à conduire la refondation de l’Etat, voire poser les jalons d’un Mali nouveau.

A un moment aussi crucial où les questions de défense nationale et de sécurité des personnes et de leurs biens demeurent des plus préoccupantes majeures, tant pour le pays que pour la communauté internationale, l’Ampp et la Refsyma sont fondées à soutenir, que plutôt que d’encourager la concentration des membres de l’Armée dans les hautes sphères de la politique et de l’administration civile en tant de crise sécuritaire, celle-ci aurait été plus utile et salutaire ailleurs. Au vu du danger réel que présente la longue durée des militaires dans les fonctions relevant par nature du politique ou de l’administration civile, elles restent formelles que la vigilance devrait être de mise et renforcée à tous les niveaux pour faire échec à toute forme de manipulation de nature à prolonger une transition voulue par le peuple souverain, mais laquelle malheureusement est en voie de devenir une des étapes les plus tristes, sinon sombres de la vie de notre nation”, regrettent l’Ampp et la Refsyma.

Pour toutes les raisons évoquées plus haut, les deux associations invitent l’ensemble des populations à accompagner le président de la Transition dans son engagement à respecter le terme du délai de la Transition, pour le plus grand bien de notre pays et de son peuple.

Les deux associations précisent que les actes des gouvernants, en outre d’être conçus, orientés et exécutés dans le sens du seul intérêt général, doivent, d’une part, refléter les aspirations profondes et légitimes des populations, et d’autre part, nécessairement être conformes au droit et aux principes républicains. L’Ampp et la Refsyma, partie intégrante de la société civile, pour leur part, se disent résolument engagées à veiller encore davantage à la bonne conduite des affaires publiques, au besoin à dénoncer toutes dérives susceptibles de mettre en péril les intérêts de la nation ou d’entamer la confiance des populations dans les institutions républicaines.

Siaka DOUMBIA

 

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