Transformation des produits locaux : Les femmes en première ligne, mais sans grands moyens

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En ce mois de mars, celui de la Journée internationale de la femme, se tient, du 17 au 24, la 4ème édition du SIAGRI, le Salon international de l’Agriculture de Bamako, qui a lieu tous les deux ans. Une occasion toute trouvée pour nous de mettre en exergue l’importance des Maliennes dans toutes les filières agricoles de notre pays, en premier lieu celle de la transformation artisanale et semi-industrielle de nos productions.

Les femmes sont, en effet, des actrices incontestables et incontournables de l’économie, du développement local et de la production agricole. Elles sont ainsi plus de 60 % à travailler dans le secteur primaire au Mali. Présentes tout au long de la chaîne agricole, du travail de la terre jusqu’à la transformation et à la commercialisation, les femmes rurales contribuent pour plus de 75 % aux activités de production agricole. Elles produisent plus de 80 % de la production alimentaire et assurent quotidiennement la satisfaction des besoins nutritionnels de la famille.

La transformation des produits locaux est devenue aujourd’hui un créneau très porteur. Elle occupe bon nombre de personnes dans de nombreuses localités du pays. Les femmes sont là aussi, et de loin, les plus actives dans ce domaine. Formées par les Ong et projets dans le domaine de la transformation des produits agricoles et de cueillette, elles proposent divers produits alimentaires: sirops, jus, confitures de citron, de tomate, de mangue, d’oseille, de tamarin et des produits à base de céréales, d’arachide, de karité, de sésame ou de gingembre, du savon, de la mangue séchée, des farines et couscous de manioc, des pâtisseries et autres friandises, du fonio précuit, du djouka, du dégué, etc. Ce qui constitue une réponse aux besoins alimentaires des populations, principalement urbaines, y compris en termes d’épices et de condiments.

Les activités de transformation des produits agricoles à but commercial menées par les femmes portent sur une diversité de matières premières agroalimentaires, dont le riz, le blé, le fonio, le mil, le sorgho, le sésame et le maïs, divers fruits et légumes, des produits d’origine animale (lait, viande, miel,…) et même quelques cultures dites industrielles, coton, canne à sucre, vétiver, entre autres. Sans oublier le sacro saint encens!

Nos sœurs seront donc certainement très présentes sur les stands du SIAGRI, pour y nouer de nouvelles relations d’affaires ou de développer de nouveaux partenariats stratégiques. Mais, cependant, force est de souligner qu’en dépit de leur forte implication et de leur grande participation aux activités de transformation de nos produits agricoles locaux, les femmes, qu’elles travaillent individuellement ou regroupés en associations, ONG ou GIE (Groupement d’intérêt économique), malgré les efforts du gouvernement et de ses partenaires, restent soumises à nombre de contraintes qui empêchent leurs productions et leur productivité de changer d’échelle, par exemple pour être mieux exportables.

Entre autres contraintes, les freins à l’accès, au contrôle et à la propriété de la terre, aux intrants et autres équipements modernes, aux crédits, à certaines infrastructures spécialisées et, surtout, la faible formation aux techniques de fabrication modernes et à celle de commercialisation. Les activités de transformation sont réalisées par des unités opérant pour la plupart à l’échelle artisanale, même si certaines unités semi-industrielles et industrielles ont vu le jour ces dernières années, comme Mam Cocktail, Nako, Ucodal ou Harry délices, sans prétendre être exhaustive. Elles sont en général localisées dans les capitales régionales, comme celle de Mme Diallo à Sikasso, et à Bamako. Les technologies utilisées restent donc essentiellement rudimentaires et sont souvent basées sur des pratiques traditionnelles plus ou moins améliorées par quelques équipements modernes. Les équipements se composent surtout de matériels de 1ère transformation des grains (décortiqueuses, moulins, nettoyeurs,…) et, très souvent, il n’y a pas de machines appropriées pour la transformation des fruits et légumes et pour le contrôle de qualité en cours ou en fin de production.

De fait, la faible capacité financière des actrices maliennes, notamment pour la réalisation d’investissements importants en infrastructures, équipements et technologies de transformation performants, la dévalorisation et l’importance des pertes en produits frais, à l’insuffisance de moyens et de savoir-faire pour la conservation hypothèquent les résultats. Espérons que la présente édition du SIAGRI permettra de porter un regard attentif et sensible sur nos transformatrices de produits locaux et de prêter une oreille attentive à leurs doléances, pour que l’énergie qu’elles déploient tous les jours ne s’apparente plus à une suée sous la pluie!

Ramata Diaouré

 

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1 commentaire

  1. Bonjour,

    Je fais actuellement une recherche sur le rôle/les activités des femmes maliennes dans le secteur agricole et plus particulièrement dans la culture du riz, du mil et du maïs. J’ai trouvé votre article très intéressant et utile et je me demandais si vous ne pourriez pas me faire parvenir quelques sources/références dont je pourrais me servir pour mieux connaître les activités des femmes dans la production, transformation, commcercialisation des produits de ces cultures. Vous mentionnez également les défis auxquels les productrices maliennes font face et je serais également très heureuse d’avoir accès à des documents qui les abordent plus en détail.

    Merci.

    Emmanuelle Bailly

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