En dégustant à la petite cuillère des fonds, et en jetant en pâture l’Agence Nationale de Gestion des stations d’Épuration du Mali (ANGESEM), avec à la clé, des surfacturations à la pelle tout en attribuant des marchés à des proches et dans des conditions pour le moins floues, Mme Sangaré Assian Sima, a au fil des jours, nourrit l’hostilité des partenaires à son endroit. Mais surtout, celle de ses collègues, qui n’hésitent plus à réclamer sa démission, jugée salutaire pour l’avenir des stations d’épuration du Mali, désormais, en dessous des normes de traitement des eaux usées.
« Après toutes ces imprudences, commises à tort ou à raison dans la gestion des stations d’épuration et des ouvrages annexes, la Directrice de l’ANGESEM doit avoir le courage de rendre le tablier. Ne serait-ce que pour le salut de son âme ».
En colère, un travailleur de l’Agence Nationale de Gestion des Stations d’Épuration du Mali –qui a requis l’anonymat –passe, outre la solidarité collégiale, pour fustiger ce qu’il appelle, volontiers, les « indélicatesses de Mme Sangaré Assian Sima autour de la gestion de’ l’ANGESEM ». Et d’ajouter, avec un sourire crispé : « Nous espérons qu’il le fera, avant que d’autres scandales ne pètent à sa figure au sein de l’Agence ».
Bref, en quelques jours, la duchesse de l’ANGESEM est passé de la grâce à la disgrâce. Du statut de « gestionnaire» des stations d’épuration du Mali à celui de « saigneur » des ouvrages annexes de l’Agence. Et sans transition, aucune.
La Directrice désavouée
Même au sein du ministère de l’Environnement et de l’Assainissement tout comme au niveau des services rattachés, les cadres n’hésitent plus à prendre leur distance, vis-à-vis d’une dame, devenu, subitement, encombrante. L’ANGESEM a mis sa tête à prix. C’était, suite à l’absence de la gestion des risques liés aux substances toxiques issues de l’exploitation des stations d’épuration qui font que l’ANGESEM n’est pas à mesure de donner l’assurance qu’elle protège la santé de son personnel et préserve l’environnement.
La gestion des eaux usées à la fois domestiques et industrielles se pose avec acuité aussi bien dans le District de Bamako que dans toutes les capitales régionales du Mali.
Pour résoudre ce problème le gouvernement a créé l’ANGESEM, suivant Ordonnance 07-015P-RM du 28 Mars 2007 ; ratifiée par la loi 07-042 du 28 Juin 2007. L’Agence a pour mission, la gestion durable des stations d’épuration et ouvrages annexes. À ce titre l’A.N.GE.S.E.M est chargée, entre autres, de promouvoir et veiller à la gestion durable des ouvrages d’assainissement ; d’identifier, organiser, réaliser des infrastructures d’assainissement ; concevoir et coordonner l’installation ou la réhabilitation des ouvrages et équipements ; contribuer au transfert de la maîtrise d’ouvrage de l’État aux Collectivités Territoriales.
Mais depuis la nomination de Mme Sangaré Assian Sima à la tête de l’Agence, la structure s’est transformée progressivement en un mouroir. Pour se rendre compte de cette situation, il suffit de se rendre sur le site de la station d’épuration de Sotuba. Cette station doit procéder au traitement des eaux industrielles pour ensuite déverser l’eau épurée, traitée dans le fleuve.
Aujourd’hui, tel n’est plus le cas. Car, l’eau n’est point traitée au point que le fleuve Niger est menacé. Et les poissons qui y vivent sont en voie de disparition. Pire les populations riveraines et les travailleurs risquent de contracter des maladies gastro-entérologiques, dermatologiques, cardio-vasculaires car la station d’épuration de Sotuba dégage le sulfure d’hydrogène qui est nocif pour la santé.
Cette situation catastrophique laisse de marbre, inflexible et imperturbable, la Directrice Générale de l’ANGESEM Mme Sangaré Assian Sima qui serait beaucoup plus préoccupée dans la passation des marchés fictifs et dans la dilapidation des deniers publics. Le personnel de l’Agence à cor et à cri exige des visites médicales pour les agents en service dans les stations d’épuration, mais surtout des équipements adéquats pour les égoutiers. Aussi les travailleurs de l’A.N.GE.S.E.M exigent l’application de l’Accord d’Établissement dont l’application devait entrer en vigueur à compter du 1er Janvier 2009. En clair, l’ANGESEM est cette poudrière qui peut exploser à tout moment.
Risques d’empoisonnement des populations
Nommé à la tête de l’Agence Nationale de Gestion des Stations d’Épuration du Mali, il y a une année (septembre 2014), Mme Sangaré Assian Sima est en froid avec les populations de Sotuba. Dans la Cité du Niger, notamment, nombreux sont les familles qui souhaitent le voir ailleurs qu’à la tête de l’ANGESEM. À cause disent-elles, de la corruption et du népotisme érigés en système au sein de l’Agence. Mais aussi, du fait que la station d’épuration de Sotuba ne contribue pas, efficacement, au traitement des eaux usées. Une situation due à un mauvais calibrage (timing) du processus de traitement au sein de la station et au mauvais prétraitement des eaux en amont. Entre temps, la station en violation des normes de rejet, déverse dans le fleuve Niger des eaux usées nuisibles à l’écosystème fluvial.
Plus grave encore, les familles de Sotuba et de la Cité du Niger sont exposées aux odeurs toxiques et pestilentielles provenant des installations de la station de Sotuba.
Ces odeurs, à en croire les enquêteurs, proviennent du sulfure d’hydrogène, un gaz présent dans toutes les stations d’épuration en dessous des normes.
Pourtant, selon une étude nationale de la sécurité et de la santé au travail des États Unis effectuée en 1996, ce gaz présente un danger immédiat pour la santé et la vie à certaines concentrations.
Par ailleurs, le témoignage des agents du laboratoire, corroboré par les visites des installations des enquêteurs, fait cas du changement de couleur des bijoux (bracelet, bague etc.) portés lors des prélèvements d’échantillons.
Autrement dit, en l’absence de politique de gestion des risques liés aux substances toxiques issues de l’exploitation des stations d’épuration, l’ANGESEM n’a pas l’assurance qu’elle protège la santé des populations et de son personnel au niveau de la station d’épuration. Mais aussi, qu’elle protège l’environnement.
Outre le mécontentement quasi-général des populations de Sotuba, nos sources reprochent à l’ANGESEM d’avoir dépensé la bagatelle de 165,22 millions de francs CFA. Initialement, destinée à des services ou des activités autres que ceux légalement prévues sans l’autorisation du ministre des finances. Autrement dit, l’argent coule de source et dans d’autres sources. Comme le Djoliba dans son lit.
En attendant, la patronne de l’ANGESEM, Mme Sangaré Assian Sima et ses complices sont mal barrés. Le gouffre financier creusé au niveau de cette structure dépasse l’entendement. D’où la paralysie de la structure à tous les niveaux. Ou presque. Pire, le service n’arrive plus à respecter ses engagements.
Cyrille Coulibaly
Source : Le Nouveau Réveil