Des stratégies de santé publique doivent être intégrées dans le traité pour lutter contre le danger toxique.
(Punta del Este, le 25 juin 2012) – Les négociations concernant un traité international visant à limiter l’utilisation du mercure devraient chercher à protéger les droits à la santé des communautés minières artisanales aurifères, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui, à l’approche d’un nouveau cycle de réunions sur le traité en Uruguay. Les réunions sont prévues du 27 juin au 2 juillet 2012, sous l’égide du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE). Les gouvernements envisagent d’adopter le traité fin 2013.
« Le mercure est hautement toxique, et des millions de mineurs d’or artisanaux adultes et enfants à travers le monde y sont exposés tous les jours », a expliqué Juliane Kippenberg, chercheuse senior sur les droits des enfants à Human Rights Watch. « Ce traité est extrêmement important pour la réduction des problèmes de santé, des handicaps et des décès liés au mercure. Si les gouvernements prennent vraiment au sérieux la protection des populations vulnérables contre le mercure, ils doivent interdire l’utilisation du mercure par les enfants, et prendre des mesures concrètes pour prévenir et traiter l’empoisonnement au mercure pouvant affecter tous les mineurs artisanaux. »
L’exploitation minière de l’or artisanale (orpaillage) et à petite échelle – c’est-à-dire sans équipement industriel – est l’un des secteurs les plus importants pour l’utilisation du mercure au niveau mondial. Au moins 13 millions de personnes dans le monde, y compris les enfants, travaillent dans des mines d’or artisanales et utilisent le mercure pour extraire l’or du minerai. Les recherches de Human Rights Watch au Mali ont révélé que des enfants dès l’âge de 6 ans travaillent avec du mercure de façon régulière, avec peu ou aucune connaissance de ses effets sur la santé.
Le mercure s’attaque au système nerveux central, provoquant des tremblements et des contractions musculaires, des pertes de mémoire, des dommages au cerveau, ou d’autres troubles neurologiques et comportementaux. Il peut également endommager les reins et les poumons. Le mercure est particulièrement nocif pour les enfants et peut causer des problèmes de développement et des lésions cérébrales irréversibles. Selon le droit international des droits humains, le travail avec des substances et procédés dangereux est classé parmi les pires formes de travail des enfants.
Plusieurs gouvernements, dont la France, le Royaume-Uni et les États-Unis sont en faveur de plans d’action volontaires pour l’orpaillage. Il est envisagé en vertu du traité que des plans d’action obligatoires seraient financés par un mécanisme de financement soutenu par un bailleur de fonds, mais que des plans d’action volontaires ne le seraient pas.
« Il est choquant que certains gouvernements ne proposent que des plans d’action volontaires, non obligatoires, visant à prévenir l’exposition au mercure au sein des communautés minières artisanales », a affirmé Juliane Kippenberg. « Le nouveau traité sur le mercure doit rendre obligatoires les plans d’action détaillés sur l’exploitation minière artisanale de l’or afin de réduire l’utilisation du mercure et de s’attaquer à ses effets nocifs. »
Il n’y a actuellement aucune alternative simple à l’utilisation du mercure dans l’orpaillage, mais ses quantités peuvent être considérablement réduites et ses effets beaucoup mieux contrôlés. Les plans d’action devraient comporter des mesures pour introduire des cornues – récipients qui captent la vapeur de mercure – et pour développer des technologies sans mercure, a ajouté Human Rights Watch.
Les négociations du traité sont en grande partie centrées sur les mesures environnementales plutôt que sur les mesures de santé publique. Le projet de traité vise à réduire l’exposition au mercure dans une série de domaines, tels que l’approvisionnement et le commerce, les produits et les procédés, l’exploitation minière artisanale de l’or, les émissions et les rejets, ainsi que les déchets et le stockage.
Human Rights Watch a appelé à ce que le traité comporte également des exigences pour de fortes mesures de santé publique destinées à toutes les populations – et non pas seulement les mineurs – afin de s’assurer que les systèmes de santé nationaux sont équipés pour fournir une formation sur la prévention contre le mercure ainsi que le traitement pour les personnes qui ont été exposées.
« Le projet tel qu’il est maintenant, même si le traité vise à protéger la santé publique, ne propose aucune mesure de santé publique », a affirmé Juliane Kippenberg. « Le projet actuel n’a rien à offrir aux personnes qui souffrent déjà de l’empoisonnement au mercure, et très peu en ce qui concerne la prévention. »
Human Rights Watch a exhorté les gouvernements à préconiser un langage relatif à la santé publique plus fort dans le traité de façon à protéger le droit à la santé. L’organisation a déclaré que l’initiative prise par les gouvernements latino-américains pour renforcer les termes relatifs à la santé était une étape positive.
Les délégués aux négociations d’Uruguay devraient faire pression pour inclure les éléments suivants dans le traité, selon Human Rights Watch :
- Des plans d’action nationaux obligatoires sur l’exploitation minière artisanale de l’or, notamment :
- Une interdiction de l’utilisation du mercure par les enfants et des stratégies visant à mettre en pratique cette interdiction ;
- Des stratégies visant à limiter l’utilisation du mercure par les femmes en âge de procréer, en particulier les femmes enceintes ou qui allaitent ;
- Des mesures de santé publiques visant à prévenir l’exposition au mercure et à remédier aux effets du mercure sur la santé des communautés minières artisanales d’or ; et
- Des mesures visant à réduire l’utilisation et les émissions du mercure dans l’orpaillage, notamment l’introduction de cornues et de technologies sans mercure.
- Des stratégies de santé publique obligatoires pour les populations touchées par toutes les formes de l’utilisation du mercure, notamment la formation des travailleurs de la santé, la collecte de données et la surveillance, la mise en place de protocoles médicaux, le dépistage dans des laboratoires bien équipés et le traitement.
- Un engagement en faveur des traités internationaux pertinents relatifs aux droits humains et une référence claire dans le préambule à ces traités, notamment le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, la Convention relative aux droits de l’enfant et la Convention 182 sur les pires formes de travail des enfants.
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Récits émanant de communautés minières artisanales
« Nous avons des dizaines de cas d’empoisonnement au mercure. Ils [les patients] deviennent somnolents. Ils sont absents. Ils regardent fixement le mur. Vous ne pouvez pas leur parler ; ils ne comprennent pas, ils sont absents. Ils sont comme des zombies. Et nous avons plusieurs cas qui n’ont pas guéri. »
-Dr. Moises Grenade, médecin-chef à l’Hôpital de Paiam qui traite régulièrement des mineurs d’or artisanaux, Paiam, Papouasie-Nouvelle-Guinée, novembre 2010« Une fois que le minerai est étalé, vous y mettez un peu de mercure. Vous frottez le minerai et le mercure ensemble avec vos deux mains. Puis, lorsque le mercure a attiré l’or, vous le mettez sur une boîte en métal et vous le brûlez. Quand j’ai fini, je vends l’or à un négociant. Je le fais tous les jours …. Je sais que le mercure est dangereux, mais je ne sais pas de quelle manière. Je ne me protège pas. »
-Fillette âgée de 11ans, Worognan, Kolondiéba cercle, Mali, avril 2011« Je travaille sur le site minier. Je m’occupe des autres enfants et je porte des minéraux. …. Je travaille [également] avec le mercure. Vous le mélangez dans une tasse et le mettez sur le feu. Je le fais sur le site …. Je voudrais quitter ce travail. »
hrw.org / 25 JUIN 2012
il y a des lois internationales qui interdisent le travail des enfants ,à plus forte raison dans les mines 👿 👿 👿 👿
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