L’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC) tire la sonnette d’alarme sur l’augmentation du trafic et de la consommation de tramadol dans les régions sahélienne. L’information a été donnée par le Représentant Régional de l’ONUDC en Afrique de l’Ouest et Centrale, M. Pierre Lapaque à travers l’office central des stupéfiants du Mali (OCS).
Pour le Représentant Régional de l’ONUDC en Afrique de l’Ouest et Centrale, M. Pierre Lapaque, « l’augmentation de consommation et du trafic de tramadol dans la région est réelle et préoccupante, et doit être adressée dans les plus brefs délais. Nous ne pouvons laisser la situation dégénérer davantage ». Selon les informations obtenues par l’ONUDC, l’utilisation non-médicale du tramadol évolue actuellement vers une crise sanitaire, sécuritaire majeure et, tout particulièrement au Nord Mali et au Niger, et ce, à un rythme alarmant. Ceci fait écho à des tendances également observées au Moyen-Orient, où les abus dans l’utilisation du tramadol sont devenus partie intégrante du problème mondial de la drogue au cours des dernières années, où la consommation du tramadol au Sahel et au Moyen-Orient, souvent sans surveillance et suivi médical, s’éloigne grandement des dosages recommandés lorsqu’il est prescrit par un médecin à ses patients (environ 50mg par pilule). Dans ces régions, les dosages atteignent régulièrement 200 ou 250mg, ce qui pose un risque de santé et d’addiction majeur.
Il ressort dans le rapport de l’ONUDC que les saisies annuelles de tramadol en Afrique subsaharienne sont passées de 300 kg à plus de 3 tonnes depuis 2013 et qu’ il semblerait que des réseaux de criminalité transnationale organisée fassent transiter le tramadol, produit principalement en Asie du Sud, par le golfe de Guinée vers des zones du Sahel en partie contrôlées par des groupes armés et des organisations terroristes.
Selon le président Pierre Laparque, ce choix est dû à la jeunesse d’âge de la population de cette région qui est de 25 ans dont 75% des 70 millions d’habitants. Toutefois le président affirme qu’en août 2017, les douanes camerounaises au Nord du pays (proche de la frontière avec le Nigeria) ont saisi plus de 600 000 comprimés de tramadol, destinés selon l’enquête au groupe Boko Haram. Pour le Mali, le rapport d’une mission de l’ONUDC à Gao au Nord du Mali ont montré des inquiétudes dans cette partie du pays.
Dans son exposé, M Laparque a laissé entendre que l’ONUDC à des inquiétudes le fait que le tramadol demeure, au regard des législations internationales en la matière, une drogue légale. Son utilisation à des fins médicales permet de traiter des douleurs chez les patients n’ayant pas montré d’amélioration avec des traitements moins lourds, basés en général sur une utilisation du paracétamol. Par ailleurs, l’ONUDC déplore l’utilisation des étiquètes des Nations Unis sur les cartons de Tramadol à des fins illicites.
En outre, la contribution de l’ONUDC à la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel (SINUS) propose une approche compréhensive au renforcement des systèmes de justice pénale dans la région. Dans un souci de s’adapter aux évolutions récentes, l’ONUDC va également dès à présent soutenir la Force Conjointe du G5 Sahel, tout en continuant de travailler en étroite collaboration avec la MINUSMA au Mali.
BDW