Une ville qui commence à se réveiller sous un ciel nuageux. Aussi nuageux que l’avenir du Mali, un pays dans l’impasse du manque de vision de ces dirigeants.
Après les premières pluies de l’hivernage, ma tour est aujourd’hui verdoyante. Quelques partisans de durs labeurs (Dieu sait qu’ils constituent désormais une espèce en voie de disparition dans ce pays) s’évertuent à entretenir des champs dans cet univers rocailleux. Et cela leur réussit bien. Ici, on utilise le fumier organique pour enrichir le sol. Pas d’engrais chimique !
Et nous voilà de plein pied dans le débat qui agite présentement la République au point que ministres et députés se donnent en spectacle à la télévision nationale en direct de l’Hémicycle : Les engrais frelatés !
Un terme qui fait sourire beaucoup de scientifiques chevronnés. Nous avons questionné des dictionnaires sur ce terme : Rien ! Même réaction des scientifiques interrogés par le truchement des réseaux sociaux.
«Parlez d’engrais frelatés, c’est déjà ignorer le mécanisme qui aboutit à la fabrication de cet intrant», nous dit l’un d’eux ! Et pourtant, on est en train de traiter un cadre et un digne fils de ce pays de tous les péchés d’Israël parce qu’il a eu le courage de dire que le terme «engrais frelatés» n’est pas approprié. Il faudrait dire de «l’engrais non conforme» ! Exact disent nos scientifiques interrogés.
Et depuis, il focalise le débat comme si c’était lui qui avait attribué les juteux marchés d’intrants et distribués sciemment des produits bas de gamme aux cotonculteurs de la Cmdt. On fait même fi des performances de la compagnie pendant la campagne écoulée.
Pour la campagne agricole 2013-2014, la Cmdt a à son actif une production totale de 440 027 tonnes produites sur 480 541 ha (dont 15 177 ha en zone Ohvn) sur les 540 000 ha prévus, soit 89 %.
Et cela, malgré un démarrage très difficile, dû surtout à un déficit pluviométrique et à une mauvaise répartition des pluies dans le temps et dans l’espace pendant les mois de mai et juin 2014.
Quant à la production des céréales sèches, elle a été de 1 697 900 tonnes, dont 822 800 en maïs. Assez suffisante pour couvrir les besoins des populations de la zone Cmdt en céréales sèches. Pouvait-on enregistrer de telles performances si les intrants utilisés avaient été de mauvaise qualifié ? Et si réellement ces performances agricoles sont produites par «l’engrais frelaté», nous pensons que c’est alors le choix qui s’impose au gouvernement pour atteindre l’ambition nationale de la sécurité alimentaire.
Comme l’écrivait un intervenant dans ce débat sur Kénédougou Forum, on fait un faux procès au Doyen dont les détracteurs veulent sacrifier comme un bouc émissaire dans cette ténébreuse affaire qui est en train de devenir un fonds de commerce politique pour certains députés et certaines Chapelles politiques.
Dans ce scandale, il faut tout simplement voir le «comportement minable d’opérateurs économiques et de responsables véreux» d’une organisation faitière. Un règlement de compte entre ceux qui ont fait leur fortune sur le dos des pauvres paysans, à travers le lucratif marché des intrants, et de nouveaux loups qui tapissent dans l’ombre et qui ont sauté sur l’aubaine maintenant qu’ils sont bien à l’abri d’un parti puissant.
Les vaches laitières du pouvoir
Mais, l’ampleur politique qu’on tente de donner à cette affaire n’est pas surprenante. Des boîtes comme la Cmdt, la Canam, les Hôpitaux nationaux, l’Opam, Pmu-Mali, Adm (Aéroports du Mali), Office du Niger, Ohvn et, jadis, Sotelma, Huicoma, Sonatam, Lonama (Loterie Nationale du Mali), Comanav… sont des boîtes à sous pour les partis au pouvoir.
Ce sont aussi des tremplins du trafic d’influence des élus. Ce qui fait qu’elles sont généralement confiées à des gens qui ne s’embarrassent pas de scrupules pour renflouer les caisses du parti au pouvoir et alliés ainsi que leurs barons. Bien sûr qu’ils ne sont pas «maudits» pour ne pas aussi se servir.
Malheureusement pour les uns et les autres, le Doyen n’est pas l’un de ces cadres misérables ou ces crocodiles politiques pour céder à de telles pratiques. Il est assez responsable et patriote pour se servir dans les caisses de l’Etat car, Dieu merci, il peut dire qu’il a son avenir derrière lui.
Et il ne faut pas compter non plus sur sa complicité pour piller les ressources et les richesses de ce pays. Voilà pourquoi il est devenu subitement gênant pour ceux qui louaient ses qualités managériales et ses compétences, il y a si peu ! Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute ! Tel est la morale d’une des fables de Jean de la Fontaine. Une leçon sans doute bien maîtrisée par ce cadre très expérimenté.
C’est pourquoi quand le Doyen a été nommé Pdg de la Cmdt, nous avons eu peur pour lui ! Pas parce que nous doutions de ces compétences, mais parce que c’est un poste qui l’expose trop ! Ses éclairages sur le Kénédougou Forum nous avaient un moment amenés à nous intéresser à son profil pour mieux comprendre sa personnalité. De sa compétence, de son patriotisme, de sa loyauté et de sa probité morale, point de doute.
Mais, des boîtes comme la Cmdt servent toujours à financer le parti au pouvoir ! Et quand on a un Directeur responsable qui refuse de jouer ce jeu, il devient une cible. Voilà pourquoi nous avions peur pour le Doyen. Hélas, le temps est en train de nous donner raison.
Au Mali, le plus important pour ceux qui ne pensent pas comme toi, c’est d’essayer de te détruire. Et quand tu es intègre, on te descend en flèche avec la complicité de parlementaires véreux et de mercenaires de la plume.
Comme le dirait un autre aîné, un grand intellectuel de la diaspora malienne en France, «c’est dommage que dans nos pays, on essaye toujours d’abattre ceux qui ont la compétence et la volonté de développer le pays dans leurs domaines. Et cela au seul motif qu’ils sont des agneaux parmi les loups».
Malheureusement, le plus souvent, ceux qui font de beaux discours ou qui ont la plume alerte ne font pas des intérêts de la patrie une priorité. Au contraire, pour défendre et préserver les leurs, ils sont prêts à jeter en pâture l’honneur et la dignité d’honnêtes citoyens !
Moussa Bolly
Vous avez parfaitement raison, ce pays n’aime pas les gros travailleurs. Nous ne connaissons pas personnellement le PDG de la CMDT mais les résultats qu’il a fait sont édifiants pour celui qui cherche la compétence et le travailleur. Nous avons vite compris qu’il était victime d’un complot orchestré par ses proches collaborateurs, il dérange pas mal de gens qui veulent se servir de ce pays.
Nous lui souhaitons bon courage et bon vent, et que la CMDT soit pour lui et pour le Mali une réussite .
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