Le président du Haut Conseil Islamique, l’Imam Mahmoud Dicko, en compagnie du Dr Diamoutené, a séjourné le samedi 19 juin dans la Cité des 333 saints. Il a été accueilli dès l’aéroport par une forte délégation de la communauté musulmane de Tombouctou, avec à sa tête, l’imam de Djingareïber, Elhadj Ben Essayouti.
Il était venu pour une nuit de prêche. Aussi, dès 20 heures, les populations de la ville ont-elles pris d’assaut les dunes de Sankoré. Un monde fou qu’on ne voit jamais dans la cité, en dehors de la traditionnelle fête de Maouloud, s’était massé sur ces dunes roses, au clair de lune. Les femmes étaient assez nombreuses, les jeunes (filles et garçons) étaient également là pour écouter sinon boire les bonnes paroles de l’Imam Dicko.
Durant trois longues heures, l’auditoire lui prêtait une oreille attentive puisque le prêche était en langue sonrhaï. L’invité du jour a montré une maitrise extraordinaire de cette langue avec éloquence et brio. Dicko a parlé de tout : la connaissance et la pratique de la religion, la fraternité, la solidarité, l’entraide, les obligations conjugales…Ensuite, il a fait des bénédictions qu’on n’avait jamais entendues auparavant. Durant trente minutes, il a impressionné les uns et les autres à travers sa longue fatwa en sonrhaï et en arabe. Il a ainsi imploré Dieu pour que Tombouctou retrouve son lustre d’antan, sa réputation d’hier, sa culture et l’immense connaissance de ses savants et érudits d’autrefois. Il a prié afin que Dieu éloigne de cette ville sainte le Satan et que plus jamais les bousculades du Malaoud dernier ne s’y reproduisent. Il a également prié pour l’entente dans les foyers, pour la bénédiction des enfants et a souhaité beaucoup de chance aux filles non encore mariées. Il a encouragé l’auditoire à faire des aumônes, à partager, à s’adonner à la connaissance de l’Islam et à implorer Dieu nuit et jour afin que la paix et la sécurité soient une réalité dans notre pays.
L’Imam Dicko n’a pas manqué de féliciter et d’encourager les organisateurs de la révolution culturelle qui se prépare à Tombouctou. Il s’agit des nombreuses recommandations, issues de l’Assemblée générale extraordinaire, des notabilités de la ville, le samedi 12 juin dernier (voir notre édition n°091 du jeudi 17 juin 2010).
A la fin de son prêche, la ville a, de justesse, évité une nouvelle bousculade parce que les uns voulaient voir physiquement Dicko et les autres s’activaient à le toucher. Il était, il faut le dire, le héros de la nuit du samedi 19 juin à Tombouctou. Il faut enfin préciser que durant son prêche, il n’a pas évoqué la question du Code des personnes et de la famille qui continue de faire couler beaucoup d’encre.
Chahana Takiou, Envoyé Spécial
