Tombouctou : les 800 000 FCA de la discorde

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C’est bien à cause d’un refus de partage d’une somme de 800 000 FCFA qu’un bicéphalisme s’invite au sein du collectif Tombouctou Réclame ses Droits. Entre politiques, manipulation et amateurisme, certains tentent de tuer le protocole d’accord obtenu avec le gouvernement en risquant leur vie face à des hommes armés.

Il y a un mois de cela, le monde entier applaudissait la grande victoire du Collectif Tombouctou Réclame ses Droits face au gouvernement du Mali, suite à l’obtention d’un protocole d’accord signé entre les représentants du collectif et une délégation ministérielle, dépêchée par le président de la République, à Tombouctou.

La célébration de la victoire du 11 septembre dernier (date de signature du protocole d’accord) n’a malheureusement pas duré. Ce matin, la jeunesse de Tombouctou, la diaspora, les populations… tout le monde s’est réveillé avec une nouvelle qui a heurté la sensibilité de tous les bons citoyens. Il s’agit bien sûr de la mise en place d’un autre bureau dissident portant le même nom : Collectif Tombouctou Réclame ses droits, avec un logo différent.

Les raisons de la division

Le premier collectif Tombouctou Réclame ses droits, dirigé par Ibrahim Boiny Adiawikoye, qui est signataire du protocole d’accord avec les émissaires du gouvernement, a pourtant aujourd’hui inauguré son siège national à Tombouctou, avec une participation massive des jeunes et des femmes de la ville.

En même temps, un bureau parallèle a été mis en place le 13 octobre à Tombouctou, et est dirigé par Kalil Baba Ascofaré dit Log. Selon nos informations et les vidéos qui ont circulé sur les réseaux sociaux, des participants auraient quitté la salle après avoir connu l’intention du nouveau collectif qui se dessinait car ils se sentaient dupés.

Les leaders du nouveau bureau mis en place sont ceux-là mêmes qui avaient demandé le partage des 800 000 FCFA qui sont restés dans les caisses du collectif, après la signature du protocole d’accord.

«Ils nous ont demandé de diviser les 800 000 FCFA dans des enveloppes en cachette, nous avons refusé et ils se sont fâchés», nous confie Oumar Baraka, porte-parole du Collectif Tombouctou Réclame ses Droits, présidé par Ibrahim Boiny Adiawiyakoye.

Le bureau dissident dirigé par Kalil Baba Ascofaré dit Log réfute cette accusation. Son porte-parole Youssouf Ag Ibrahim se défend. «Chez nous ce n’est pas un problème d’argent ni de poste. Nous voulons juste l’union», nous confie Youssouf. Avant d’ajouter : «ce n’est pas de la cacophonie. Nous avons été exclus avant même les évènements à l’aéroport alors que nous avons mené la lutte, mais nous avons été écartés», se justifie-t-il.

Pourtant, ces mêmes personnes ont été invitées pour la mise en place du premier bureau après la signature de l’accord, mais il semblerait déjà que leur agenda était connu et ils se préparaient pour la dissidence, indique notre source.

Selon nos recoupements, c’est Kalil Baba Ascofaré, lui-même, qui a été désigné pour remettre un bœuf du collectif au maire de la commune, mais l’animal a disparu. Information niée par son porte-parole, Youssouf.

Une main invisible manipulatrice ?

Ce bicéphalisme au sein du Collectif Tombouctou Réclame ses Droits fait couler beaucoup d’encre dans la ville des 333 sains mais aussi à Bamako. Les citoyens qui décrient le comportement de la jeunesse, qui a failli devant l’histoire, se questionnent sur le cas du précieux protocole d’accord obtenu le 11 septembre dernier après une lutte farouche, qui a conduit une grande partie de la population à l’aéroport pour barricader les accès et soutenir le mouvement. Beaucoup de citoyens se posent la question sur le début des travaux de construction de la route Tombouctou-Gouma Koura-Léré, censés commencer le 25 novembre prochain.

Pour certaines personnes, la mise en place du bureau parallèle est une manipulation ourdie par des politiciens qui agissent dans l’ombre. C’est pourquoi Oumar Baraka déclare avec assurance : «ce bureau mis en place aujourd’hui est une œuvre politique. C’est le travail des politiciens parce que nous avons refusé leur adhésion au mouvement. Ils ont monté de toutes pièces cette scène pour tenter de diviser la jeunesse», conclut-il.

 Mohamed Salaha

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