Apres près d’une année de changement obligatoire de la façon habituelle de vivre, les populations des régions de Tombouctou, de Gao et de Kidal, vont devoir réapprendre à vivre librement. A chasser le naturel, il revient au galop. Un semblant de vie reprend petit à petit son cours normale grâce à l’appui des troupes françaises au Mali.
Les bombardements des troupes françaises à Konna ont légèrement freiné les groupes armés affairistes dans leur avancée vers le sud du pays. Après avoir pris le contrôle et imposé leur « soi disant charia » dans les régions de Tombouctou, Gao, Kidal et une partie de la région de Mopti, la vie qui était devenue un véritable casse-tête pour les populations semble peu à peu reprendre son cours normal. Selon des sources concordantes au téléphone, le souffle des habitants qui était coupé sous l’œil vigilant des groupes armés s’active à nouveau. Maintenant les jeunes peuvent fumer leur cigarette, prennent du thé dans les « grins », sans trop d’inquiétude.
Quelques semaines plutôt, ces activités faisaient partie des interdis tout comme le fait d’écouter la musique, la prise des photos dans les téléphones portables. Aujourd’hui, les femmes commencent à se débarrasser de leur voile intégral. Rappelons que depuis le mois de janvier passé les populations fuyant la zone sous contrôle des islamistes, affluent tous les jours vers le sud. Sévaré est devenue la porte d’entrée de Gao. Ils étaient nombreux à se chercher refuge pour sortir de l’emprise de ces jihadistes qui continuaient à terroriser les femmes, à couper les bras. Les véhicules étaient remplis tous les jours en partance vers le sud plus clément, sous le nez et à la barbe de chacun de notre impuissance collective.
Depuis l’occupation des régions au nord du pays par les groupes armés jihadistes les populations restées sur place, étaient sur le qui-vive. D’aucuns subissaient des scènes de violence psychologique de tout genre notamment, des coups de fouets, lapidation, des amputations des membres supérieurs ou inférieur, et la destruction des mausolées. Un ressortissant de Tombouctou qui a requis l’anonymat nous raconté son calvaire, la précarité dans laquelle se trouvaient les populations. Selon M S dès l’entrée de la ville, la précarité se faisait sentir. Les fouilles systématiques étaient exercées au niveau des postes de contrôle par ces islamistes qui ne minimisaient aucun acte susceptible de porter atteinte à la religion.
L’opération consistait tout d’abord à contrôler le contenu des véhicules et puis les passagers passaient tour à tour pour vérification des pièces : « celui qui avait des images ou de la musique dans son téléphone devait recevoir cent coups de fouets » a-t-il expliqué. Dans la ville, la police militaire veillait sur tous les comportements des habitants. Selon notre interlocuteur, tout dialogue entre un homme et une femme d’autrui ou quelconque était condamnée, sous réserve de punition prescrite par la charia. A en croire MS, la ménagère qui ne passait pas inaperçue était censée d’apporter avec lui au marché un escabot pour s’asseoir et non se courber en faisant ses achats de condiments. Les grains de causerie étaient relativement calmes, sans musique et les thèmes abordés étaient aussi soigneusement contrôlés. Du début de l’application de la charia à maintenant, nous a renchéri un autre ressortissant de Gao, on pouvait compter près d’une dizaine de cas d’amputation des membres inférieurs ou supérieurs des habitants présumés voleurs. Cependant, il faut noter que les populations de ces régions sont confrontées aux risques des mines anti personnelles. Pas totalement libre, les populations retrouvent le sourire.
Moussa Dagnoko