Les participants à cette formation de para-juristes sont choisis sur la base de leur appartenance à une organisation de droits de l’homme et de leur rôle dans leurs communautés. « Dans chaque commune, nous avons sélectionné un homme et une femme œuvrant déjà dans la promotion des droits humains. Car si une femme est victime de violence sexuelle, elle se sentira plus en confiance à s’adresser à une consœur pour l’assister », a souligné la coordinatrice.
Les modules abordés concernent les droits de la femme et de l’Homme, l’état civil, la décentralisation, le droit foncier, la protection des civils, la compréhension de la chaine pénale, la connaissance de la communauté, la justice transitionnelle et le mandat de la MINUSMA.
Lors des échanges sur le mandat de la Mission, les participants ont posé des questions sur le rôle de la MINUSMA dans la protection des civils, la sécurité, les raisons pour lesquelles la MINUSMA ne peut pas poursuivre les bandits, les attentes des populations face à la MINUSMA dans le domaine du développement.
L’Officier de l’Information Publique, Myrline Mathieu Lucien, une fois la présentation du mandat terminée, a apporté des éclaircissements par rapport aux questions soulevées. Elle a expliqué le caractère multidimensionnel et intégré de la Mission, les différents piliers du mandat, les sources de financement, la différence entre une mission de maintien de paix et les agences onusiennes de développement ainsi que le rôle des composantes de la Force et de la Police onusienne, et présenté les différentes sections substantives.
L’officier de la MINUSMA a mis un accent particulier sur les efforts entrepris en faveur de la restauration de l’autorité de l’Etat en soulignant les Projets à Impacts Rapides ( en anglais QIP) menés dans la région, les formations réalisées au bénéfice des Forces de sécurité maliennes, les activités civilo-militaires (CIMIC) ainsi que les patrouilles de longues et courtes portées opérées par les Casques bleus dans la région de Tombouctou. « La MINUSMA a fait de la protection des civils son cheval de bataille. Actuellement, plus de 80% des militaires et 62 % des policiers sont déployés dans le Nord. A Tombouctou, ce déploiement se fera sur les zones de Léré, Lerneb en addition aux positions déjà existantes à Ber, Goundam et Gossi », a rapporté l’Officier de l’Information Publique.
Au terme de cette séance, l’Officier de la MINUSMA a rappelé que « la MINUSMA n’est pas une agence de développement mais appuie l’acheminement de l’aide humanitaire en assurant la sécurité. Les Nations Unies disposent déjà d’agences qui s’occupent de ce volet », a-t-elle précisé ; tout en invitant à capter la radio MIKADO FM sur le 92. 6 FM pour mieux s’imprégner des activités de la Mission.
« Nous ne savions pas que la MINUSMA n’avait pas pour mission de répondre aux problèmes d’infrastructures routières, de manque d’eau potable et d’insuffisance alimentaire auxquels nos populations sont confrontées. Cette compréhension de la chose m’aidera dans mon travail de sensibilisation de ma communauté, qui ont très peu de source d’information » a souligné un des participants, l’enseignant Elmihdi Ag Mohamed, venu du village d’Echelle dans la commune Tonka.
Sur toute la durée de la formation, auprès de chaque groupe de participants, les Sections de Communication et des droits de l’homme de la MINUSMA à Tombouctou sont intervenues sur le mandat de la Mission et la justice transitionnelle.
Aussi, une attestation reconnue par le Ministère de la Justice malien et un badge seront remis aux participants qui intégreront le Bureau d’assistance juridique et judiciaire près des cours, des tribunaux et des vestibules de droits auprès des communautés. Des moyens seront mis à leur disposition pour la restitution dans leurs communautés respectives. Appuyé financièrement et techniquement par l’Ambassade royale des Pays-Bas, cette formation prendra fin le 15 juin prochain. Ces 104 para-juristes viennent s’ajouter aux 18 autres qui existent déjà à Tombouctou depuis 2010. Les régions de Gao, Mopti Ségou bénéficient simultanément du même programme.
Les para-juristes, pourquoi ?
Selon « les principes et lignes directrices des Nations Unies sur l’accès à l’assistance juridique dans le système de justice pénale », les États doivent, conformément à leur législation nationale et s’il y a lieu, reconnaître le rôle joué par les para-juristes ou d’autres prestataires similaires dans la prestation de services d’assistance juridique lorsque l’accès aux avocats est limité. Ces Principes et lignes directrices s’intéressent avant tout au droit à l’assistance juridique, et recommandent aux Etats de veiller à ce que « les para-juristes reçoivent une formation adéquate et travaillent sous la supervision d’avocats compétents ».
Olivier SALGADO, Minusma