Le village historique de Tiétiguila est situé dans la Commune rurale du Méguétan, au nord-est de Koulikoro et dont le siège fut arbitrairement fixé à Gouni en rive gauche du Niger. La Commune fut créée en 1996-1997 dans le train des mesures de décentralisation décidées par le premier gouvernement de la IIIè République et fait partie de ce que les spécialistes nomment commune de passion et non de raison.
Elle comprit dès le départ, 25 villages dont 14 en rive gauche et 11 en rive opposée. Nonobstant cette incongruité dans le calcul arithmétique, le siège fut fixé à Gouni en dépit des protestations des populations majoritaires de la rive gauche. Les élections générales de 1996-1997 permirent à une bande de semi lettrés soutenus par le parti majoritaire de l’époque, l’Adéma, de se faire élire comme conseillers de cette structure et d’en prendre le contrôle pour plusieurs années, reléguant de cette manière au second plan les élus de la rive gauche.
En raison de l’hostilité croissante de cette direction communale envers leur village, ses ressortissants, paysans comme fonctionnaires, décidèrent de prendre en main le développement de leur village qui pourtant paye la moitié des impôts et taxes de la commune.
L’idée du barrage, vue la géographie et l’hydrographie du coin qui intéressèrent fortement son porteur, vint d’un ressortissant du village, commissaire de police à l’époque, Brahima Diarra, et de quelques autres villageois dont son aîné Gaoussou Diarra, leur fils Oumar Diarra et Oumar Nkô Diarra, personnalité influente du village. Elle parut folle à l’époque mais avec dévouement et abnégation, le commissaire surveilla son projet comme du petit lait sur le feu.
Il faut dire que ce projet était vieux car ayant consommé au moins 4 chefs de village : Dotian, Tièmoko, Madou et Ngolo. Il était né concomitamment avec celui de la création d’une école villageoise que boudait à chaque fois la structure faîtière représentée par la mairie de Gouni.
Si l’école vit le jour en 2010, le barrage resta à l’état de projet jusqu’en 2022. Il fut construit au nord-est du village sur un affluent du Baoulé appelé « Donkoro tou » et qui poursuit son cours à l’est pour aller se jeter dans le Niger en un endroit nommé Koda, près du village de Finyan. Pendant des années, se formait là une mare profonde dans laquelle nul n’osait s’aventurer en raison d’une superstition qui en faisait un lieu hanté par des esprits méchants. L’ouvrage fut financé par l’Etat malien représenté par le ministère de l’Agriculture et du Développement social, la Banque mondiale et l’ONG française Parisse.
Selon plusieurs observateurs locaux et même nationaux, ce barrage représente l’une des plus grandes réalisations socio-économiques de la commune en matière d’aménagement hydro-agricole.
Facoh Donki Diarra
écrivain