C’est le mois de Mars ! Sans aucun doute le mois qui nous rappelle que les femmes, nos mères, nos sœurs et nos filles ont des droits. C’est le mois au cours duquel de grosses actions de plaidoyers en faveur des droits de la femme se font.
Pourtant, j’ai toujours un sentiment mitigé quand on célèbre le 08 mars. Face à un espoir et un engagement inébranlable pour une arrivée à une société juste et respectueuse des droits des femmes, les propos et discours que j’entends ressemblent souvent à ceux des années précédentes, pire, j’ai parfois l’impression que nous avons passé 11 mois à nous battre pour les droits des femmes sans grand succès ou à constater impuissant leurs violations. Les chiffres qui sont souvent présentés au niveau mondial sur les violations des droits de la femme sont effroyables !
En Afrique, particulièrement au Mali, c’est encore grave. Nous vivons ces violations au quotidien, mais nous ne disposons toujours pas assez de données fiables pour mesurer leurs ampleurs ! Ce manque de données fiables entraine des prises de décisions souvent inefficaces
Évidemment, cette absence de données ne saurait justifier les reculs flagrants et inacceptables sur le respect des droits humains. Les autorités maliennes tentent continuellement de faire des avancées pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles.
Malheureusement, dans un État de droit défaillant et souvent dirigé par des leaders compromis, le poids des mauvaises interprétations coutumières ou religieuses, deviennent un boulet qui retarde la société dans son essor.
Le blocage de la réforme du code des personnes de la famille et la loi sur les violations basées sur le genre sont des faits qui montrent à quel point certains acteurs de notre société sont en déphasage critique avec les principes de la laïcité et l’avènement d’une société équitable et égalitaire aux yeux de la loi.
Les femmes et les jeunes constituent le seul vrai moteur qui font avancer nos sociétés. Aucune voix ne saura mieux les représenter que la leurs. Femmes, jeunes ! Ceux et celles qui défendent vos droits, Ong ou activistes, ne sont que des soldats d’une armée dont vous femmes et jeunes sont les seuls vrais généraux.
Le combat pour vos droits ne peut être gagné que si vous montrez la voie et dirigez cette armée avec courage et dans la solidarité. Battez-vous pour vos droits et ne laissez personne sous aucun prétexte les entraver ou freiner votre élan, car les droits des femmes sont des droits humains !
La Covid-19 a sans aucun doute eu un impact négatif sur la population en général. Cependant, les femmes sont celles qui souffrent plus durement de cette pandémie et de la façon dont elle est gérée par les États.
La crise sanitaire a induit une augmentation du niveau des violences domestiques et d’abus sexuels. Ce qui est encore dramatique, c’est l’entretien du silence coupable des témoins et la frayeur des victimes de dénoncer les auteurs épouvantables !
A cela s’ajoute la sècheresse économique qu’elles subissent du fait qu’elles travaillent principalement dans l’informel et qu’elles n’ont que de très faibles revenus. Elles ne peuvent très souvent pas respecter les mesures barrières Covid-19 et survivre économiquement !
L’État doit mettre en place des mesures et agir contre les inégalités de genre prétendument entretenues pour des motifs de Covid-19. Il est impératif que l’État alloue les ressources nécessaires pour lutter contre les violences faites aux femmes dans le cadre des mesures prises pour lutter contre la Covid-19.
L’État et ses partenaires doivent offrir et encourager des accompagnements économiques et sociaux aux femmes à tous les niveaux, qu’elles soient dans le formel ou dans l’informel, qu’elles soient ménagères, employées ou cheffes d’entreprise !
Face à une crise de Covid-19 qui aggrave les inégalités et les violences basées sur le genre, très souvent à la défaveur des femmes, il faut collecter des données sur genre pour apporter des réponses adéquates à la crise et bâtir des plans de relance efficaces.
Les médias sont les canaux principaux par lesquels la société s’informe et s’éduque. Ils contribuent à façonner notre perception du modèle de société dans lequel nous vivons. La sous représentativité et la sous-représentation des femmes dans les médias sont frustrantes et fortement dommageables aux femmes et aux médias eux-mêmes. En effet, un media non inclusif des femmes et des hommes dans leurs diversités est en violation des principes d’éthique, de déontologie et de professionnalisme sur lesquels se fondent le domaine !
Ils doivent être le fer de lance pour une société juste et respectueuse des droits humains. Les médias doivent représenter les femmes et les hommes de manière égale et dans toute leur diversité.
Notre société se portera mieux lorsque le droit de femmes sera compris et respecté par chacun. L’émergence et le développement harmonieux durable de notre société nécessite que les hommes et les femmes soient traitées de manière équitable et égale.