Moins de dix jours après la sortie médiatique du chef de la diplomatie française contre le numéro un de la junte guinéenne, le capitaine Moussa Dadis Camara, qu’il dit souhaiter rester au Maroc après ses soins, le reggae man africain s’indigne face à ce qu’il qualifie de « propos honteux » digne d’un nostalgique de l’époque coloniale. Pour lui, il n’y a pas de doute que la France encourage la haine et la guerre civile sur le territoire guinéen.
Hospitalisé à Rabat dans un hôpital militaire marocain, le chef de la junte en Guinée Conakry irait mieux et s’apprêterait à rentrer dans son pays. Déclaration faite la semaine dernière par son conseiller spécial Idrissa Chérif, non moins ministre de la communication. Le ministre des Affaires étrangères de la France, qui ne semble pas s’inscrire dans cette logique de retour du capitaine Moussa Dadis Camara, souhaite qu’il reste au Maroc et soit traduit devant les tribunaux suite à la répression des manifestations du 28 septembre dernier au Stade de Conakry. Cette déclaration, faite il y a moins de dix jours sur les antennes de la chaîne de télévision « France 24 », a provoqué bien d’indignations à travers le monde.
Le leader du reggae africain, qui s’étonne de cette réticence de la France face au retour d’un fils dans son pays, a qualifié les propos du ministre français de « honteux et de néocolonialistes ». « Qu’un ministre d’un pays, qui organise la chasse aux Africains sur son territoire, demande à un citoyen de ne pas rentrer dans son propre pays, ceci relève d’un mépris, et témoigne de la volonté de ce dernier de s’ingérer dans les affaires intérieures d’un pays qu’il croit encore sous domination coloniale » a martelé l’artiste ivoirien. Pour qui, la France participe à déstabiliser la Guinée Conakry en encourageant la haine et la révolte. « Personne n’est en mesurede régler le problème guinéen plus que les Guinéens eux-mêmes. Leur avenir se trouve entre leurs mains. La Guinée doit tout faire pour éviter la guerre civile. Lorsque les leaders africains comprendront que la France ne défend que ses intérêts, ils se décideront à prendre leur destin en main » a martelé Ticken Jah Fakoly. Qui appelle à « la réconciliation desfrères guinéens ».
Interrogé par les journalistes (en marge de la conférence) sur les solutions qu’il préconise, l’artiste panafricain est formel. Pour lui, la sortie de crise en Guinée passe par la nomination d’un Premier ministre de consensus, neutre, capable d’organiser des élections libres et transparentes sans être manipulé par la France et la Communauté Internationale.