Thierno Amadou Omar Hass Diallo à propos du 26 mars 1991 : “Le 26 mars est loin d’être de leurre, il est plutôt une lueur”

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Dans une de ses sorties médiatiques, l’ancien ministre des Affaires religieuses et du Culte, Thierno Amadou Omar Hass Diallo, est revenu sur ses souvenirs des événements de mars 91. Il a fait savoir que les événements de mars 91 étaient une vision pour l’accomplissement d’un idéal. Et cette vision était commune à tout un groupe de jeunes, accompagnés par leurs aînés, souvent leurs tontons comme Ali Nouhoum Diallo, Mme Sy Kadiatou Sow, Maître Mountaga Tall, Dioncounda Traoré, Tiéblé Dramé et surtout Oumar Mariko qui était leur repère.

Cet idéal pour un autre Mali, un Mali d’abolition de privilégiés, d’égalité entre les plus humbles et les plus grands, d’instauration d’une soif de liberté est comme un réflexe chez le Malien. C’est ce à quoi nous aspirions à cette époque-là et c’est toujours d’actualité. Je crois que c’est cela toute la beauté du 26 mars. Je ne suis pas du maliano-pessimisme et je ne suis pas d’accord avec le coloriage noir du 26 mars. Aucune œuvre humaine n’est parfaite. Je tire une philosophie Danton, même si je n’aime pas la violence Dantonienne, lorsque nous arrivions à mettre fin aux privilèges, et c’était à l’époque, lorsque nous arrivions à dire que le Malien le plus bas, le plus humble, est égal au plus grand, et cela par la démocratie. C’est cela qui fait que le paysan peut se retrouver député et qu’il peut battre en campagne le bourgeois, que l’intellectuel se sent sous l’autorité ou est dans la visière du peuple qui le contrôle, qui peut agir, qui peut dénoncer. Alors, c’est tout cela le 26 mars. Mais le 26 mars, on nous dit oui, quand nous sortions, nous étions étudiants, nous n’avions pas de vision politique.

Nous avions un idéal d’avoir plus d’école, plus d’enseignants, de bourses. Je crois qu’indéniablement, nous l’avons obtenu. On n’avait plus d’institut de formation d’enseignants au Mali et quand vous prenez une ville comme Bamako, toute la Commune I, vous n’aviez pas de lycée, toutes ces communes de la rive droite, il n’y avait que le lycée de Badala”, a-t-il expliqué.

D’après l’ancien ministre, le 26 mars ne nie pas l’histoire du Mali car dans la salle des hôtes de Koulouba, il y a l’image de Moussa Traoré. “Le 26 mars ne nie pas l’histoire du Mali. Au lendemain du 26 mars, il a été reproché à un parti politique à l’époque d’avoir en son sein des dignitaires de l’ancien régime. Je ne suis pas politique, mais c’est justement l’objectif de la lutte. Il s’agit de faire en sorte que toutes les filles et tous les fils de la nation se retrouvent et participent tous ensemble à la gestion du pays. Le 26 mars a créé l’unité d’action, l’unité nationale. Nous n’avons souhaité avoir de côté ceux-là qui n’étaient pas acteurs du 26 mars, ceux-là qui étaient dans l’ancien régime. Pour nous, il fallait lutter contre un système et extirper en son sein et faire revenir un système d’espérance, mais qui n’exclut pas les Maliens.

Le 26 mars, c’est pour le bonheur du Mali. Aujourd’hui, il y a combien de chaînes de télé, combien de chaînes de radio ? Les questions de les utiliser ou des usages qu’on en fait peut laisser à désirer, mais quand même les gens s’expriment. Chose qui n’était pas possible avant. Il y a la promotion du secteur privé. C’est cela les éléments qu’il faudrait tirer du 26 mars. Je ne crois pas qu’il faille tirer à boulets rouges sur le 26 mars. La perfection n’est pas humaine. […] Aussi, les révolutions, c’est l’idéal. Il faut tenir compte de la dialectique de l’Histoire et des faits et ne pas être dans la statique, mais accepter les critiques. Nous ne sommes pas Dieu, nous sommes perfectibles dans nos actions, dans nos œuvres. Le 26 mars est loin d’être de leurre, mais il est plutôt une lueur”, a-t-il dit.

                                                            Siaka DOUMBIA

 

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