Tentative d’enlèvement de la directrice de L’APEJ : Le gouvernement prié de sévir

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Ce mardi 27 novembre, des militaires en tenue civile se réclamant de l’homme fort de Kati, le capitaine Amadou Haya Sanogo, ont fait irruption dans les locaux de l’Apej pour tenter d’enlever la directrice, Mme Maïga Sina Damba.

 

Venus pour enlever la directrice de l’Apej, des hommes qui se disent envoyés par Kati ont fait irruption dans la salle de conférence de l’Apej où celle-ci était en réunion avec des personnes ressources de son service. Selon les témoignages, quelques militaires en civil se sont présentés et se sont fait accompagner par la directrice Sina Damba. «Croyant que ceux-ci étaient des connaissances à elle, quelques instants après nous avons été surpris d’entendre des bruits bizarres dans les escaliers. C’est ainsi que tout le personnel est sorti pour savoir ce qui se passait. Et c’était la désolation en voyant ces hommes trainer derrière eux la directrice, comme une voleuse de poulet. Sans attendre, nous nous sommes interposés entre elle et ses ravisseurs pour extirper la dame qui a eu des blessures au niveau des bras et de la jambe dans ce cafouillage » a indiqué un membre du personnel, témoin de cette scène inédite dans un prétendu Etat de droit.

Lorsque le personnel s’est emparé de la directrice par la force, les ravisseurs ont menacé de faire usage de leurs armes.  «Mais nous étions prêts à mourir pour elle» ont-ils répliqué, selon notre source. Face à l’intransigeance du personnel, les hommes de Kati ont reculé et attendaient du renfort. Entre temps, les éléments de la police du 14ème arrondissement ont été dépêchés sur les lieux par le Ministère de l’Emploi et de la formation professionnelle pour rétablir l’ordre. Arrivés sur place, ils ont été accueillis par un ton arrogant des hommes de Kati : «Qu’est ce que vous cherchez ici », ont-ils été interrogés par les agents de Kati. «C’est le ministère qui nous a envoyé rétablir de l’ordre» rétorquent les policiers. «Même si c’est le ministère qui vous a envoyés, disposez. Nous n’avons de compte à rendre à qui que ce soit» ont vulgairement déclaré «les hommes du Capitaine Sanogo».

Quelques minutes plus tard, certains éléments de la Brigade anti criminelles (Bac) ont débarqué devant l’Apej en renfort aux «nouveaux rois» de Kati. Mais toujours solidaire à la directrice, le personnel a refusé d’ouvrir les portes. Pour parvenir à leurs fins, des agents de la Bac ont escaladé le mur pour s’introduire dans les locaux afin d’ouvrir la porte. Malgré cette démonstration de force, les collaborateurs de la directrice se sont montrés intraitables. Il a fallu l’intervention du neveu de la directrice, un certain André Kamaté reconnu au niveau de l’une des sections syndicales de la police nationale, pour calmer les ardeurs des hommes puissants de Sanogo. Celui-ci les suppliés de lui faire confiance et de le laisser s’occupera personnellement de la conduite de Sina Damba jusqu’au lieu souhaité. A Kati peut être. C’est ainsi qu’’ils ont déguerpi des lieux.

Rappelons qu’avant l’arrivée du renfort, quand le colonel Diallo, Haut fonctionnaire de Défense au Ministère de la Formation professionnelle a demandé des explications aux «kidnappeurs », ces derniers lui ont rétorqué d’aller chercher des informations à Kati. Stupéfait devant la réaction de ses subalternes, il n’a fait qu’appeler le personnel au calme. Aux journalistes qui les sollicitaient pour recueillir des informations sur l’affaire, les bidasses de Kati répondent avec le même ton désobligeant: «Nous n’avons pas besoin de vous expliquer quoi que ce soit dégagez et laissez-nous tranquilles ».

Que reproche-t- on à la directrice de l’Apej, Mme Sina Damba ?    

Les réponses des subordonnés de l’ancien Directeur  de l’Apej Issa Tieman  Diarra,  devenus collaborateurs de la nouvelle directrice, sont sans équivoque. Selon eux, le seul tort de la dame (si tort il y a) a été d’avoir été nommée à la place d’Issa qui a des accointances avec Kati. Selon d’autres sources, les militaires de Kati avaient juré que quiconque remplacera Issa, le fera à ses dépens. «Depuis la nomination de cette dame à la tête de l’Apej, l’ancien Dg s’est fait accompagner par deux gardes du corps venus de Kati. Le jour de la passation de service, il y avait quatre militaires dans la salle. On ne sait pourquoi» ajoutera un témoin.

Vers les coups de 14h30, la police militaire est arrivée sur les lieux. Après avoir dessaisi les hommes qui se réclament de Kati et la Bac, vers 15h00, elle a conduit la directrice générale de l’Apej dans les locaux de son ministère de tutelle, à la Cité administrative, pour plus de sécurité.

Sit-in de soutien à Sina Damba

Le lendemain de la tentative d’enlèvement, le personnel a fait un sit-in devant le siège de l’Apej pour non seulement soutenir Mme Sina Damba, mais aussi pour dénoncer le forfait des militaires. Aux termes du sit-in, les employés de l’Apej, après avoir exprimé leur ras-le bol, ont mis en demeure les militaires contre tout acte de violation et de perturbation de leur lieu de travail. Avant de demander au gouvernement de prendre toutes les dispositions pour faire la lumière sur ces actes odieux.

Approché dans son bureau, Mme Sina Damba laissera entendre que son moral est bon et que rien ne l’empêchera d’exécuter pleinement la nouvelle mission qui lui est confiée.

Après ces propos luminaires, elle est partie à la Cité administrative chez son ministre de tutelle. Des larmes d’émotion coulaient sur ses joues, pendant que les ovations nourries de ses collaborateurs l’accompagnaient. Entre temps, les gendarmes ont investi les lieux pour sécuriser la directrice et ses collaborateurs. Mais le personnel a préféré marquer davantage le coup en décrétant ce mercredi, journée morte à l’Apej.

Oumar KONATE 

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