Que pense l’homme de la rue sur l’acte ignoble perpétré par une foule aux commandes d’un groupuscule extrémiste ? Pas de félicitations, encore moins d’encouragements. Mais des condamnations fermes. Chez nous au Mali, rien ne peut justifier l’assassinat et bien entendu, l’homme de la rue se sent heurté par la tentative d’élimination physique du Pr Dioncounda Traoré. Lisez les réactions.
Drissa Soumano, ingénieur urbaniste : « C’est le résultat de l’impunité »
Par rapport aux événements de lundi dernier, je suis très indigné. Je me sens très mal dans ma peau, dans ma chair et dans mon âme. Aujourd’hui, je ne sais pas vraiment quel est le Malien qui peut être fier de ce qui s’est passé, à moins qu’ils ne soient des apatrides qui veulent que ce pays s’enfonce davantage. Ce n’est pas le fruit du hasard, c’est dû à un concours de plusieurs circonstances qui se sont accumulées des années durant. Tout le monde connait le sentiment d’impunité qui a régné dans ce pays et hier ça a été la manifestation la plus prononcée pendant les dix dernières années.
C’est un pays de hors la loi, dans lequel les gens peuvent faire ce qu’ils veulent sans être inquiétés, jusqu’à aller s’attaquer au président de la République.
Ben Makhtar Diop, journaliste correspondant national en communication au Mali : «Il y a une complexité dernière»
Je trouve que le Mali ne mérite pas cela, puisque le capitaine Sanogo a été très sage et très conscient en acceptant de s’élever au dessus de sa personne, pour ne penser qu’aux intérêts supérieurs de son pays. Tout le monde devrait en faire autant. Le Mali a signé des accords, c’est tout à fait normal qu’il respecte ses engagements. Que ça soit Dioncounda ou un autre, l’essentiel est que le pays marche, que les gens travaillent dans la quiétude et qu’on attende un an.
Nous sommes dans un pays démocratique. C’est normal que les gens manifestent librement, mais il ne faut pas qu’ils s’attaquent aux intérêts des autres. Je pense que la sécurité du président doit être assurée et si toutefois les gens ont été capables de le blesser, c’est qu’il y a une complexité dernière tout cela. Je vois que les gens ne lui donnent même pas la peine de faire son travail afin de récupérer le Nord qui est aujourd’hui la préoccupation majeure de tous.
Mohamed Lamine Touré, transporteur à Gao : « Il n’y a pas d’autorité »
Moi, en tant que ressortissant du Nord, j’ai constaté qu’il n’y a même pas d’autorité et de sécurité politique, parce que même le président de la République a été frappé par des manifestants. Cet acte de lundi dernier me dépasse.
Sambou Sissoko, commerçant : «Le Premier ministre doit prendre sa responsabilité»
Les pillages du lundi ne nous ont pas plu et on condamne ce coup. Ceux qui sont coupables de ces actes doivent être condamnés pour que cela serve d’exemple. Le Premier ministre ayant les pleins pouvoirs, doit prendre sa responsabilité pour que ce désagrément ne se répète pas.
Moussa Keita, chef menuisier : «Dioncounda Traoré a récolté ce qu’il a semé»
C‘est Dioncounda Traoré même qui s’est donné cette humiliation car si le peuple ne veut pas de lui il doit céder. C’est à force de trop aimer le pouvoir qu’il en est arrivé là. Il devrait demander l’avis de la population malienne à propos du président qu’ils préfèrent, mais il ne l’a pas fait. Il a récolté ce qu’il a semé car étant président de l’Assemblée nationale, les problèmes ont débuté devant lui.
Djocou Diallo, Commerçant : «C’est une grande honte»
Je suis choqué par ces comportements. J’ai l’impression que beaucoup de gens n’aiment pas la tête de Dioncounda Traoré. Ils Cédéao. En termes de conclusion, c’est une grande honte pour notre pays. Il faut ainsi qu’on laisse les dirigeants faire leur travail.
Propos recueillis par
Bintou Camara et Dan-oulé Camara
