Tension au sein de la famille judiciaire : Vers une rupture entre le ministre et les syndicats

7
Mohamed Bathily
Mohamed A Bathily

Les syndicats professionnels de la famille judicaire malienne, réunis, aujourd’hui, en cadre de concertation, à savoir : le Syndicat Autonome de la Magistrature, le Syndicat Libre de la Magistrature et le Syndicat Autonome des greffiers et secrétaires de greffes et secrétaires de parquets, seront désormais prêts à répondre au coup pour coup, au ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Mohamed Ali Bathily

 

Cette déclaration a été faite lors d’une conférence de presse animée à la Maison de la presse, samedi dernier, par les dirigeants de ces syndicats : qui sont Issa Traoré du SAM, Adama Yoro Sidibé du SYLIMA et Hadiya Dioumassy du SYNAG. Deux points essentiels étaient inscrits à l’ordre du jour : le contenu du cahier de doléances et les questions d’actualité.

 

 

D’entrée de jeu, le secrétaire général du Sylima, Adama Yoro Sidibé, a rappelé qu’à cause du contexte de crise multiforme que chacun sait, le SYLIMA et le SYNAG, ont, à l’époque, décidé de surseoir aux revendications contenues dans leurs cahiers de doléances déposés sur le bureau du Garde des Sceaux, depuis juin 2007. Au nombre des doléances, les magistrats demandaient la relecture de leur statut et la prise, par le gouvernement, des différents textes d’application de ce statut.

 

 

Le contenu du cahier de doléances

Au titre de l’application de la loi n° 02-054 du 16 décembre 2002 portant statut de la magistrature, l’objectif, est, d’une part, d’éviter aux magistrats de devoir louvoyer entre deux récifs : manquer, au plan professionnel, à son sacerdoce en trichant, ou démissionner de ses obligations familiales en sacrifiant ses enfants, sa famille. Et, d’autre part, mettre le magistrat en situation d’accomplir efficacement son rôle d’arbitre, de gardien du temple.

Depuis 2002, près d’une dizaine de textes règlementaires, diront les conférenciers, attendent d’être pris par le gouvernement pour l’application de la loi ci-dessus. Parmi ces textes, il y a le plan de carrière (article 35) ; les modalités d’installation des chefs de juridiction et de parquet (article 11) ; les primes et indemnités à octroyer ou à revaloriser (article 69).

 

 

Au titre de la relecture des textes, le conférencier dira que les magistrats estiment que l’Etat du Mali, doit intégrer les évolutions du temps et s’inscrire dans la dynamique tendant à faire de la magistrature, un véritable pouvoir. Il existe poursuit –il, dans les divers textes de la République, un grand nombre de dispositions qui fragilisent le pouvoir judiciaire face au pouvoir exécutif. « Inévitablement, on aboutit à l’instrumentalisation de la justice par les politiques. Les règles fondamentales qui régissent leur rapport sont, allègrement, contournées, bien des fois, brutalement violées (principes d’inamovibilité et d’indépendance) » a indiqué Adama Yoro Sidibé. Pour lui, les syndicats de la justice, appellent à un vrai débat de fond relativement à la relecture de ces textes en faisant impliquer au premier chef, les divers acteurs, dont tous ne comprennent d’ailleurs pas toujours les enjeux, à plus forte raison, le citoyen ordinaire dont la quiétude et l’épanouissement en dépendent.

 

 

Les questions d’actualité judiciaire

Selon Adama Yoro Sidibé, le monde judiciaire connaît, depuis l’arrivée aux affaires, du nouveau Garde des Sceaux, une brusque montée de fièvre. A ses dires, on ne cesse de clamer qu’il s’agit- là de la mise en œuvre d’une politique hardie de lutte contre l’impunité, la corruption et le mal gouvernance. Selon lui, le Mali ne peut s’offrir le luxe de perdurer dans le laxisme relativement à ces fléaux qui sapent les fondements même de l’Etat, et provoquent, à terme, le délitement du lien social. Mais, certaines méthodes peu orthodoxes que nous observons, malheureusement, dans le traitement de certains dossiers impliquant des magistrats et cette espèce d’avalanche de mots assez durs dans les médias, nous laissent perplexes.

 

 

Relativement à l’actualité du monde judiciaire, il dira que les syndicats de la justice tiennent à faire connaitre leur position. A l’en croire, les syndicats expriment leur incompréhension relativement aux mandats de dépôt décernés contre leurs camarades. Il s’agit ajoute t-il, de quatre magistrats, un greffier et d’un clerc d’huissier. « Nous invitons le Garde des Sceaux à respecter la présomption d’innocence dont bénéficient nos camarades lorsqu’il est amené à parler d’eux. Les affirmations de culpabilité qu’il a faites dans le journal le Serment N° 004 du mardi 28 février 2014 » ont, assurément, dans l’opinion publique malienne, un effet négatif sur l’image de nos camarades qui restent pourtant innocents tant qu’une décision judiciaire définitive disant le contraire, n’a été prononcée.

 

 

A ses propos, les syndicats de la justice, regrettent, vivement, la non- tenue à la date de la première session de la Cour d’Assises. Cette session devrait s’ouvrir normalement le 24 Février 2014 et s’étaler sur 21 jours au cours desquels 120 affaires, devraient être jugées. « Les syndicats de la justice déplorent également, le va-t-en guerre du Garde des Sceaux, chaque fois, qu’il fait une sortie dans les medias. Nous disons : oui pour l’assainissement de la justice. Nous sommes prêts à jouer notre partition dans cette entreprise de salut public. Nous disons aussi : halte GESTAPO ! Nous estimons qu’on n’en a pas besoin pour la prise et la mise en œuvre des mesures d’assainissement du monde judiciaire. Ces magistrats et ces greffiers, en corps, voués aux gémonies, sont quand même ceux qui rendent la justice dans notre pays. Il n’est pas envisageable qu’on ne compose pas avec eux. En parlant d’eux, surtout devant les partenaires techniques et financiers, il est important que le ministre intègre la règle de l’indépendance du pouvoir judiciaire vis-à-vis de l’exécutif. Quelque soit le ministre de la justice qu’il est, il est un membre de l’exécutif, et, à ce titre, il lui est interdit de s’immiscer dans les affaires du judiciaire…Enfin, les syndicats de la justice déplorent que le ministre de la justice ait tenu publiquement des propos inexacts quand il affirme : « A chaque fois qu’on touche à un magistrat, c’est des menaces de grève. Qu’ils aillent en grève ! »

 

 

 Pour conclure, il a invité le Garde des Sceaux à plus d’écoute et de dialogue avec ses partenaires sociaux, ainsi dit-il, la volonté d’assainissement prônée se donnera plus de chance de succès.

 

 

Dramane Coulibaly

Commentaires via Facebook :

7 COMMENTAIRES

  1. MR LE MINITRE SVP
    TROUVE UNE SOLUTION DANS L AFFAIRE DU DETOURNEMENT DES VIVRES DESTINER A LA POPULATION KAYESIEN D UNE VALEURS DE PLUS 200.000.000CFA VENANT DU PROGRAMME ALIMENTAIRE MONDIALE “PAM” ONT ETE NUITAMENT ENLEVER PAR LE MAIRE EN LA PERSONNE ABDOULAYE CAMARA ET SON PREMIER ADJOINT EN LA PERSONNE DE MAMADOU KOUMA DIT CHAMPION
    LA PLIENTE A ETER EMIE PAR LE DEUXIEMME ADJOINT AU MAIRE EN LA PERSONNE HAMIDOU MAIGA DIT OBAMA ET MADY MARIKO CONSEILLER DE LA DITE COMMUNE DEPUIS LE 7/11/2012. LA CHAMBRE CRIMINELLE DE LA COUR SUPREME A STATUER LE 15/04/2013 POUR DESIGNIER LA JURIDICTION DE DIEMA POUR INSTRUIRE ET JUGER L AFFAIRE
    LE PG DE KAYES ET LE JUGE DE DIEMA VEULLENT TOUT FAIRE POUR ETOUFER L AFFAIRE
    DANS DES SOURCES ONT NOUS FAIT SAVOIR QU IL SONT REçU PLUS 50.000.000CFA
    CAR JUSQU AUJOURDUI IL NE VEUT PAS JUGER L AFFAIRE
    OU EST ENCORE LA JUSTICE DANS CE PAYS?

  2. MR LE MINITRE SVP
    TROUVE UNE SOLUTION DANS L AFFAIRE DU DETOURNEMENT DES VIVRES DESTINER A LA POPULATION KAYESIEN D UNE VALEURS DE PLUS 200.000.000CFA VENANT DU PROGRAMME ALIMENTAIRE MONDIALE “PAM” ONT ETE NUITAMENT ENLEVER PAR LE M

  3. Arrêtez vos élucubrations. C’est trop facile de tirer sur le pianiste ou sur l’ambulance. Quand un ministre est en poste, il reforme et il travaille. A nous le peuple de juger par les resultats. A propos de corruption et d’incompetence le point focal aurait du etre aujourd’hui notre armee qui a failli provoquer simplement la disparition totale de notre pays. On se laisse distraire par un imbu de sa personne fort en gueule mais nul en solution veritable. Je ne serais pas etonne de nous revoir au meme point qu’en 2012 dans 5 ans. Dire que 77% d’entre nous ont vote pour avoir ce systeme en place. Decidement l’humain est incurable, non je veux dire le malien est incurable sauf ” moi ” bien sur! Merci.

  4. GRAND MERCI CARDINAL VOUS AVEZ TOUT DIT. QUI NE CONNAIT PAS LES JUGES AU MALI ? CE SONT LES PLUS CORROMPU.LE CAS ADAMA SANGARE LE PROUVE A SUFFISANCE . VIVE LE MINISTRE DE LA JUSTICE LE PEUPLE EST DERRIERE VOUS

  5. Le peuple malien sait faire la différence entre le vraie et l’ivraie. Il faut respecter et arrêter de vouloir l’instrumentaliser par des discours qui prétendent « le prendre à témoin ». Le peuple a vécu le Mali de 1991 à nos jours et n’a besoin d’aucun discours, d’aucune plaidoirie pour fonder son opinion, forgée dans la souffrance et le mépris à lui infligés par 20 ans de pratiques administratives.
    Que les syndicats de magistrats se ressaisissent. Ils commettent une grave faute de discernement en déclarant la guerre au Ministre de la justice. Cette guerre, ils doivent la mener contre eux mêmes, contre leurs jugements, entachés de fraude, de tricherie, de mensonge, bref, contre la souillure qui inhibe leur intime conviction. Cette vérité, le Peuple malien, au nom duquel la justice est rendue, aux frais duquel la justice fonctionne, la sait. Ils sont intelligents, pour etre magistrats, et ils savent ce que les maliens pensent de ce « bras de fer », inventé pour biaiser le vrai débat.
    La réalité, c’est que les maliens en ont jusqu’à la gorge d’une justice corrompue et pourrie. Je vous épargne les détails de la distribution de cette justice. Les maliens savent.
    ESPERONS SIMPLEMENT QUE LE MINISTRE DE LA JUSTICE NE SE LAISSE DIVERTIR PAR CES ELUCUBRATIONS STERILES.

    • Merci Cardinal! Si Me BATHILI s’était effacé face à toutes ces magouilles, il n’y aurait jamais une telle levée de boucliers! Tout ceci par ce que c’est l’argent qui est au cœur de l’affaire; autrement, personne n’a entendu un tel boucan dans l’affaire Sanogo!
      Nous demandons simplement au président de ne pas céder, de ne pas lâcher son ministre BATHILI; notre voix; la voix des sans voix! Si les juges ne sont pas contents, eh bien qu’ils démissionnent! Nous suggérons à IBK d’affecter des administrateurs civils pour les remplacer qui peuvent valablement les remplacer! D’ailleurs nul n’ignore comment ils ont passé les concours ces dernières années et qu’ils soient nuls, ceci est de notoriété publique!
      Ces guignols me font surtout penser à nos mécaniciens qui non seulement ne connaissent pas grande chose dans le métier, mais encore nous arnaquent tout le temps!

Comments are closed.