C’est un endroit calme mais présentant encore les traces de la tragédie de la veille que nous avions visité hier mardi. Les témoins, à savoir le personnel du Stade et non moins gardiens des lieux sont formels : les coupables ne sont autres que les membres de la milice An-çardine, dévolus à la sécurité du prêcheur Ousmane Madane Shérif Haïdara.
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rnSelon les témoignages recueillis auprès des gardiens du Stade Omnisports, ce sont bien les membres du service de maintien d’ordre privé du prêcheur qui sont à l’origine du mouvement de foule.
rn« Ils ont fermé la porte alors qu’une masse compacte était agglutinée là et tentait vainement de sortir », nous indique-t-on.
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rn« Bien avant l’arrivée de Haïdara, poursuit notre source, ils s’en prenaient aux petits vendeurs sous prétexte de faire régner l’ordre. En vérité, ils les effrayaient en les faisant fuir pour ensuite s’accaparer de leurs petites monnaies. Ils les pillaient et bastonnaient.
rn« Après la cérémonie, ils ont délibérément fermé le portail. Certaines personnes ont alors commencé à étouffer et à perdre connaissance. La panique s’est alors emparée des autres lesquels, se croyant en danger, se sont plus que jamais rués vers la sortie ».
rnLes traces des tiges et barreaux gondolés sont encore nettement visibles. Mais où était donc la police ?
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rn« En général, rapporte notre interlocuteur, la sécurité est assurée par les hommes de Haïdara lui-même. Ils parviennent à occulter la police. Ceux-ci évitent de se mêler de leurs affaires… Et quand il nous arrivait à nous même de sortir du stade pour une course, ils nous empêchaient de rentrer. Nous devrons alors négocier notre passage ».
rnSans commentaires !
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rnOumar Traoré
Les non-dits du drame du Maouloud… Et la responsabilité de l’Etat malien
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rnL’Etat malien a tout simplement failli en oubliant sa fonction régalienne de garant de la sécurité publique.
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rnLes plus hautes autorités en charge de la securité publique devraient s’auto-interpeller au regard de l’ampleur que prend d’année en année, la célébration de la fête de Maouloud par les adeptes de Madani Sherif Haïdara. Naturellement, pas pour les beaux yeux de ce dernier. Mais dans le souci de protéger leurs citoyens. Mais se voulant en marge des affaires religieuses, ou pour se donner bonne conscience, l’Etat malien a toujours adopté une attitude réservée ; laissant soin à la milice privée du prêcheur de faire le ménage à sa place et selon les méthodes bien à elle (lire article « La milice du prêcheur Haïdara à l’origine de la tragédie ».
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rnLa responsabilité de nos gouvernants ne se limite pas à cet aspect liturgique de la question ? Dans les faits, de nombreux autres facteurs ont contribué au drame et à alourdir le bilan qui, soit dit en passant, atteint la cinquantaine de morts. On dénombre une dizaine de corps enlevés par les parents de victimes avant l’arrivée des secours et par conséquent, non comptabilisés officiellement.
L’accès ou l’évacuation du site, côté quartier Médina-Coura, est rendu difficile à cause de l’existence d’une voie deux sens conduisant à l’échangeur vers l’ENA et au marché de Médina-Coura vers l’Etst. Il s’agit d’un passage presque obligé pour nombre d’habitants des zones Est de la rive gauche. La construction de cette infrastructure a en effet drainé de nombreux usagers sur l’itinéraire et rendant du coup, l’accès au Stade très difficile surtout lors d’événement entrainant un grand monde.
La construction d’une décharge publique entre cette voie et le site à proprement parler et par surcroit derrière une école fondamentale, a également contribué à rendre l’espace très exigu.
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rnLors des derbies de football par exemple, les supporters (un public pourtant fort averti), parviennent difficilement à se frayer un chemin aussi bien à l’entrée qu’à la sortie du stade.
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rnL’espace devrait être, en somme dégagée dans la perspective d’un public des grands jours. Lors du drame du lundi dernier par exemple, les fidèles qui étaient déjà parvenus à sortir du stade étaient coincés face aux automobilistes et ne pouvaient, par conséquent avancer. Comme un effet domino, le blocage fut ressenti par ceux-là qui étaient encore à l’intérieur et cherchant désespéramment à se dégager. Puisqu’il ne s’agit pas d’un public sportif et bien averti, généralement prompt à trouver son passage, mais plutôt de femmes et d’enfants, ils furent tout simplement pris en étau.
rnOn remarquera en outre qu’il n’existe par exemple aucun feu de stop aux alentours immédiats du stade Modibo Keïta. Et les services de l’ordre se contentent pour la plupart du temps de surveiller seulement les portes et non les voies d’accès du site lors des événements.
rnPour des raisons de securité publique, c’est l’architecture même des lieux qui mérite d’être revue si l’on veut éviter un drame bis dans le même lieu.
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rnB.S. Diarra
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