‘’Tabascrise’’: Moutons attendent clients, vendeurs pas contents !

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La fête de tabaski, ou encore la fête des moutons pointe à l’horizon. Les moutons sont là en chairs et en os. Mais les clients, jusqu’ à ce jour, ne s’y intéressent pas trop. Les vendeurs sont en proie au désespoir dans certains parcs de vente.

Il est 15 heures lorsque nous nous sommes rendus ce 9 octobre 2012 au parc de moutons de ‘’Koda’’ en Commune IV du District de Bamako. Le site est loin de vibrer de son effervescence d’avant fête. La plupart des vendeurs sont sous leurs stands. La vedette, c’est le thé  qui ne s’interrompt pas. ‘’Tu vois, ici pour le moment, les clients ne viennent pas. C’est pourquoi, on se regroupe autour du thé’’ témoigne un jeune du nom de Younouss Dicko, vendeur. Quelques minutes plus tard, un véhicule 4/4 de couleur noire avec ses vitres de même teint, s’immobilise. A son bord, un militaire. L’homme, en tenue, accompagné de son chauffeur, est à la recherche d’un mouton. Le choix est vite fait. ‘’Et celui-là, c’est combien de francs ?’’ demande le militaire.

‘’45 000 F CFA, à discuter’’ lui réponds son interlocuteur, le vendeur Younouss Dicko. Ils marchandent le prix pendant un bon moment. Finalement, le mouton est cédé à 35 000F Cfa.  Interrogé par nos soins, le militaire n’a pas voulu parler. Sourire aux lèvres, il a répondu: « Je suis de cœur avec vous hein, monsieur le journaliste, mais nous les militaires, on ne peut pas accorder une interview à qui que ce soit sans une autorité hiérarchique ». Avec ces mots, il embarque son mouton et continue son chemin.

Les prix varient selon la qualité des moutons !

Dans ce parc, les moutons sont venus d’un peu partout à l’intérieur du Mali et de la Mauritanie. Ils sont vendus entre 35 000F, 45 000F et 150 000F CFA selon la qualité. La plupart des clients qui achètent pour 45 000CFA et plus sont des fonctionnaires et les hauts cadres de l’Etat. « Les années précédentes, nos meilleurs clients étaient les fonctionnaires et les hauts cadres. Ils venaient acheter souvent  jusqu’à 100 000F ou 150 000F le mouton. Mais cette année, ils tardent à venir » témoigne Abdoulaye Sow, vendeur et secrétaire à l’organisation du bureau des vendeurs de moutons du parc.  ‘’J’aime surtout les moutons de 150 000F à 200 000F CFA !’’

Au fond du Parc, un homme habillé en costume noir et cravate rouge. Il s’appelle Seydou Traoré, agent des Impôts. Il fait le tour des bêtes, il les pince au dos. Quelques instants après, le choix est fait et la discussion du prix se poursuit sous le petit hangar. « Venir acheter un peu tôt, j’ai pensé qu’il le faillait. C’est pourquoi je suis là aujourd’hui. Moi, j’aime surtout les moutons  de 150 000F à 200 000F CFA. Et Dieu merci, je viens d’en avoir à moins de 200 000F, c’est-à-dire à 150 000F » nous confie t-il.

De même, au parc de Lafiabougou à côté du cimetière, c’est la même atmosphère qui règne. Les moutons sont là et les propriétaires sous leurs hangars de fortune. Ici, ces vendeurs sont venus spécialement de Ségou. «Ce sont des moutons que nous avons achetés, élevés pendant environ un an à Ségou. Nous sommes arrivés seulement hier» affirme Nouhoum Traoré, vendeur. Dans ce parc, les moutons sont cédés entre 50 000F et  100 000F CFA.

Au marché des bétails de la zone industrielle, non loin de la direction générale de Shell, ce n’est pas non plus la grande mobilisation. Les prix varient de 25 000 FCFA à 250 000 CFA. C’est ici qu’’’officie ‘’Souleymane Diarra. Arrêté au milieu de ses ruminants, il regarde sans cesse dans les différentes directions avec évidemment l’espoir de voir venir les clients. « Pour le moment il n’y a pas suffisamment de moutons sur le marché. L’année passée, à cette même période, il y en avait beaucoup. On va faire tout pour que la population puisse accéder aux moutons à moindre prix ». Loin de Souleymane Diarra, il n’y a Sidy Maïga. Ce vendeur de mouton pense que cette année est différente des autres. « Compte tenu de la crise qui secoue sur le pays, j’invite la population à acheter  rapidement leur mouton car cette année est différente des années précédentes. Il y a pas suffisamment de moutons sur le marché» conseille –t-il.

Bon marché pour les  vendeurs d’herbes !

Le malheur des uns fait le bonheur des autres, dit-on. Les vendeurs d’herbes se frottent bien les mains. « Il y a beaucoup de propriétaires de moutons qui sont dans le besoin. On a des moutons, la vente est lente et il faut forcement leur donner à manger. Tellement qu’il y a des moutons ici, souvent on est obligé de commander les herbes » nous a confié Samba Sall, vendeur.

« On va chercher ces herbes- là jusqu’à Samaya pour les vendre à 400F CFA le sac de 50kg. Dès qu’on arrive, la vente est vite faite et on est content » affirme le jeune Maïga. Les propriétaires de moutons des parcs ne sont pas les seuls clients des vendeurs d’herbes, il y a aussi les éleveurs à domicile comme le confirme Bakary Kéita : « nous, nous élevons les moutons à domicile cela depuis longtemps. Moi, je suis là seulement pour me procurer des herbes ».

Les temps sont durs dans la plupart des marchés de bétails de la capitale. Il reste à savoir combien de Maliens pourront se procurer le mouton cette année ‘’tabascrise’’ oblige.

Par Ousmane Ballo

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2 COMMENTAIRES

  1. Les gros voleurs d’ATT ont fuit, d’autres ont perdu leur poste, Comment voulez vous une affluence???
    Les nouveaux voleurs comme les CMD , Sanogo et autres militaires grades ne sont pas nombreux pour le moment….il est bien de les circoncrire tres rapidement et les mettre hors d’etat de niure avant qu’ils n’aient de longues dents…
    Un militaire en 4×4 teinte, ‘c’est seulement au Mali qu’on voit ca….un militaire Americain est soit ds un jeep decouvert, soit un camion ou bien on ne le voit meme pas parcequ’il se fait discret…….Au Mali l’armee est pour l’exhibition….chaussures cirees…tenu neuf avec parfun haut de game etc….
    Comment voulez une telle armee d’avoir un coeur de combat??????????

  2. Avoir la volonté d’honnorer cette prescription ne suffit pas, il faut avoir les poches conséquentes.

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