Suspension de l’exportation de la ferraille : La colère des ferrailleurs maliens contre l’Etat

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Le Regroupement des ferrailleurs du Mali (RFM) est déterminé à attaquer l’arrêté interministériel suspendant l’exportation de la ferraille au Mali auprès des juridictions sous-régionales et régionales. Il l’a fait savoir ce samedi lors d’une conférence de presse.

Par un arrêté interministériel, le ministère du Commerce et de la Concurrence, à travers la direction générale du commerce, de la consommation et de la concurrence, a suspendu toute exportation de la ferraille au Mali.

Selon le secrétaire général du GFM, Chérif Bassidiki Haïdara, cette décision est une violation des engagements nationaux et internationaux pris par notre pays. Depuis, le RFM nourrit une intention de porter plainte contre le gouvernement.

“La mesure de suspension étant une restriction quantitative, favorisant un secteur d’activité par rapport à un autre, animé par les personnes les plus vulnérables, non conforme aux textes nationaux, sous-régionaux, régionaux et internationaux, doit être rapportée sans délai, au risque de paiement par le gouvernement des dommages et intérêts aux acteurs du secteur et de plaintes auprès des autorités communautaires sous-régionales et régionales”.

Les raisons évoquées pour appliquer cet arrêté ne sont pas fondées, selon les acteurs du secteur. A en croire le secrétaire général du RFM, l’offre nationale de ferraille est très importante et dépasse largement la demande des unités industrielles. Mieux, la demande nationale est faible et sélective, car elle ne concerne pas l’ensemble de la ferraille.

Des conséquences lourdes

Le dernier recensement des ferrailleurs du Mali, a informé le secrétaire général, a donné comme chiffre 9 800 ferrailleurs sur toute l’étendue du territoire national. Parmi lesquels des gens qui emploient plus de 200 personnes. Cet arrêté interministériel risque de mettre en danger l’emploi de ces milliers de jeunes. Cette situation peut pousser les jeunes à emprunter la voie de la migration.

Cette décision du ministère du Commerce et de Concurrence risque de réduire le revenu de l’Etat. “Il n’y a pas un ferrailleur qui ne paye pas ses impôts. Or, avec cet arrêté, beaucoup seront obligés de mettre la clé sous la porte. Ce qui ne sera pas sans conséquence pour le budget national”, a prévenu M. Haïdara. Depuis l’adoption de cet arrêté, plusieurs camions transportant de la ferraille sont bloqués aux frontières.

Un complot contre les ferrailleurs

Pour les ferrailleurs, la prise et l’application de cette mesure à caractère restrictif pour l’exportation de la ferraille constitue une violation de leurs droits et une violation des engagements tant nationaux, régionaux qu’internationaux par le gouvernement du Mali. Selon le président du RFM, Abdramane Ballo, cette mesure est prise pour plaire à une minorité étrangère au détriment de la majorité nationale du secteur.

Par cette mesure, le département en charge du Commerce et de la Concurrence, à travers la DGCCC, vient confirmer son soutien aux unités industrielles. “Nous ne pouvons pas comprendre que nous soyons informés, pour une décision qui nous concerne directement, à travers la chaine nationale”, a-t-il regretté.

Pour gérer la question de l’approvisionnement en ferraille des unités industrielles au Mali, un protocole d’accord avait été élaboré entre les différentes parties en 2013. Ce document, s’il avait été adopté et mis en œuvre, pouvait éviter la situation qui se présente aujourd’hui. Mais les unités industrielles ont refusé de signer le document, malgré le fait qu’elles aient participé à son élaboration.

A la suite de ce constat, le RFM ne voit qu’un complot orchestré par les unités industrielles et le ministère du Commerce et de la Concurrence contre les ferrailleurs maliens.

Youssouf Coulibaly  

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