Reconnus pour exercer dans un corps paramilitaire, les surveillants de prison ne bénéficient pourtant point d’un statut particulier et autonome comme c’est le cas pour les policiers et les agents des eaux et forêts.
Toute chose qui fait de ces surveillants de prisons de véritables laissés pour compte.
Depuis son installation, il y’a 16 ans, le corps des surveillants des services pénitentiaires et de l’éducation surveillée n’a jusqu’ici, été doté d’un quelconque statut particulier.
Il demeure régi par les statuts de la fonction publique, lesquels s’y sont révélés incompatibles et irrévérencieux. Autrement dit, c’est la fonction publique qui organise le recrutement et la répartition des surveillants de prisons.
Directement inclus dans le statut général de la fonction publique, les surveillants de prison, contrairement à une idée répandue, gagnent moins par rapport à leurs congénères de la police par exemple.
Un responsable syndical de la Maison Centrale d’Arrêt (MCA), nous confirme par exemple, que celui d’un sergent de police touche un salaire mensuel deux fois plus élevé qu’un surveillant de prison.
Aux dires de ce syndicaliste, un statut particulier donnerait aussi aux surveillants de prison une plus grande autonomie de gestion et de décision ainsi qu’une amélioration des conditions de travail.
Par ailleurs, est-il besoin de dire qu’à défaut d’un statut particulier, les surveillants de prison sont taillables et corvéables, à la merci de certains détenus.
Aussi, le fait que le recrutement des surveillants de prison a, de tout temps été dévolu à la fonction publique, n’importe qui peut le devenir. Malgré le fait que la fonction requiert une très grande aptitude physique et morale.
En outre, l’actuel statut (décret 326) ne prend pas en compte certains aspects spécifiques indispensables à la bonne exécution du service au niveau de l’Administration pénitentiaire et l’éducation surveillée.
Conscient de cette pénible situation qui hypothèque son épanouissement, le corps syndical des surveillants de prison a visiblement pris sa destinée en main en égrenant (par le biais d’un mémoire en défense adressé au Ministre du Travail, de la Fonction Publique et de la Reforme de l’Etat), un long chapelet de réformes qui s’imposent.
Au nombre de celles-ci, il faut noter les primes et indemnités, l’ostracisme dont sont victimes les surveillants de prison.
Aussi, aucun agent de cette corporation ne figure dans les sphères de décision, malgré leur grand nombre au sein du personnel du ministère de la Justice.
A cela, il faut ajouter la formation des surveillants de prison ainsi que l’épineux problème du redéploiement, car environ une centaine de premiers cadres du corps des surveillants de prison inspecteurs et contrôleurs confondus, demeurent sans activité réelle depuis quelques années. Cela, pendant que des agents en détachement occupent irrégulièrement des postes censés revenir de droit aux surveillants de prison.
Enfin, le syndicat des surveillants de prison formule le vœu que ses militants soient dotés d’équipements adéquats de travail.
A noter que le surveillant de prison dont la mission de sécurité pour le maintien de l’ordre et de la stabilité publique est sans équivoque, concourt à l’aboutissement des processus judiciaire et sécuritaire de l’Etat.
Rappelons que, ces surveillants de prison, dans leur grande majorité sont composés d’ex-élèves gendarmes qui avaient été radiés de leur corps (pour grève suivre mutinerie) en 1995 par feu Boubacar Sada Sy alors ministre des Forces Armées et des Anciens Combattants. Ils étaient au nombre de 800.
Un an après, le président Alpha O. Konaré prenait la décision de mettre ces 800 élèves gendarmes à la disposition des ministères de l’Administration Territoriale et de la Justice.
Malick Camara