Voilà une affaire qui va rester comme l’une des plaies que la transition n’a pu cicatriser. Il s’agit, en effet, du licenciement, alors que la plupart avaient en main un contrat à durée indéterminée, de 72 personnes par la société canadienne d’exploitation minière Endeavour Mining installée à Tabakoto. En dépit de l’intervention des autorités et des syndicats, les propriétaires de la mine sont demeurés sourds au cri de détresse de ces chefs de famille licenciés. D’où la saisine par ceux-ci de la justice pour faire triompher le droit.
Tout commença le 7 avril 2012, quand la société canadienne Endeavour Mining Corporation (ou SEMICO SA) a signé un accord avec Avion Gold Corporation dans le but de disposer de l’ensemble des actions de cette dernière. Et comme cela est normal après une telle opération, le nouveau directeur général, Daniel Rousseau, diffuse une note, le 8 août 2012, informant les travailleurs que ” cette transaction…permettra à Endeavour Mining de consolider les potentialités de ses acquis au Mali et d’accroître significativement leurrendement “. Et Daniel Rousseau d’ajouter : ” Cette transaction, s’inscrit dans le cadre du renforcement des capacités techniques et financières des avoirs de Endeavour Mining au Mali à travers l’accroissement des investissements, le développement de la technologie et la formation de la main-d’œuvre locale “. Cela avait, d’ailleurs, trouvé que tous les travailleurs avaient déjà eu l’assurance qu’il n’y aura pas de licenciement.
Mais surprise. Le 21 février 2013, les travailleurs ont reçu une autre note d’information leur signifiant que ” tous les droits seront payés demain ” et que cela ” mettra fin à toutes obligations contractuelles entre les salariés de SAER-EMPLOI à compter du 1er mars 2013 “. Et le Directeur Général de poursuivre : ” la direction de SEMICO SA s’engage par contre à reprendre certains travailleurs selon ses besoins “.
Après cette note, 72 agents sont licenciés alors que certains d’entre eux étaient soit en déplacement soit en permission. Quand on sait que le 16 février auparavant, le même directeur Daniel Rousseau, dans une autre note d’information, avait dit ceci : ” Après le départ de SAER-EMPLOI, la Direction générale de SEMICO SA décide d’engager tous les travailleurs qui avaient des contrats SAER-EMPLOI à SEMICO SA. Chacun sera recruté au niveau de sa fonction et de sa catégorie actuelle…Les travailleurs qui sont en congé ou qui sont permissionnaires sont priés de se présenter dès la fin de leur congé ou permission au département des ressources humaines pour des formalités de reprise “.
Qu’est-ce qu’un travailleur pouvait entendre de mieux que ça ? Mais voilà que, par la suite, la Direction de Endeavour Mining n’allait pas respecter ses engagements. Comme déjà souligné : 72 agents licenciés d’un trait de plume et quelques uns d’entre eux repris, quelques jours après, en catimini. La société fera recruter l’Inspecteur du Travail qui était pourtant chargé de la conciliation entre Endeavour Mining et les syndicats défendant les droits des travailleurs licenciés.
Bref, en dépit de tous les conciliabules, une bonne partie des agents n’est toujours pas repris, et cela contrairement aux engagements contractuels. Tant avec SAER-EMPLOI qu’avec la nouvelle société SEMICO SA. Le ministère des mines, celui en charge du travail et les syndicats UNTM et CSTM se sont tous impliqués pour une issue heureuse. En vain. Compte tenu de ce blocage, des agents licenciés sont en train de s’organiser dans le but de défendre leurs droits devant la justice. Ils comptent l’annoncer lors d’un point de presse au cours duquel ils vont demander une réparation du préjudice subi à hauteur de 500 millions F CFA. Et d’engager un collectif d’avocats pour cela.
Une affaire à suivre.
Mamadou FOFANA