Success story : Le rêve de Mah, la tresseuse aux doigts d’or

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Digne descendante de Fakoly, Mme Kanté Mariam Doumbia est une tresseuse bien connue de la place, qui a à son tableau de chasse plusieurs distinctions, au nombre desquelles le prix Africa Nova des tresseuses de la sous-région.

 

C’est tout naturellement qu’elle donna à son entreprise le nom de son ancêtre, Fakoly Doumbia, appelé aussi Manden Fakoly, ce chef de guerre qui permit à Soundjata Kéïta d’étendre sa domination sur l’empire du Mali. «Fakoly Tresses» a pignon sur rue dans la section des tresseuses du marché de Médine, appelée «Koundigui Soukouni».

 

Avec «Fakoly Tresses» Mme Kanté, plus connue sous son sobriquet de Mah, emploie une dizaine de jeunes (filles et garçons), dont certains sont des neveux ou des nièces. Tous sont diplômés sans emplois ou déscolarisés. Ils évoluent qui dans la tresse, qui dans la teinture ou le mélange d’encens. Car, en plus de la coiffure, qui est son cœur de métier, Mariam Doumbia a bien d’autres cordes à son arc.

 

Ainsi, elle vend des accessoires pour marraines de mariées et tout le matériel qui accompagne la nouvelle épouse: pots de fleurs, «dembadjala», «dembatourou», encens… Il y a aussi les tatouages, traditionnels aussi bien que modernes, dont le prix oscille entre 100 et 1 000 FCFA.

 

Quant aux tresses, leurs tarifs varient entre 250 et 10 000 FCFA, pour le «dembakoun» par exemple. Pour ce genre de tresses, les coiffeuses qui sont les plus rapides peuvent se tirer d’affaire avec 7 ou 8 têtes par jour, contre 5 pour celles qui trainent le pied.

 

Le métier de tresseuse, Mme Kanté l’a hérité de sa mère, Djénéba Bambera dite Drago, qui, à son tour, l’avait hérité de sa grand’mère, Mariam Traoré, originaire de Nyamina. Pour Mah, le métier de tresseuse n’a plus aucun secret, qu’il s’agisse des tresses spécifiques des différentes ethnies du Mali, des tresses de la jeune fille adolescente à celles de la jeune mariée, en passant par celles de la jeune femme allaitante.

 

Ou du «Wôrôni», du «Nangarabani», du «Mamoudadjenkè», du «Soungalo Bagayogo», du «Sôkôni», du «Troubafla», du «Bolognè», du «Bolokô», du «Kèssèni», du «Gros Grin» ou de la natte simple et autres tresses tendance. Idem pour le défrisage en douceur, les mises en plis, les montages de chignon, les tirés, les montés, le rasta et le tissage…

 

Vice-présidente de la Chambre des métiers de la Commune II, dont le Président n’est autre qu’El Hadj Mamoutou Soumbounou, Mme Kanté est également formatrice. Sous la houlette de l’ANPE et de la Chambre des Métiers, Mah a déjà assuré la formation pratique et théorique de 30 femmes en 2004 et de 25 autres en 2005.

 

Sans compter celle qui ne cesse de profiter à ses nombreuses nièces et à d’autres membres de sa famille. Elle a déjà fait profiter de son expertise le Centre de Coiffure Gouro Sidibé et de l’Ecole Internationale de Teinture et de Coiffure.

 

C’est à l’occasion de foires internationales que Mah exporte ses services et produits dans le créneau de la coiffure. Les foires internationales, Mme Kanté y a déjà participé à trois reprises en Europe. S’agissant de l’Afrique, Mah a déjà exploré, entre autres, le Sénégal, le Togo, la Côte d’ivoire et le Ghana.

 

Secrétaire à la promotion et à la production de l’Association des Coiffeuses et Esthéticiennes du Mali (ACEM), Mariam Doumbia a un rêve: ouvrir un centre de formation professionnelle pour les jeunes diplômés sans emploi et une boutique de vente d’accessoires et de matériel qui accompagneront les nouveaux mariés. Les plus hautes autorités devraient l’aider à réaliser cette ambition noble.

 

Yaya Sidibé        

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