Success story : Mohamed Diabaté : le cirage mène à tout…

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Il n’y a pas de sot métier, il n’y a que de sottes gens. Ce n’est pas Mohamed Diabaté, plus connu sous le sobriquet de Vieux, qui dira le contraire, lui qui est une illustration vivante de cette sentence populaire.

 

Le petit cireur attitré du journal L’Essor dans les années 1980 qu’il était est devenu, comme on le dit prosaïquement, aujourd’hui « quelqu’un ». Il est, en effet, parvenu à se tailler une place de choix dans le monde des affaires bamakois. A la fois antiquaire et commerçant spécialisé dans la bijouterie artisanale, il collabore avec des hôtels de la place, à l’image l’hôtel Mirabeau situé au Quartier du Fleuve, l’hôtel Mandé et l’hôtel Badala, un établissement se trouvant à un jet de pierre de l’ambassade d’Allemagne sur la rive droite.

 

Sa boutique bien achalandée située à l’intérieur feutré de l’hôtel Mirabeau est une véritable caverne d’Ali Baba sur les berges du Djoliba. On y trouve, pêle-mêle, exposés sous une lumière tamisée, colliers, bracelets, bagues, boucles d’oreilles en argent ou en nickel ou en bois d’ébène. Les amateurs des pierres fines ne sont pas oubliés, car on retrouve les mêmes bijoux en agate, ambre, œil de tigre et autre épidote d’une beauté à vous couper le souffle. S’y ajoutent des boîtes à bijoux, des sacs en cuir pour femme comme pour homme, des tissus traditionnels comme le Bogolan, des porte-clés et autres bibelots en ébène ou en caïlcédrat taillé représentant toutes les espèces de notre faune.

 

A quelques pas de là, précisément en face l’hôtel Appaloosa, Vieux possède une galerie imposante où dominent les pièces d’antiquaire tenue par son fils aîné, Fousseyni Diabaté (25 ans). Les affaires marchent plutôt bien pour l’ancien cireur de L’Essor. Preuve éloquente de ce succès, Mohamed Diabaté, s’est construit deux maisons décentes l’une à Yirimadio qu’il habite lui-même avec sa famille et l’autre à Sénou, mise en location. Cerise sur le gâteau, à 42 ans, Vieux a la charge de 45 personnes comprenant, outre sa femme et ses 8 enfants, des neveux et d’autres membres de la famille élargie à l’africaine.

 

Comme tout self-made man, Vieux est parti de rien. Après des études en franco-arabe au Quartier Mali où réside sa famille paternelle, habité par une soif précoce de se prendre en charge, il commença par les petites bricoles. Les jeudis et dimanches, il allait vendre les sachets de 10 CFA au Grand Marché. Il ne manquait de faire occasionnellement le porte-faix. Avec l’argent acquis, il s’acheta enfin quelques boîtes de cirage et une brosse à reluire.

 

Ainsi débuta pour Vieux une longue carrière de cireur qui le conduira notamment au ministère en charge de l’information au Quartier du Fleuve où siège également le quotidien national L’Essor. Par la force des choses, il devint, pendant 8 ans, à partir de 1983-84, le cireur attitré du personnel de cet organe, Directeur Général de l’AMAP, journalistes et autres agents du ministère, tout le monde a eu recours, plus d’une fois, à ses services.

 

En 1989, la chance lui vint d’une âme généreuse en la personne de M. Ofer, alors responsable de la GTZ, qui, marqué par la persévérance et la combativité du petit garçon, n’hésita pas à lui offrir 150 000 FCFA. Avec cet argent, il achetait des lacets et des chaussures de casse qu’il revendait sur un étal toujours au Quartier du Fleuve, non loin de l’atelier de couture de feu Chris Seydou. Il s’acheta aussi un tableau en Bogolan qui servait de décor à sa petite unité qu’il baptisa du nom de « Mali Dambé ». Un jour de vaches maigres, il en vint à revendre le Bogolan à…15 000 FCFA. C’est ainsi qu’il réalisa, du coup, qu’il pouvait faire de cette activité son gagne-pain. Il se ravitaillait en tissus Bogolan chez Faso Dambé un magasin de vente en gros se trouvant à l’intérieur du Grand Marché de Bamako. Et en statuettes avec Moustapha N’Diaye, un vieil antiquaire de la place. Vieux continua avec le cirage, tout en achetant, petit à petit, le bogolan, les croix de nickel en pendentif et autres objets d’artisanat sortis des mains expertes des artisans du nord. C’est alors qu’avec l’autorisation de la mairie, il a ouvert une petite galerie située en face de l’hôtel l’Appaloosa, tenue aujourd’hui par son fils aîné Fousseyni Diabaté.

 

A l’instar de l’ensemble du secteur de l’hôtellerie, Mohamed Diabaté ressenti de plein fouet les effets de la crise multidimensionnelle que notre pays a connue. Mais grâce à ses relations et à son génie, Vieux arrive à tirer son épingle du jeu. Son exemple doit inspirer les jeunes d’aujourd’hui.

 

Yaya Sidibé             

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4 COMMENTAIRES

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